Face au monopole du tout-automobile, les plus pauvres limités dans leurs déplacements

L’automobile reflet des inégalités

1er février 2018

L’INSEE a publié hier une étude sur l’équipement en automobile des Réunionnais avec l’année 2014 comme référence. Elle montre une tendance au rattrapage de la moyenne en France alors que La Réunion dispose de bien moins de routes par rapport à sa densité de population. L’étude montre également que l’automobile est un révélateur des inégalités sociales dans notre île. Moins de la moitié des familles au sein desquelles aucune personne ne travaille ne dispose d’une automobile. Voici des extraits de cette étude.

En 2014, 221 000 ménages résidant à La Réunion possèdent au moins une voiture, soit 71 % des ménages. Les ménages réunionnais sont autant équipés qu’aux Antilles. Ils le sont en revanche bien moins que les ménages de province (84 %). Les Franciliens quant à eux ont moins souvent une voiture (67 %), en raison du faible taux d’équipement des ménages résidant à Paris (47 %) : ces derniers profitent en effet d’un réseau particulièrement dense de transports en commun.

L’équipement automobile à La Réunion a beaucoup progressé en 25 ans, en phase avec l’élévation progressive du niveau de vie des Réunionnais. En 1990, seulement la moitié des ménages réunionnais disposait d’au moins un véhicule. L’écart avec la province était alors deux fois plus important. Depuis 2009, l’équipement automobile des ménages marque le pas aussi bien à La Réunion qu’en province.

Avoir un emploi facilite la possession d’une voiture

À La Réunion comme en province, être en emploi motive la possession d’une voiture. Ainsi, le taux d’équipement automobile est de 88 % pour les ménages réunionnais au sein desquels au moins une personne travaille. C’est 40 points de plus que les ménages au sein desquels personne n’occupe d’emploi.

D’une part, avoir en emploi permet de percevoir des revenus stables pour acheter et entretenir un véhicule. La probabilité d’être équipé d’un véhicule est ainsi très forte lorsque le ménage dispose d’un niveau de revenu plus élevé : la quasi-totalité des ménages réunionnais dont la personne de référence est cadre sont véhiculés, contre les trois quarts quand la personne de référence est un employé.

D’autre part, à La Réunion, disposer d’un véhicule est souvent une condition nécessaire pour rejoindre son lieu de travail, surtout lorsqu’on ne travaille pas dans sa commune de résidence. Huit personnes sur dix de 15 ans ou plus en emploi utilisent leur voiture pour se rendre au travail, à La Réunion comme en province. Seuls 6 % prennent les transports en commun (8 % en province).

Or à La Réunion, moins de personnes occupent un emploi qu’en province, ce qui explique une partie de l’écart en matière de taux d’équipement automobile. De surcroît, seulement 48 % des ménages au sein desquels aucune personne ne travaille disposent d’un véhicule à La Réunion. C’est nettement moins qu’en province (71 %). En effet, sur l’île, les ménages sans revenu d’activité sont plus souvent des ménages dont la personne de référence est au chômage et dont le niveau de vie est faible. En métropole, les ménages sans revenu d’activité sont le plus souvent des retraités, plus équipés. Sans revenu d’activité ou pension de retraite d’un niveau suffisant, il est plus difficile de s’acheter une voiture, de l’entretenir et de payer l’assurance. En outre, l’achat d’une voiture neuve coûte plus cher qu’en province (24 % de plus en 2015).

Moins de voitures au Port et dans les communes isolées

En lien avec l’accès à l’emploi et des écarts de niveaux de vie, l’équipement automobile varie fortement selon les communes réunionnaises. C’est à La Possession que les ménages possèdent le plus souvent au moins une voiture (82 % d’entre-eux). Le niveau de vie y est plus élevé (c’est la commune la moins touchée par la pauvreté), beaucoup de ménages sont en emploi (69 % contre 57 % à La Réunion) et davantage de personnes en emploi travaillent dans une autre commune (66 % contre 60 %). L’équipement automobile est également plus élevé dans une commune rurale comme La Plaine-des-Palmistes. C’est aussi le cas aux Avirons, à L’étang-Salé, à Sainte-Marie et à l’Entre-Deux : les ménages y sont plus souvent en emploi et ont un niveau de vie moyen plus élevé.

à l’opposé, moins de deux tiers des ménages sont équipés en automobile dans les communes les plus touchées par la pauvreté, où les ménages sans emploi sont plus nombreux et où la majorité des personnes ayant un emploi travaillent dans leur commune de résidence. C’est le cas au Port (57 % de ménages équipés), ainsi que dans les trois communes rurales isolées de l’île (59 % à Cilaos, 63 % à Sainte-Rose et 64 % à Salazie). Le taux d’équipement est bas également dans les villes de Saint-Benoît et Saint-Louis (respectivement 64 % et 66 %), où les niveaux de vie sont particulièrement faibles.

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