Le secrétaire d’État aux Villes Nouvelles et à l’Habitat de Madagascar présente les projets de transports qui restructureront la capitale Antananarivo

Gérard Andriamanohisoa : « Ne pas avoir peur de se moderniser »

24 septembre 2022, par Manuel Marchal

Lors de la visite du téléphérique Papang de la CINOR, Gérard Andriamanohisoa, secrétaire d’État aux Villes Nouvelles et à l’Habitat de Madagascar, a indiqué que les deux lignes de téléphériques prévues dans la capitale font partie d’un plan global intégrant un train urbain. L’objectif est une mise en service de la première ligne de téléphérique en août 2023 pour les Jeux des îles de l’océan Indien, et du train urbain en 2023. La fréquentation visée pour le train et les deux téléphériques est de 80000 voyageurs par jour. Ceci permettra de sécuriser les trajets et de diminuer les embouteillages, à l’origine de pertes estimées à 200 millions d’euros sur 30 ans à Antananarivo.

Gérard Andriamanohisoa, secrétaire d’État aux Villes Nouvelles et à l’Habitat de Madagascar.

Quel est l’objectif de votre visite ?

Gérard Andriamanohisoa : C’est un échange d’expériences. Nous avons un projet de transport par câble à Antananarivo. Avec une équipe de techniciens, nous venons étudier les aspects opérationnels ainsi que les relations entre ce mode de transport et la population. Le téléphérique est en effet un mode de transport nouveau.
Nous allons notamment rencontrer des Malgaches de La Réunion pour savoir comment ils perçoivent et utilisent le téléphérique.
La Réunion est à côté de Madagascar, à une heure et demie de vol. Nous n’avons donc pas besoin d’aller plus loin pour échanger sur cette expérience. Outre la CINOR, la délégation rencontrera également la Région Réunion.

A quelle phase se situe le chantier à Antananarivo ?

Gérard Andriamanohisoa : A Antananarivo, nous sommes actuellement dans la phase de démarrage des travaux. L’ordre de service a été donné, et la construction de la première gare commencera en octobre. Le chantier de deux lignes de près de 13 kilomètres durera entre 18 et 24 mois. Ce sera un des plus grands réseaux de transport par câble du monde. Les deux téléphériques représentent un investissement de 150 millions d’euros, co-financé par l’État, la commune d’Antananarivo et d’autres partenaires. Nous avons calculé que sur 30 ans, les pertes liées aux embouteillages à Antananarivo s’élèvent à 200 millions d’euros.
La gestion du transport par câble sera assurée par une société d’économie mixte incluant notamment l’État et la municipalité de la capitale.

Comment le téléphérique s’inscrit-il dans le réseau de transports à Antananarivo ?

Gérard Andriamanohisoa : C’est un aménagement global d’Antananarivo. Le projet de deux lignes de téléphérique fusionne avec celui du train urbain entre la gare de Soarano et By-Pass, qui doit aussi être mis en service en 2023. Les tracés seront différents, et des correspondances sont prévues. Parallèlement, le chantier de la ville nouvelle a débuté. Nous avons construit l’avenue principale et la cité des ministères commencera bientôt à sortir de terre. Sur les 990 hectares du projet, l’État a déjà acquis la moitié de la superficie.
Concernant le téléphérique, la ligne Orange démarrera d’Anosy, à côté du Carlton et ira jusqu’à la gare ferroviaire en reliant les principaux centres économiques de la capitale ainsi que le Lycée français. L’objectif est une mise en service en août 2023, pour les prochains Jeux des îles de l’océan Indien.
La ligne Verte reliera Anosy à l’Université. Elle désenclavera ce quartier. Actuellement, il faut franchir deux tunnels construits à l’époque coloniale pour relier ces deux points.
Les routes construites à l’époque de la Première République sont difficilement extensibles en raison des expropriations nombreuses que cela nécessiterait. Le transport par câble est donc la solution la plus adaptée.
Avec le train urbain et les deux lignes de téléphériques, l’objectif est de transporter 80.000 personnes par jour, ce qui représente l’équivalent de 40.000 voitures. Cela réduira les embouteillages et la pollution.

Quel est le public visé ?

Gérard Andriamanohisoa : Le tarif du téléphérique sera en dessous d’un euro le ticket. Il correspondra environ au prix d’un litre d’essence à Madagascar. Nous sommes conscients que ce n’est pas à la portée de tous les Malgaches. L’idée est de sécuriser les transports, notamment pour la classe moyenne.
Actuellement, la marche est utilisée pour 70 % des déplacements à Antananarivo. Une des raisons de ce choix est l’incertitude sur les horaires à cause des embouteillages. Ainsi nous proposons une alternative sécurisée, avec des horaires garantis.
Nous allons également mettre en place une politique de gratuité pendant les heures creuses, entre 10 heures et 11 heures 30. Lors de l’ouverture, des tickets seront également distribués auprès d’une population ciblée, notamment les personnes âgées, les étudiants et les universitaires.
En conclusion, je dirai qu’il ne faut pas avoir peur de se moderniser.

Propos recueillis par M.M.

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Messages

  • Très bon projet , mais il ne sera pas efficace si le prix du billet équivaut au prix d’un litre d’essence . Il faudrait que les voyageurs puissent se déplacer gratuitement ou presque .
    Combien coûte un litre d’essence à Madagascar ? actuellement environ 4500 ariary soit 1 euro , c’est beaucoup quand on sait que le SMIG malgache est de l’ordre de 100 euros et qu’il y a beaucoup de gens qui gagnent moins que le smig . Un billet au prix d’un litre d’essence porterait le coût du déplacement par mois à 270000 ariary pour celui qui devrait acheter deux billets par jour, un aller et un retour . Ce qui équivaudrait sur 30 jours à plus de la moitié du smig actuel . c’est beaucoup trop .
    On ne peut pas dépenser la moitié de ce que l’on gagne pour se déplacer . Il vaudrait mieux demander aux gens de payer un peu plus d’ impôt et d’être ainsi solidaires les uns des autres plutôt que de leur proposer un transport public à un prix trop élevé par rapport à leurs revenus .
    En France le transport urbain est gratuit dans de nombreuses communes et cela marche bien . Personne ne paye et il n’est pas nécessaire d’employer des gens pour vendre les billets et pour contrôler les voyageurs. c’est cette solution qu’il faut appliquer à Madagascar et dans tous les pays pauvres .

  • En France, le transport "gratuit" est payé par tous les contribuables via les subventions, ce n’est donc pas gratuit. A Antananarivo, le téléphérique fonctionnera sans subvention. Les ventes de billets couvriront les dépenses. Par ailleurs, dans son interview, Gérard Andriamanohisoa indique ceci :" Nous sommes conscients que ce n’est pas à la portée de tous les Malgaches. L’idée est de sécuriser les transports, notamment pour la classe moyenne.
    Actuellement, la marche est utilisée pour 70 % des déplacements à Antananarivo. Une des raisons de ce choix est l’incertitude sur les horaires à cause des embouteillages. Ainsi nous proposons une alternative sécurisée, avec des horaires garantis.
    Nous allons également mettre en place une politique de gratuité pendant les heures creuses, entre 10 heures et 11 heures 30. Lors de l’ouverture, des tickets seront également distribués auprès d’une population ciblée, notamment les personnes âgées, les étudiants et les universitaires."
    Cela signifie qu’en dehors des plages de gratuité, il existe un nombre d’usagers suffisamment solvables, estimé à 80 000 par jour, pour payer ce prix et faire fonctionner ce mode de transport sans subvention.

  • Vous avez tout à fait raison , les usagers des transports publics payent toujours leur passage même lorsqu’ils n’achètent pas de billet , si le coût du transport est payé par l’argent qu’ils donnent à l’Etat sous forme de taxes et d’impôts divers ; mais beaucoup de citoyens notamment les plus pauvres ne payent pas de taxes et d’impôts et dans ce cas ils bénéficient d’un transport gratuit ou payé grâce à la solidarité de ceux qui payent leurs impôts .

    je pense que les autorités malgaches trouveront bien une bonne solution pour permettre à leurs citoyens les plus pauvres de se déplacer à un prix équitable . Mais dans un pays où la plupart des travailleurs sont payés à moins de 100,00 euros par mois, il me parait difficile de leurs demander de consacrer plus de la moitié de ce qu’ils gagnent pour payer leur déplacement . Car le prix de l’essence est actuellement de 1 euros à Madagascar et ce prix va probablement continuer d’augmenter dans les années à venir ce qui ne sera pas forcément le cas des salaires .

    Quant à la rétrocession des iles éparses à l’Etat malgache , je pense qu’elle ne devrait plus être possible compte tenu du temps écoulé depuis l’indépendance, mais également que la présence françaises dans ces îles sert bien l’intérêt général de tous les pays de la région . Il est possible qu’il y ait des tombes de malgaches sur ces iles éparses mais ce n’est pas seulement sur ce critère que les frontières du monde ont été déterminées lors de la décolonisation . Peut être que la nation malgache serait plus avancée aujourd’hui si la France avait conservé au moment de l’indépendance une partie plus importante de la grande île .
    Au lieu de réclamer à la France la restitution des îles éparses la nation malgache devrait peut être envisager de lui laisser occuper une partie de son territoire sous forme de zone franche qui pourrait très rapidement devenir des locomotives pour le développement économique de tout le pays . Cela a été le cas pour le territoire de Hong Kong pour les chinois .Pourquoi ne pas réaliser la même chose à Madagascar. On ne serait plus dans le cadre de la colonisation mais dans celui d’un codéveloppement économique et social .La proximité de L’ile de la Réunion et de l’ile Maurice qui ne sont plus tout à fait des pays pauvres pourrait être un atout majeur pour la concrétisation d’un tel projet . Et les iles éparses auraient bien entendu leur rôle à jouer dans ce projet de codéveloppement économique tout en restant dans le territoire national français .

  • La totalité des citoyens paient des impôts notamment les plus pauvres car ils s’acquittent de la TVA, première recette fiscale de la France. Donc par ce biais, ils contribuent au "transport gratuit".
    Quand à Madagascar, nul doute que "la nation malgache" serait bien plus avancée aujourd’hui si la France n’avait pas colonisé ce pays.


Témoignages - 80e année


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