Tram-train : les réactions

Coup de balai sur les critiques politiciennes

10 février 2005

Quand on interroge la population et les élus les plus responsables sur le projet de tram-train auquel travaille la Région Réunion, on n’est pas surpris par les réactions. Notre île tient bien là une solution d’avenir à ses problèmes de déplacements.

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Les plus concernés par le projet de tram-train brillent par... leur silence. La caissière d’un supermarché de Saint-Paul qui se lève chaque matin à 6 heures à Saint-André pour arriver à l’heure à son travail. Le maçon tamponnais qui effectue un chantier à Saint-Denis... La famille dionysienne qui choisit de se baigner le dimanche à Saint-Gilles.
Pour ces personnes, au lendemain de la conférence de presse du président de la Région (lire notre édition de mardi dernier), le tram-train n’est bien souvent encore qu’un vague sujet de disputes politiciennes ; alors qu’elles en seront les premiers bénéficiaires, elles n’en ont parfois qu’une vague idée.

"10 ans, c’est demain !"

Il faut dire que certains politiciens ne font rien pour éclairer notre lanterne : "Projet bidon", "le train Vergès a déraillé", a-t-on entendu récemment sur les ondes d’une radio de la part d’un maire de l’Est, dont on connaît les déclarations à l’emporte-pièce et que peu de gens prennent au sérieux.
Un usager de la voiture (plus exactement : contraint à prendre sa voiture) remet les repères en place : "On entend que c’est pour dans 10 ans (pour 2012 exactement, NDLR). Mais dans 10 ans, c’est demain !"
Et de raconter par le menu le temps perdu actuellement dans les embouteillages : tous les Réunionnais se reconnaîtront dans ce témoignage anonyme, véritable plaidoyer pour un mode de transport en commun rapide, confortable et accessible à tous.

La vérité du débat public

Quant aux élus du Conseil régional, ils balaient énergiquement les critiques politiciennes. "Il y a eu toute une série de prises de positions basées sur une lecture complètement fausse des conclusions du débat public", s’insurgeait ce mardi le conseiller régional Philippe Berne, interrogé par “Témoignages”.
Le vice-président de la Région chargé de l’aménagement et de la recherche nous informe que les organisateurs du débat public sur le tram-train et la route du littoral "ont reçu 888 réponses par enveloppe T pour le débat public. Seulement 14 d’entre elles s’affirmaient contre le tram-train, pour le tout-voiture. Et seulement une carte demandait le TCSP-bus".
C’est-à-dire le “transport collectif en site propre” avec des autobus qui, s’il existait, devrait être décidé par le Conseil général. Or, celui-ci "n’a même pas élaboré le cahier des charges !", note Philippe Berne.

Travailler en bonne intelligence

Et d’insister, à l’instar de Wilfrid Bertile (vice-président chargé de la mobilité) sur l’opposition artificiellement construite entre le tram-train (projet à long-terme) et le TCSP-bus, "qui prendra autant de temps à construire, pour une capacité de transport moindre". Une opposition aussi stérile que politicienne, puisque "le Département lui-même n’est pas en cause", assurait avant-hier Wilfrid Bertile.
Une collaboration harmonieuse est même souhaitable entre les deux collectivités, insistait pour sa part Raymond Mollard, vice-président chargé de l’éducation : "Une invitation a été lancée au Département, pour coopérer afin d’amener au tram-train les gens des écarts par des réseaux locaux : ce sont des travaux complémentaires".
Si la construction d’un tram-train est de la compétence de la Région, l’implantation future de nouvelles voies de transport (bus, taxi...) devra être organisée par le Conseil général ou les communautés de communes. Autant travailler en bonne intelligence, souhaitent les élus régionaux.

Pour les touristes, "c’est LA solution"

Les conseillers régionaux n’ont d’ailleurs pas perdu de temps. "Dès ce mardi, en commission d’appels d’offres, nous avons analysé trois dossiers pour des études hydrologiques et géologiques pour le tracé du tram-train", nous a déclaré Raymond Mollard.
Il y a toute une part d’usagers qui ne s’exprimera pas sur le projet de tram-train mais sera heureuse d’en bénéficier à partir de 2012 : les touristes.
Jocelyne Lauret, vice-présidente du Conseil régional et présidente du Comité du tourisme de La Réunion (CTR), confirme : "La circulation interne à La Réunion est l’un des points négatifs des réactions des touristes. Le tram-train entraînera une amélioration du produit touristique dans l’île. C’est LA solution".
L’amélioration du transport en commun contribuera ainsi à attirer les touristes, ce qui ne se refuse pas lorsqu’on parle bénéfices commerciaux.

L’attente principale : "la rapidité"

Le bonheur des uns rejoindra aussi celui des autres, de tous les Réunionnais dont l’attente principale est "la rapidité", comme le résume Philippe Berne.
Qui pourfend une idée rendue publique récemment par les Verts : "Les Verts veulent un TCSP-bus avec un train express. C’est l’opposé de ce qu’il nous faut ! Ce qui compte pour les usagers, c’est la durée du transport".
Laquelle durée s’allongera avec les changements inévitables entre des lignes d’autobus et un train qui ne fera halte que dans peu de gares. "Ils veulent transplanter mécaniquement les solutions de France", proteste le vice-président chargé de l’aménagement.

Nastassia


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