Une diminution des importations de voitures signifie que le néocolonialisme français a vu ses recettes baisser dans ce secteur

Bonne nouvelle pour La Réunion : baisse de plus de 10 % des importations de véhicules neufs en 2024

4 décembre 2024, par Manuel Marchal

La baisse annoncée de plus de 10 % en 2024 des importations de voitures constitue une éclaircie dans un ciel plombé par la crise à La Réunion. Malgré tout, notre île importera encore cette année deux fois plus de véhicules neufs que Madagascar, un pays 32 fois plus peuplé. Ce qui est considéré par certains comme un signe extérieur de richesse plombe l’économie de notre pays. Ce sont chaque année des centaines de millions d’euros qui partent dans les caisses de sociétés européennes pour financer l’achat de ces véhicules, l’assurance et le paiement de l’énergie, qu’elle soit thermique ou électrique. Par ailleurs, les contribuables supportent la lourde charge de la construction de routes nouvelles, de parkings et de la réhabilitation permanente des routes existantes.

Réunion La 1ere a annoncé hier une bonne nouvelle pour notre pays : « Le marché automobile est en baisse, quel que soit le type d’énergie, thermique, hybride ou électrique. Elle est de 11% depuis le début de l’année, de 20% sur le seul mois de novembre. Pour le seul marché de la voiture électrique, la baisse pourrait être de 21% au 31 décembre en extrapolant les chiffres actuels. ». Cela signifie une diminution d’environ 2 000 voitures importées par rapport à 2023.
Malgré tout, il faut s’attendre à encore plus de 20 000 véhicules importés. C’est un record dans notre région alors que La Réunion compte moins de 900 000 habitants. Madagascar, pays de 31 millions d’habitants, importe en moyenne 10 000 véhicules neufs par an.

Un « pognon de dingue » qui part dans les caisses des Européens

Nul doute que l’accentuation de la crise économique a joué. Le manque d’argent a découragé les acheteurs potentiels, et les familles aisées sont déjà équipées. Pour soutenir la demande de cette classe sociale, l’État a offert d’importantes aides à l’achat. Elles sont en diminution. Comprise entre 5000 et 8000 euros, cette aide financée par tous les contribuables se situera entre 2000 et 4000 euros. Pour bénéficier de l’ancien système d’aide publique, il faut que le véhicule importé ait été commandé avant le 2 décembre pour une livraison le 14 février.
Ce ralentissement des importations de véhicules ne peut que réjouir toutes celles et ceux qui souhaitent le développement du pays. Qu’elles soient thermiques ou électriques, les voitures coûtent un « pognon de dingue » aux Réunionnais. Outre le paiement du véhicule, il faut aussi payer le carburant et l’assurance. Les vendeurs d’énergie ne sont pas des entreprises réunionnaises mais des sociétés basées en France notamment. La Réunion est aussi un marché d’importation juteux pour les constructeurs français et européens qui peuvent y écouler leur marchandise sans payer de droit de douanes. Une diminution des importations de voitures signifie que le néocolonialisme français a vu ses recettes baisser dans ce secteur.

Le contribuable premier financeur du tout-automobile

Ces importations massives coûtent aussi très cher aux collectivités financées par nos impôts. A La Réunion, l’investissement en cours le plus important n’est autre qu’une route en mer. La construction de sa première moitié a valu une ponction de 1,6 milliard d’euros sur les finances publiques. Son achèvement nécessitera au minimum une dépense de 800 millions d’euros. La somme cumulée provisoire représente six fois le coût du train à Maurice, un réseau ferroviaire de 40 kilomètres qui relie les zones les plus densément peuplées, l’Université et la Cybercité.
A cela il faut ajouter la réhabilitation permanente des routes abîmées par le passage de véhicules toujours plus nombreux et plus lourds, compte tenu de la tendance à l’alourdissement des voitures imposées par les normes européennes. Pas question pour un Réunionnais de rouler sur une route avec des nids de poule qui pourraient faire baisser sa moyenne horaire, il faut aux automobilistes de ce pays la même qualité que les autobahn allemandes.
Souhaitons donc que la bonne nouvelle se confirme l’année prochaine avec une nouvelle baisse d’au moins 10 % des importations de ce produit.

M.M.

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Messages

  • Merci pour ces infos récentes, qui montrent cette évolution. J’aurais voulu savoir et pense ne pas être le seul :
    1° Connait-on ne nombre de véhicules circulant actuellement à Madagascar, dans le détail : auto, bus, camion, camionnette, moto, cyclomoteur... ?
    2° Existe-t-il là bas le Contrôle Technique pour tout véhicules à moteur comme en France ?
    2° Existe-t-il un projet de retour du train là bas ? Du temps de la colonisation, oui, il y avait un réseau.
    3° La fin des moteurs thermiques prévue pour 2035 sera-t-elle aussi appliquée à Madagascar ? A Maurice ? A Mayotte, département français, pas la peine de poser la question.

    Le système capitaliste a quelque chose de malsain car il encourage la surconsommation, le gaspillage des énergies, favorise l’individualisme, infantilise les clients, les faisant passer pour des stars, stars, responsables. Faites une expérience : à un carrefour, laisser passer 100 voitures et compter combien transportent plus que le conducteur, certains, sont fiers de passer leur temps dans leur véhicules, vitres fermées, climatisés, souvent en plus de couleur noire, ou très foncée, résigné ? Pas vraiment. Le pire, se sont les SUV qui ne roulent jamais sur des pistes pour lesquels ils ont été conçus mais plutôt des agglomérations. Le comble, il m’arrive de voir des véhicules particuliers ou de société, garés, en plein soleil, moteurs en marche, vitres fermées, et climatisation à fond ! Une véritable hérésie. Moi, à leur place, j’aurais honte. Bonne fin de semaine et vive le retour du train enfin, de Ste Anne à St Joseph, pour le fret aussi. Voilà un bon changement, une révolution ! Arthur qui pédale en attendant, sur son vélo, au milieu des sempiternels bouchons qui s’accroissent.
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