Accueil > Mobilite > Mobilités
Embouteillages sous la pluie : La Réunion s’enfonce dans le sous-développement
Conséquence du choix en 2010 d’utiliser l’argent du train pour un projet de route en mer
jeudi 9 novembre 2023, par
Les embouteillages monstres hier à cause d’un simple épisode de forte pluie ont rappelé que La Réunion continue de s’enfoncer dans le sous-développement. C’est le résultat d’une décision prise en 2010 par une poignée d’élus réunionnais avec l’accord de l’État : utiliser l’argent prévu pour reconstruire le train à La Réunion pour le dépenser dans un projet de route en mer au service d’intérêts particuliers : importateurs de carburants, importateurs et vendeurs de véhicules, camionneurs, banques qui financent l’achat de véhicules particuliers. Ce lobby est contrôlé par des sociétés extérieures à La Réunion.
Le changement climatique à pour conséquence une fréquence plus élevée d’événements climatiques extrêmes. En tant que pays tropical, La Réunion a donc un risque plus important de phénomènes climatiques extrêmes liés à sa réalité géographique. Depuis plusieurs années, notre île vit une sécheresse hors-norme qui devient manifestement la règle. Ceci a des répercussions sur la ressource en eau car le système de consommation dans notre île est exactement le même qu’en Europe où le climat est tempéré.
Des intérêts particuliers privilégiés
Mais l’inadaptation de La Réunion à sa réalité ne concerne pas seulement le constat de 180 litres d’eau potable par jour et par habitant. C’est également la quasi-paralysie de la circulation dans un secteur touché par de fortes pluies. C’est ce qu’a rappelé l’épisode pluvieux de ce 8 septembre. Il s’est traduit par d’importants embouteillages.
Ceci n’est pas étonnant. La politique de la mobilité à La Réunion a en effet été orientée selon des intérêts particuliers : importateurs de carburants, importateurs et vendeurs de véhicules, camionneurs, banques qui financent l’achat de véhicules particuliers. C’est ce qu’il ressort en effet du choix en 2010 de stopper le chantier du train, et d’affecter l’argent qui était prévu pour lui à la construction d’une route en mer. Cette décision lourde de conséquences a été prise par une poignée d’élus réunionnais en 2010 : la majorité de la Région Réunion présidée par Didier Robert. Cette décision a été soutenue ensuite par l’État. Un accord signé par Didier Robert et François Fillon, Premier ministre, autorisait l’utilisation de l’argent prévu pour le train dans le projet de route en mer.
Tout-automobile inadapté à la réalité de La Réunion
Compte tenu du fait que la société de consommation est le modèle économique à La Réunion, une telle décision ne pouvait que contribuer à faire exploser le nombre de voitures dans notre île. La Réunion est en effet un petit pays de 2500 kilomètres carrés, dont la moitié de la superficie est sanctuarisée par un Parc national. L’essentiel de la population se concentre sur une étroite bande littorale. En conséquence, le moindre incident sur le réseau routier principal provoque immédiatement des kilomètres d’embouteillage et donc des milliers d’heures de perdues. C’est l’illustration du sous-développement qui s’aggrave à La Réunion, au rythme de l’accroissement sans limite du parc automobile.
Le train absent à La Réunion
Si La Réunion était un pays développé, elle aurait un train. Et avec une politique de la mobilité construite autour de ce transport de masse, nul doute que des dizaines de milliers de Réunionnais ne perdraient pas des heures à la moindre forte pluie. Les Réunionnais pourraient alors compter sur un moyen de transport fiable, rapide, pas cher et écologique.
Mais à cause d’une décision de quelques élus soutenus par Paris, les Réunionnais sont condamnés au sous-développement.
M.M.
Messages
9 novembre, 20:04, par Arthur
Je trouve ce texte très bien écrit, à partager pour faire comprendre la situation actuelle et ce que la Réunion a raté pour le profit d’une poignée d’investisseurs qui au final, sont semble-t-il plus intéressés par le lucre que par un avenir meilleur. Il n’y a jamais eu autant de voitures sur l’île, donc de pollution aussi, sans oublier le bruit, les accidents, les pertes de temps précieux, la consommation -gaspillage des carburants de la SRPP qui en a le monopôle. De plus en plus chers.
Avec un train cette fois-ci électrique, à voie "normale", aussi bien utilisé pour les passagers, touristes, scolaires, gramounes, que pour les marchandises, on ferait d’une pierre plusieurs coups. Comment cela ? Le projet, son étude, les chantiers, les sécurités, les gestions du trafic, l’entretien du parc roulant et des infrastructures, les jeunes diplômés de tout niveau en difficulté de trouver un emploi fixe, à leur niveau, parfois même sous-payés, auraient été ravi, fiers de participer à un très beau projet novateur qui serait félicité. Un modèle, une vitrine pour nos voisins de l’Océan Indien. En train, on peut faire tout ce qui est interdit en voiture, comme manger, dormir, boire, marcher, jouer, regarder des vidéos, téléphoner... Au final quel gâchis en temps, argent, une honte, Arthur qui rêve d’une ligne Ste Rose-St Joseph, avec une méga fête le jour de son inauguration, à St Denis, en gare elle aussi toute neuve ou restaurée, et les deux machines, face à face, une venant d’un terminus et l’autre du second. C’est quand qu’on s’y met ? Bonne fin de semaine et WE, Arthur.
NB : Ne pas oublier d’aller visiter la très belle exposition qui rend hommage au CFR le train lontan aux archives Sudel Fuma à Champ Fleuri, à proximité du Théâtre. TB !
12 novembre, 07:51, par Maillot Joseph Luçay
Dire que La Réunion s’enfonce dans le sous développement est un peu exagéré car notre île est une terre française et européenne et à ce titre nous appartenons à l’ensemble des pays les plus développés où le seuil de pauvreté est de 1000,00 par habitants même s’il y a encore de nombreuses personnes qui n’ont pas plus de 500,00 euros pour vivre .
Mais le niveau de développement d’un pays se mesure en fonction des progrès réalisés dans tous les secteurs de la vie économique et sociale et lorsque certains de ses indices de développement n’avancent pas où reculent il peut être considéré comme un pays sous développé . Et même si nous sommes français et européens, notre île peut être classée dans la catégorie des pays sous développés par rapport au degré de satisfaction de certains besoins primordiaux , notamment les besoins en eau potable , en moyen de transports en commun , en logement décent , en nourriture , en énergie électrique etc ....
Lorsque on n’avance pas on recule et pour sortir de notre situation de développement il nous faut avoir une politique de développement équilibrée qui concerne tous les secteurs de la vie économique et sociale .
Pour les transports en communs , il est urgent de de construire une voie ferrée autour reliant saint Joseph à Saint Rose , ainsi que des téléphérique permettant aux population des hauts de descendre facilement vers les bas pour rejoindre cette voie ferrée.
Pour l’alimentation en eau , il nous faut entreprendre des travaux rapidement pour aller chercher l’eau là ou elle existe en abondance notamment à la sortie de l’usine hydroélectrique de Sainte Rose , dans les hauts de Saint benoit et dans les hauts des cirques de Cilaos ou de Mafate . Ces travaux sont urgents car avec l’accélération du réchauffement climatique le débit des sources vont être insuffisant pendant plusieurs mois de l’année .
Pour l’autosuffisance alimentaire , il faudrait encourager une plus grande diversification des cultures , et permettre le remplacement de la canne à sucre par d’autres cultures telles que le riz et le mais , les cultures de fruits et légumes et l’élevage .
Pour la production d’énergie électrique , il faudrait exploiter toutes les ressource en énergie hydraulique notamment en captant les eaux des crues de nos ravines dans de grandes retenues qui pourront alimenter des usines hydrauliques , encourager la construction d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques , l’exploitation de la géothermie , et de la biomasse ... ;
Enfin , il faut revoir la politique du logement social . Le nombre de logements neufs est insuffisants par rapport aux besoins et ceux qui existent déjà ne sont pas entretenus correctement . Vu la situation actuelle , l’Etat devrait augmenter ses aides au logement que ce soit pour la construction de nouveaux logements ou pour l’entretien des anciens .
Il y a bien sûr d’autres secteurs où il y a du retard à combler notamment dans l’éducation nationale et la santé
14 novembre, 21:01, par Arthur
Je partage à 100% vos remarques, vos idées sont fondées sur une réalité qui risque de s’accroître côté dégâts potentiels qui peuvent survenir si on néglige ou si on persiste à ne rien faire. Pire que l’on fait l’autruche. Fermer les yeux et les oreilles.
Faire de la Politique, c’est normalement penser à la population, son avenir, corriger les erreurs du passé, qu’elles étaient volontaires ou pas par manque de connaissance, symbole d’une volonté forte, courageuse parfois, pour le bien être de tous, offrir des perspectives, bref, les décideurs savent nous séduire quand il faut. Lorsque les idées sont justes, même si parfois les gens les considèrent utopiques au départ, exemple : les congés payés obligatoire ordonnés par le Front Populaire en 1936. Merci Mr Léon Blum, grand fan de Mr Jean Jaurès, philosophe de formation, assassiné lâchement dans un bar à Paris en 1914 je crois, à vérifier. Il faut oser, proposer, avancer car en même temps, le réchauffement lui se poursuit, espérons que cela ne soit pas inexorable pour nous tous, la faune et la flore comprises ! On en dépend ! Arthur qui attend le TER Ste Rose St Joseph enfin !