Numéro spécial Route des Tamarins
Edito : La conception du « bien agir politique » diffère entre les deux présidents
23 juin 2020, par
En ce jour de onzième anniversaire de la livraison de la route des Tamarins, la comparaison avec le chantier de la Nouvelle Route des Tamarins apparait bien cruelle pour l’actuel Président de la Région Réunion.
Hormis l’ineffable « tamarin amer » de celui qui a rompu 18 ans de présidence de gauche à la Région, tout le monde reconnait la qualité de la gestion de projet de Paul Vergès, de sa prise de position contre le tracé d’une 2x2 voies sur le littoral Ouest (en tant que membre de l’opposition au conseil municipal de Cassam Moussa à Saint-Paul) à l’inauguration de la route (en tant que Président du Conseil Régional) : 37 km de 2x2 voies, 124 ouvrages d’art réalisés (dont 2 ouvrages d’art non courants et 4 de catégorie exceptionnelle), 4 ans de chantier (6 si on considère les travaux préliminaires), 1,1 milliard d’euros.
Au contraire, Didier Robert semble avoir pris toutes les mauvaises décisions possibles dès 2010. A commencer par la rupture de l’accord de Matignon qui assurait un financement des grands chantiers de La Réunion très favorable au contribuable réunionnais. Ensuite l’abandon du Tram-train, a contrario de toutes les politiques modernes qui favorisent les modes de transport collectif bas carbone. Enfin, le tracé stérile de la route, en mer, en dépit des effets du changement climatique, et alors que cet investissement aurait très bien profité à l’aménagement des hauts de la Possession et de Saint-Denis (comme la route des Tamarins a valorisé les hauts de l’Ouest). Par la suite, le chantier a démarré sans disposer des roches nécessaires aux travaux. Après avoir tenté d’en importer de Madagascar, la Région (avec la complicité administrative de l’État) tente maintenant de forcer la création de carrières envers et contre tous les avis négatifs d’experts, des tribunaux et de la population. Pour finir, la route ne sera pas terminée : la facture s’élève déjà à 2 milliards d’Euros, et la Région est ruinée.
Il faut dire que la conception du « bien agir politique » diffère totalement entre les deux présidents. Prenons l’exemple de la continuité territoriale. Le premier sommait l’État d’assumer ses responsabilités. Et s’il devait dépenser l’argent des contribuables réunionnais, cela aurait été pour un investisse-ment productif : un A380 pour Air Austral qui aurait mécaniquement réduit le coût du billet d’avion Réunion-Paris de -30%. A l’opposé, l’actuel président distribue des bons et finance toutes les compagnies aériennes (y compris mauricienne) à fonds perdus.
Philippe Yée-Chong-Tchi-Kan