Devant les hausses record du prix du baril du pétrole brut

Des solutions réunionnaises à l’après-pétrole

17 août 2005

’Cet été est la saison du racket pétrolier’, écrivait récemment le journal “l’Humanité”, en donnant les chiffres : ’Le coût de l’essence a augmenté de 16% en moyenne de juillet 2004 à juillet 2005, et de 20% pour le gazole. En un seul mois, de juin à juillet, le coût de pompe a été de plus de 7%’.
Comme nous le soulignons dans notre éditorial en page 2 et ci-dessus, ces hausses font débat en France. D’autant plus que le prix du pétrole brut va continuer d’augmenter, notamment en fonction de la hausse de la demande. Comme le note “la Tribune”, ’la planète devrait brûler cette année plus de 83 millions de ces barils par jour et 85 millions l’année prochaine’.
Voyons, à partir de données fournies par “l’Humanité”, dans quel contexte international se situe la problématique réunionnaise de l’énergie pétrolière.

1. Le prix du baril de pétrole brut bat des records.
Les analystes financiers lorgnent donc maintenant sur la prochaine barre, celles des 70 dollars. Depuis le début de l’année, le cours du baril WTI a augmenté de 50%.

2. La production est à bloc.
Les derricks de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) fonctionnent à plein régime pour aller chercher l’or noir sous terre. Un or noir qui se transforme en “or” tout court puisque les 11 pays de l’organisation devraient, selon le journal “la Tribune” du 11 août, engranger 560 milliards de dollars en 2005. C’est 35% de plus qu’en 2004.
L’Arabie saoudite, le premier pays producteur du monde, avec 9,5 millions de barils par jour (mbj), devrait empocher 130 milliards. Si l’on considère les seuls pays du golfe Persique, la manne serait de 373 milliards de dollars (en comptant Oman et Bahreïn, non membres de l’OPEP).

3. Les compagnies pétrolières s’engraissent sans le moindre effort.
Le 4 août, le groupe français Total, quatrième firme pétrolière mondiale, annonçait un bénéfice net en augmentation de 44% au premier semestre 2005 par rapport au premier semestre 2004, à 6,3 milliards d’euros. Son profit augmente de 50 % d’une année sur l’autre.
Le groupe texan Exxon Mobil affichait fin juillet un niveau de bénéfice, pour le premier semestre, qu’il n’avait jamais atteint de son histoire. Il a empoché 15,5 milliards de dollars, soit 4,3 milliards de plus qu’en 2004.
Les tendances sont identiques pour les trois autres grandes compagnies mondiales du pétrole que sont Royal Dutch Shell, Chevron Texaco et British Petroleum (BP).

Questions et pistes de solutions

1. Les cours vont-ils continuer à monter ?
Même si l’affirmer avec certitude serait une gageure, il semble que oui. Ils pourraient même dépasser bientôt les 70 dollars le baril. Évidemment, avec une augmentation de 50% depuis le début de l’année, si le rythme est le même, tout le monde pense à la barre des 100 dollars en début d’année prochaine.
Nul ne peut savoir si ce niveau sera atteint, mais il serait synonyme de graves tensions. À 100 dollars le baril, l’économie mondiale en souffrirait. Les conséquences sociales seraient importantes.
Déjà, les compagnies pétrolières répercutent à la pompe la hausse du cours. Dans les industries gourmandes en pétrole brut et raffiné (chimie, électricité, etc.), les directions établissent des plans à court et moyen terme pour compenser la hausse du prix du pétrole sur les salaires.

2. Quels seraient les moyens de contrecarrer les effets de la hausse ?
Les moyens fiscaux peuvent-ils être utilisés par le gouvernement pour que la facture pétrolière ne soit pas payée par les consommateurs ? D’autre part, comment comprendre que les compagnies pétrolières se contentent d’empocher de somptueux profits tout en gonflant les dividendes de leurs actionnaires ? Les augmentations de dividendes en 2004 et 2005 sont la plupart du temps supérieures à 20, 30 ou 40%. Une taxe sur les bénéfices ne serait-elle pas légitime ?
Par ailleurs, il faut savoir que hormis la surchauffe des économies chinoise et américaine, le manque d’investissements des compagnies dans leur capacité de raffinage contribue également à créer des goulets d’étranglement.

3. À plus long terme, doit-on laisser quelques pays, une dizaine au total, s’accaparer une rente aussi énorme au mépris du développement de leurs populations ? Et doit-on laisser les grandes compagnies pétrolières faire la pluie et le beau temps sur la planète ?
De réels efforts doivent être faits en recherche et développement, dès maintenant, pour trouver, à l’horizon de quarante ans, un vrai substitut au pétrole. Le débat énergétique ne fait que commencer dans le monde.
À La Réunion, il a aussi commencé et il doit se poursuivre. Mais parallèlement, des mesures ont déjà été prises par la Région et ses partenaires pour permettre à notre île d’être autosuffisante sur le plan énergétique en 2020. C’est toute la politique exemplaire d’utilisation des énergies renouvelables mise en œuvre par Paul Vergès et l’Alliance.


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