Entretien avec Oliver Hatch, responsable de Vélo Mondial

’Faire avancer la cause du vélo, c’est construire une société plus humaine’

27 mars 2006

Oliver Hatch est un citoyen britannique de 56 ans, qui a fondé avec un ami néerlandais, Pascal Van Den Noort, l’organisation Vélo Mondial, qui aide à résoudre les problèmes des déplacements à vélo partout dans le monde. “Témoignages” l’a interrogé au terme du congrès de Cape Town au début de ce mois (voir notre article du samedi 11 mars 2006). Et à la fin de l’interview, il nous a donné rendez-vous au prochain congrès mondial du vélo, qui se tiendra en juin 2007 à Munich en Allemagne sous l’égide de Vélo City. Entretien.

Oliver, quels sont les principaux enseignements que vous tirez de cette Conférence de Vélo Mondial en Afrique du Sud ?

Oliver Hatch : Il faut noter que ce troisième congrès de Vélo Mondial, qui se réunit environ tous les 6 ans, est le premier qui s’est tenu dans un pays du Sud de la planète et plus précisément en Afrique. Or, selon moi, le principal enseignement de cette rencontre internationale à Cape Town, c’est qu’elle a montré toutes les richesses que nous pouvons tirer des échanges entre pays dits développés et pays dits du tiers-monde.
En effet, les échanges très riches et de haut niveau technique, scientifique que nous avons eus, aussi bien dans les sessions plénières que dans les dizaines d’ateliers et forums de discussion durant ces 5 jours, ont illustré à quel point nous avons à apprendre les uns des autres, en particulier pour faire avancer la cause du vélo.
Par exemple, beaucoup de villes et d’autres collectivités africaines ont témoigné des efforts qu’elles accomplissent dans ce sens avec le soutien d’associations d’usagers du vélo ; et les solutions qu’elles ont mises en œuvre pour limiter les déplacements en voiture au profit des déplacements non motorisés peuvent être profitables à d’autres pays, du Nord comme du Sud.
Par ailleurs, cette conférence a confirmé l’importance de plus en plus grande de la cause du vélo dans le monde. C’est un combat qui ne se limite pas à quelques villes ou à quelques pays mais qui est partagé par tous les peuples de la Terre. Ce n’est pas non plus un simple “hobby” de quelques passionnés ou “amoureux du vélo”, c’est vraiment une action essentielle à intégrer à toute politique pour un développement durable.
Faire avancer la cause du vélo c’est construire une société plus humaine, c’est à dire plus cohérente, en meilleure santé, moins coûteuse, dans un cadre de vie moins pollué.

Est-ce que l’usage du vélo progresse dans le monde ?

- Globalement, oui. Dans la plupart des pays sur la planète, il y a une réelle prise de conscience que l’usage du vélo pour se déplacer sur de petites distances pour ses besoins quotidiens est une solution aux problèmes de santé, comme l’obésité et les maladies cardio-vasculaires, aux problèmes créés par l’augmentation du coût des énergies fossiles et aux problèmes provoqués par le réchauffement de la planète lié à l’émission des gaz à effet de serre.

Comment expliquez-vous le très petit nombre de participants à ce congrès venus des pays francophones d’Europe, d’Afrique, d’Amérique et d’Asie ?

- Je ne le sais pas, je n’ai pas d’explication et je regrette beaucoup la faible représentation de ces pays, en dehors de celle de La Réunion. Il s’agit peut-être d’un problème d’organisation. En tout cas, je pense que nous retrouverons les militants francophones de la cause du vélo l’an prochain au congrès mondial de Vélo City à Munich et puis nous ferons le maximum pour qu’ils soient plus nombreux à la 4ème conférence de Vélo Mondial, dont le lieu et la date seront fixés ultérieurement.

Quels sont selon vous les meilleurs moyens pour mettre en œuvre une politique vélo efficace ?

- Je crois que le plus important est de favoriser l’apprentissage du vélo par les enfants à l’école et dans la famille. Le vélo est un moyen d’être libre, autonome, indépendant. Or les enfants adorent être indépendants et c’est pour cela qu’ils aiment se déplacer à vélo. Pour eux, l’usage du vélo est un moyen de devenir autonome, d’apprendre les règles élémentaires de la circulation routière et donc de devenir des citoyens responsables.
Ensuite, il est également très important de continuer à former et à informer les responsables politiques et administratifs à tous les niveaux afin qu’ils connaissent véritablement tous les avantages des déplacements à vélo et qu’ils en tirent ainsi toutes les conclusions dans les aménagements des villes, des régions, des pays mais aussi dans tous les autres domaines de la vie économique, sociale, sanitaire et culturelle.
Il faut enfin que ces acteurs politiques et administratifs travaillent en partenariat avec les associations d’usagers du vélo et avec les professionnels de la bicyclette. Comme l’a montré ce congrès de Vélo Mondial à Cape Town, ce partenariat ne peut que faire avancer la cause du vélo partout sur la Terre pour le plus grand bien de tous les humains.

Entretien : L. B.


Déclaration de Vélo Mondial à Cape Town

Vers le bien-être pour tous grâce à l’usage du vélo

Le congrès Vélo Mondial 2006 rappelle et souligne d’abord trois points :
o 1) le droit de se déplacer à vélo en sécurité est un droit humain essentiel ;
o 2) les déplacements à vélo jouent un rôle déterminant dans la solution à des défis mondiaux comme la réalisation de l’égalité économique, la lutte contre l’obésité et d’autres conséquences directes de l’inactivité physique, la satisfaction des besoins énergétiques, la sauvegarde de la qualité de l’air, la sécurité routière et sociale ;
o 3) l’environnement sur la Terre est détérioré par les émissions de gaz carbonique.

Par ailleurs, le congrès a noté avec satisfaction que la ville de Cape Town et la province du Cap occidental ont décidé d’unir leurs efforts afin de mettre en œuvre un plan pour promouvoir l’usage des moyens de déplacements non motorisés ; elles ont réalisé avec succès un schéma directeur pour le vélo et constitué un Conseil pour les transports non motorisés. Ces 2 collectivités ont reçu les félicitations du congrès pour leur action en faveur de la promotion des déplacements non motorisés.

Les 350 délégués de 41 pays qui ont participé à la troisième conférence de Vélo Mondial à Cape Town en Afrique du Sud du 6 au 10 mars 2006 ont convenu que toutes les sphères de décision politique, toutes les organisations de la société civile et le secteur professionnel doivent d’urgence travailler ensemble pour augmenter la sécurité et les conditions de l’usage du vélo. À cette fin, les délégués demandent que les meilleures pratiques existant déjà soient amplifiées et accélérées afin de créer un avenir meilleur de la manière suivante :
o Récupérer un maximum d’espace public en vue d’améliorer la qualité de la vie.
o Améliorer l’intégration de l’usage du vélo à d’autres secteurs de l’action publique comme la santé, les transports publics, la sauvegarde de l’environnement et le développement économique.
o Faciliter un meilleur accès à un haut niveau technique de la recherche sur l’usage du vélo.
o Garantir un accompagnement politique afin d’augmenter la place des moyens de déplacements non motorisés dans le développement économique et social.
o Programmer l’impulsion et l’encouragement aux villes, quartiers et autres territoires à petite échelle afin de les rendre les plus accessibles à l’usage du vélo.
o Renforcer les capacités des organisations de base et autres associations afin qu’elles participent à la promotion des moyens de déplacements non motorisés.
o Faire participer les acteurs économiques à la politique du vélo pour améliorer la santé des citoyens lorsqu’ils se rendent sur leur lieu de travail.
o Enfin, demander à Vélo Mondial de développer d’urgence des stratégies et des actions avec tous les organismes concernés afin d’assurer la promotion de l’usage du vélo dans les programmes internationaux et d’en rendre compte lors de la prochaine conférence de Vélo Mondial.

En conclusion, le congrès appelle toutes les collectivités et tous les États à investir davantage dans les moyens de déplacements non motorisés plutôt que dans les moyens de déplacements individuels et motorisés.
C’est ainsi que tous ensemble nous irons de l’avant !

Le Cap, le 10 mars 2006.

(traduction : L. B.)


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