Des patrons font planer la menace de prendre en otage la population si la Région Réunion ne répond pas à leur exigence

Didier Robert et l’État seuls responsables des investissements hasardeux des transporteurs

11 février 2022, par Manuel Marchal

L’ex-président de Région, Didier Robert, et l’État, qui a laissé démarrer le chantier de la route en mer sans que les matériaux disponibles pour le mener ne soient disponibles à La Réunion, sont les seuls responsables des problèmes rencontrés par des chefs d’entreprise qui ont cru à la promesse de juteux profits sur le chantier de la nouvelle route du littoral. Mais ces patrons font un chantage à la Région, laissant planer la menace de barrages pour prendre en otage de 850.000 Réunionnais si la promesse irréaliste de Didier Robert n’est pas tenue par d’autres. Pendant que la Région doit faire face à l’héritage désastreux laissé par l’ex-président de Région, Didier Robert a abandonné ces transporteurs en se retirant de la vie politique après sa défaite aux élections régionales.

Des transporteurs ont fait part hier dans la presse de leur mécontentement suite à une déclaration de la présidente de la Région, indiquant en substance qu’un viaduc était une solution plus adaptée que la digue en mer pour construire la seconde partie de la nouvelle route du littoral, compte tenu du manque de matériaux à La Réunion.
Ces transporteurs affirment avoir investi pour acquérir des camions répondant à un cahier des charges précis pour transporter des galets jusqu’à la mer en vue de cette digue. Ce sont environ 200 camions qui ont en effet été achetés, à 200.000 euros pièce. Une grande partie de cette somme a été payée par tous les contribuables, car ces transporteurs bénéficient de la défiscalisation. Or, ces achats ne reposaient que sur une promesse faite par Didier Robert, ex-président de la Région, encouragé dans sa fuite en avant par la complaisance de l’État qui lui donna toutes les dérogations nécessaires pour démarrer le chantier.

Comment ces chefs d’entreprise ont-ils pu croire Didier Robert ?

L’ex-majorité régionale avait en effet choisi une solution technique taillée sur mesure pour ces transporteurs, afin qu’ils puissent réaliser un maximum de profits. On ne peut qu’être étonné de la légèreté avec laquelle des chefs d’entreprise ont pu croire à une telle promesse. En effet, dès la présentation de ce projet, il était évident que La Réunion ne pouvait fournir les matériaux nécessaires à la construction d’une digue en mer devant supporter 6 voies entre la Grande Chaloupe et La Possession.
Didier Robert était lui-même conscient de l’impossibilité de tenir sa promesse, puisqu’il retarda au maximum la décision demandant le début des travaux de cette digue. Ce fiasco se conclut par la résiliation de ce marché.

Rappelons qu’à La Réunion, des transporteurs ont été mobilisés pour soutenir la prise de pouvoir de Didier Robert à la Région en 2010. En novembre 2008 et en juillet 2009, la Région Réunion a été assiégée pendant plusieurs jours par des transporteurs qui avaient pour but de faire croire que la collectivité était mal gérée. Après que Didier Robert eut négocié en 2010 avec le gouvernement le transfert des fonds obtenus par Paul Vergès pour les chantiers du tram-train et de la nouvelle route du littoral sur la route en mer, la solution technique choisie faisait la part belle aux intérêts de ces transporteurs. Il était en effet prévu de jeter dans la mer environ 18 millions de tonnes de matériaux qui devaient être convoyés depuis des carrières distantes de dizaines de kilomètres.

Force est de constater que des participants de ces coups de force impunis par l’État font partie de ce groupe de transporteurs qui croyait avoir flairé le bon filon, et qui se retrouve avec des camions inutiles sur les bras.

Qui est derrière la diversion ?

Comme il fallait s’y attendre, cette promesse n’a pas été tenue. Et dès qu’il fut battu aux dernières régionales, Didier Robert a choisi de raser les murs en annonçant son retrait de la vie politique. Autrement dit, ces transporteurs ne pouvaient plus compter sur le l’auteur de la promesse à laquelle ils ont cru pour les soutenir.
Les seuls responsables des investissements de ces transporteurs sont donc l’ex-président de Région et l’État. Ce dernier a donné les dérogations nécessaires au lancement de ce chantier qui ne pouvait être terminé avec cette solution technique, et a permis à ces patrons de défiscaliser une partie de leurs investissements.
Rendre l’actuelle majorité régionale responsable de leur problème est donc clairement une diversion. Mais qui est donc à la manœuvre ?

M.M.

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