Amendement ubuesque à la loi de finances 2006

Épée de Damoclès sur la Route des Tamarins

6 décembre 2005

Que dire d’un homme, qui plus est élu, qui peut à lui seul remettre en cause l’avenir de tout un pays ? Agit-on au nom du peuple quand par sa seule action, on menace d’interrompre les grands chantiers routiers qui tentent d’apporter une réponse aux problèmes de circulation rencontrés par tous les Réunionnais ?

Un sénateur, maire d’une commune de l’Est, a déposé ce 30 novembre un amendement à la loi des finances 2006 visant à instaurer une nouvelle répartition du Fonds d’investissements routiers et de transports (FIRT). Un fonds que la Région n’utilise que pour la création de nouvelles voiries, pilier de tous les montages financiers permettant le lancement des grands chantiers actuels pour résoudre les problèmes de circulation. Pierre Vergès, vice-président délégué aux Affaires générales et financières, souligne d’emblée "le caractère ubuesque d’une telle initiative parlementaire".

Un amendement sans logique

Si cet amendement venait à passer avec la loi des finances, samedi prochain, le Conseil régional n’obtiendrait plus que 29% du FIRT contre 59% aujourd’hui, et c’est tout le programme d’investissement routier qui serait remis en cause. Un programme qui, pour être mené à bien, a exigé de la part de la collectivité la plus grande rigueur de gestion. "Au-delà de l’atteinte à l’autonomie financière de la collectivité, les conséquences seraient désastreuses", prévient Pierre Vergès. La perte de ces fonds amènerait la Région à bloquer les réalisations routières, à réduire les aides qu’elle peut accorder dans différents domaines et pèserait également sur la future enveloppe des fonds structurels attribués par l’Europe. La crédibilité de l’État en subirait également les conséquences, puisque la Préfecture assigne la Région à un important investissement routier sur plusieurs années. Aussi, l’amendement lui en retirerait les moyens, alors même que la Direction départementale de l’équipement s’apprête à transférer près de 250 personnes à la Région pour la conduite des travaux importants à venir. Il faut espérer que l’État fera preuve de plus de logique que notre parlementaire local.

7 projets majeurs remis en cause

Le parlementaire, dans son agression politicienne, a-t-il mesuré l’impact de sa proposition sur tout le secteur du Bâtiment et des travaux publics qui serait du jour au lendemain privé de plusieurs chantiers : fin de la Route des Tamarins, fin de la sécurisation de la Route du littorale et du Boulevard Sud, oubliée la déviation de Grand-Bois, la pénétrante de Saint-Joseph, le contournement de Saint-Benoît, exit la modernisation de la route des Plaines et le contournement du Tampon.

Sans FIRT, plus de routes

Philippe Berne, vice-président délégué à l’Aménagement du territoire et à la recherche, explique que si un tel amendement opérait depuis le début des années 2000, il n’y aurait eu ni de déviation de Sainte-Marie, ni de Bras-Panon, ni filets sur la corniche et pas l’ombre d’un Boulevard Sud. Tous ces travaux, et ceux à venir, sont pourtant reconnus par les élus à l’unanimité comme une première priorité. Et les communes concernées par les chantiers à venir ne seraient-elles pas les premières pénalisées ? Vers qui devront-elles alors se tourner ? Mais vers notre parlementaire ! Comment ? Nous ne l’avons pas nommé. Mais il suffit de parler d’Ubu pour le démasquer.

Eiffel


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