Pour une amélioration de la qualité des services offerts par les réseaux actuels de transports collectifs

Etats généraux des mobilités à La Réunion : propositions d’ATR-FNAUT

13 octobre 2023

Au lendemain de la présentation des conclusions de la première phase des Etats généraux de la mobilités à La Réunion, et à quelques jours de la première réunion de l’assemblée citoyenne le 14 octobre, l’association ATR-FNAUT a tenu une conférence de presse pour donner sa position sur ses Etats généraux et faire part de ses propositions.

La Région Réunion a lancé les Etats généraux des mobilités. La première étape - du 8 mai au 23 juillet - vient de se clore avec le rapport intermédiaire des garants de la consultation du public : « Koman nou sa déplas a nou domin a La Rényon » (« caravane des mobilités », « mur des contributions » et « Ronds Kozés »…) Comme d’autres, ATR-FNAUT a appelé de nos vœux ces assises régionales de la mobilité. La deuxième étape est engagée avec la première réunion plénière de l’assemblée citoyenne, ce 14 octobre au Moka à Saint Denis (100 participants dont 70 citoyens tirés au sort).
ATR-Fnaut note que la Présidente de Région a souligné le succès de la participation du public et souhaité que les contributions citoyennes mettent la Région « à l’abri de choix erronés comme il y en a eu si souvent par le passé. ». « C’est un souhait que nous partageons », indique ATR-FNAUT.
« Comme on pouvait s’y attendre, le public largement pénalisé par les bouchons et les retards dans les TC ou les transports décarbonés, n’a évidemment pas réclamé plus de routes et plus de voitures à énergie fossile. Il a “ enfoncé les portes ouvertes ” auxquelles s’attendait la pyramide inversée », ajoute ATR-FNAUT qui fait part aussi de quelques réserves : « mais alors pourquoi, sans attendre les propositions issues de la consultation citoyenne, la Présidente de Région a-t-elle déjà fixé les limites d’une faisabilité financières en promettant la gratuité des cars jaunes en 2024 (la Casud la propose également pour juin 2024), le “ respect de sa parole ” de livrer les 2,5 Km restant de la NRL en 2028 ?

« Un budget contraint »

Quand on sait que l’argent reste le nerf de la guerre, de telles limites vont réduire d’autant la marge de manœuvre de la Région pour répondre à « Koman nou sa déplas a nou domin a La Rényon !!! »
ATR-FNAUT rappelle que « dans la foulée de sa prise de fonction, la Présidente avait publiquement fixé ses limites budgétaires : une capacité d’investissement annuel réduite à 250 millions d’euros (lycées, routes, NRL…) et un engagement pour terminer les 2,5km de NRL (estimé ce jour à 846 millions d’euros partagés pour moitié avec l’Etat) »
Pendant ce temps, une demande régionale d’aide de l’État pour un RER (Réseau Express Régional) a été refusée, l’État n’ayant pas retenu La Réunion parmi les régions bénéficiaires d’une part des 100 milliards d’euros alloués au RER.
« Quelles priorités d’investissement dans un budget contraint ? », interroge ATR-FNAUT. L’association met en avant les données suivantes :
« NRL : 420 millions d’euros sur 5 ans (2028) soit 84 millions d’euros par an. Gratuité des cars jaunes : ± 1 million d’euros par an, soit un total de ±85 millions d’euros par an ». Pour ATR-FNAUT, cela correspond à u tiers du budget d’investissement pendant 5 ans. « Avec un tiers du budget réservé aux lycées, les propositions des Etats généraux de la mobilité peuvent espérer environ un autre tiers du budget ».
« Dans ces conditions quelles sont les priorités techniquement et financièrement réalistes que l’assemblée citoyenne pourrait encore proposer ? », interroge l’association. Elle constate que les financements nationaux et européens sont rares et fléchés vers d’autres priorités en ces temps de guerres : « nous ne pourrons pas obtenir à court ou moyen terme de soutien pour notre futur réseau ferré, ni pour d’autres projets d’infrastructures coûteuses (téléphériques, cabotages, transport aérien...) »
« Le public ne s’y trompe pas en se positionnant majoritairement contre le « tout voiture » et pour l’amélioration des transports en commun. Les efforts des autorités organisatrices de transport peuvent être portés prioritairement sur l’amélioration des réseaux de transports collectifs existants », ajoute ATR-FNAUT.

Améliorer les transports collectifs existants à La Réunion

Dans la seconde partie de sa conférence de presse, ATR-FNAUT a fait part de ses propositions.
Dans le domaine de l’énergie, tout d’abord réserver les aides régionales à la production électrique décarbonée centralisée plutôt qu’individualisée ; cette dernière protège les seuls particuliers aisés des tarifs dérégulés et livre la population aux augmentations à venir des tarifs de l’énergie. Il faudrait des aides au transport collectif décarboné plutôt qu’aux véhicules électriques individuels. Ensuite, désengorger les centres urbains par la location d’auto lib avec voiturettes, confiée à des sociétés privées : selon quelle motorisation (électrique ou à air comprimé) ? Avec parkings d’entrées de villes équipés de panneaux photovoltaïques.
ATR FNAUT propose une amélioration des transports collectifs par des fréquences augmentées et des plages horaires élargies sur des TCSP interconnectés selon les idées suivantes
- Confier à la Région les liaisons rapides interurbaines et aux EPCI les dessertes communales, sans confusion de lignes (avec augmentation de la fréquence et des plages horaires)
- Interconnexion des TCSP des AOM et création des lignes type BAOBAB
- Une ligne express en interurbain autour de l’île, reliant les gares routières, est devenue indispensable.

Evaluer la pertinence de la gratuité

ATR-FNAUT propose également d’évaluer la pertinence de la gratuité des transports en commun avant l’amélioration des services. L’association se base sur un article de Reporterre n°429 du 09/10/23 sur la gratuité des transports collectifs. L’effet d’appel initial peut doubler la fréquentation au début, puis celle-ci stagne à 7 ou 8 % faute d’amélioration des services, qui seule est de nature à fidéliser les usagers.
Enfin, ATR-FNAUT propose de revoir les modalités d’attribution des délégations de service public de transport (DSP de toutes les lignes ou après allotissements, SEMPRO…). Une mise à plat complète de la structuration de nos transports collectifs serait nécessaire pour plus d’efficacité et pour une réelle amélioration.

A la Une de l’actuTrain

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus