Réunion de l’Association des usagers de la liaison Saint-Denis - La Possession

Des usagers responsables, des citoyens partenaires

3 avril 2006

Samedi dernier, environ 200 personnes ont participé à La Possession à la première réunion-débat organisée par l’Association des usagers de la liaison Saint-Denis - La Possession. Une réunion marquée par la qualité des échanges entre Réunionnais de toutes opinions souhaitant apporter leur participation citoyenne à la solution d’un problème grave et très compliqué créé par l’État.

Des citoyens responsables, voulant être une force de proposition pour résoudre un gros problème d’aménagement du territoire, d’équipement et de déplacements : c’est ce que veulent être les Réunionnais ayant constitué mardi dernier à la Région autour d’Ibrahim Dindar et de ses amis l’Association des usagers de la liaison Saint-Denis - La Possession. Eh bien c’est exactement l’image qu’ont donnée les quelque 200 personnes qui se sont retrouvées samedi après-midi à la mairie de La Possession pour la première réunion de cette association.
En effet, contrairement à ce qu’affirment “le JIR” et “le Quotidien” dans leurs éditions d’hier, la marque principale de cette assemblée n’était pas sa couleur politique ; en plus, elle était multicolore...!
Ce qui ressortait avant tout de cette réunion, c’est la richesse des débats, leur sérénité, leur sérieux. Des propositions extrêmement variées ont été émises par les participants sur les conditions de réouverture de la route littorale, que doit décider le gouvernement (1), et sur les solutions alternatives à cette route, qui ne pourra jamais être sécurisée à 100% dans les conditions actuelles.
En effet, toutes les études actuelles confirment ce que disaient les opposants au choix du lieu d’implantation de cette route il y a un demi siècle : on n’empêchera jamais la conjugaison des lois de la gravité et des mouvements marins de provoquer des chutes de pans de falaise. (2)

Une vision globale

De nombreuses interventions ont montré que dans ce dossier, il faut avoir une vision globale de ce problème. La solution alternative à la route littorale - qui prendra d’ailleurs plusieurs années - ne peut se limiter à un simple “truc technique”, avec une route comme ceci ou comme cela. Sans oublier les problèmes du coût et de la durée nécessaire pour réparer cette erreur capitale de l’État.
Comme l’ont expliqué plusieurs intervenants, il faut lier ce problème à l’aménagement global du territoire, c’est à dire à un équilibre économique, social et administratif entre les différentes régions de l’île, à un équilibre entre les différents équipements portuaires, aéroportuaires etc, à une meilleure proximité entre les lieux d’habitation et de travail, à des liaisons routières de développement, comme la route des Tamarins.
La solution juste à ce problème est aussi inséparable d’une politique durable des modes de déplacements humains et des modes de transports de marchandises. Le fait pour l’État d’avoir supprimé le chemin de fer pour transporter les marchandises et d’avoir imposé le tout-routier se paie très cher aujourd’hui au niveau de cette route, voire ailleurs dans l’île. D’autres moyens de transport des marchandises (marins, aériens...) sont-ils à exclure définitivement ?
De même pour les déplacements humains. Il y a cinquante ans, pour des raisons économiques et politiques, l’État a supprimé un moyen de déplacement collectif, qui jouait un rôle de service public essentiel en matière de mobilité des personnes. Il a privilégié le tout-automobile - coûteux et polluant - au détriment des moyens de déplacements collectifs et des modes de déplacements doux. N’est-il pas temps de changer d’orientation dans ce domaine, comme le fait le projet de tram-train ?

L’état d’esprit de l’association

Plusieurs fois au cours de la réunion, Ibrahim Dindar a exalté l’état d’esprit qui anime les responsables et les membres de cette association : la sérénité, la solidarité, le sens des responsabilités, la volonté de rassembler les Réunionnais dans le respect de leurs différences d’opinions sur la liaison Ouest/Nord. "Les Réunionnais de toutes opinions utilisent cette route littorale, donc tous doivent pouvoir parler et faire connaître au gouvernement comment ils voient une nouvelle liaison, sécurisée, entre La Possession et Saint-Denis ainsi que son financement. C’est le rôle de notre association de favoriser cette réflexion, ces échanges d’idées et cette contribution des citoyens à la prise de décision par l’État", a déclaré l’ancien directeur d’école.
Le maire de La Possession a plaidé dans le même sens : "Réfléchissons ensemble à un nouveau tracé de cette liaison. Que chacun se responsabilise, et ensemble nous trouverons une solution juste à proposer à l’État, sans polémique ni politisation. Pour cela, il faut aussi que notre association soit représentative de toutes les régions du pays". Ce fut le souci des responsables et des participants lors de la désignation des membres du Bureau.
Ibrahim Dindar a conclu les travaux en déclarant : "il faut que nous tous, Réunionnais, nous soyons solidaires les uns des autres pour avancer". L’association devrait tenir prochainement d’autres réunions dans les différentes micro-régions de l’île.

L. B.

(1) Là aussi, contrairement à ce qu’écrit “le Quotidien” dans son titre, il n’y a pas eu une position unanime et simpliste adoptée par l’assemblée pour dire qu’"il faut fermer la route".
(2) En début de séance, l’historien Eugène Rousse a rappelé dans quelles circonstances non démocratiques fut commise cette erreur de l’État dans le choix de l’itinéraire de la route littorale ; nous y reviendrons dans une prochaine édition.


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