Agence de développement, Electrans, E-Nov

L’échappée technologique du transport alternatif : le vélo électrique

27 février 2008

Il ne roule plus, il vole... Enfin, presque ! Les spécimens de vélo assistance électrique montrés hier à la Maison de la Recherche, des Sciences et Technologies par les sociétés E-Nov et Electrans apportent une alternative performante et durable dans le domaine du transport. Si les collectivités suivent, cette technologie innovante pourrait propulser, depuis La Réunion, un exemple de transport alternatif dans tout l’océan Indien.

Il existe déjà des vélos électriques dans l’île, où le marché est émergent depuis environ 5 ans. Mais les spécimens montrés hier dans la zone de la Technopole, à Saint-Denis, sont d’une technologie beaucoup plus performante. Le projet présenté est le fruit d’une collaboration entre la société E-nov, fabriquant de vélos électriques dans le Var, qui a trouvé un appui auprès de l’Agence de Développement, et la société réunionnaise Electrans, spécialisée dans les véhicules électriques et cherchant pour La Réunion des solutions de productions photovoltaïques. E-Nov est une “start-up” de conception de systèmes de déplacement, indépendante de groupes industriels, qui a reçu le Prix PACA entreprendre 2007.
Ils ont cherché ensemble à promouvoir les déplacements en véhicules électriques et ce concept de vélo à assistance électrique apporte plusieurs réponses.

Léger, puissant, silencieux et non polluant

A première vue, c’est un vélo avec encore un système de transmission (plateaux et pignons) ordinaire, mais avec un moteur électrique intégré à l’essieu de la roue arrière. Le moteur est de 250 watt nominal, le maximum autorisé pour ne pas passer dans la catégorie des cyclomoteurs. Lorsqu’on pédale, le moteur produit une électricité qui va alimenter la batterie à lithium polymère accrochée au cadre, à la verticale, sous le siège. Cette batterie est aussi équipée d’un système électronique qui sert à réguler l’énergie. Sur le guidon, équipé d’un antivol de type Neuman, deux cadrans renseignent sur la vitesse de déplacement et sur le niveau de la batterie, d’une autonomie de 50 kilomètres. Pour recharger la batterie, soit on se présente à une station de recharge solaire, soit on utilise un chargeur branché sur secteur, comme pour nos appareils photos par exemple. La batterie supporte mille cycles de recharge et a une durée de vie relative à l’usage qu’on fait du vélo : à raison de 50 km/jour, elle peut tenir 3 ans et demi.
Le cadre - fabriqué en Chine - est en aluminium, ce qui met le vélo à un poids total de 22 à 26 kilos. Toutes les pièces sont recyclables en fin de vie. Les vélos sont actuellement assemblés en Italie, mais les promoteurs n’excluent pas, dans quelques années, qu’ils puissent être assemblés à La Réunion.

Un vélo adapté à nos reliefs

Pour La Réunion, les fabricants ont testé ses performances dans le trafic urbain, sa résistance à la salinité de l’air et surtout ses capacités à “avaler” des pentes à 17%, avec une résistance dans les montées de plusieurs kilomètres. C’est un mode de déplacement doux, qui ne produit pas de CO2 (contrairement à certains modèles de voitures dites électriques) et qui, par rapport au vélo simple, élimine l’obstacle psychologique lié à la pénibilité des déplacements en vélo. On peut, sur un vélo électrique, faire de longues distances sans trop de fatigue et dans un temps record, sans polluer.
Il est assorti à un système de protection-parking appelé “vélobloc”, qui limite les risques de vol et de vandalisme et qui a été étudié pour résister aux vents cycloniques.
Les “engins” ont été présentés hier à des représentants de la Région et du Comité réunionnais pour la promotion du vélo, entre autres. Il y avait aussi des jeunes de l’Ecole de Gestion, qui ont mené plusieurs études de marché pour ces modèles de vélos électriques.

Penser à la sécurité

Le Comité réunionnais pour la promotion du vélo milite pour faire de La Réunion une « île cyclable », avec un maximum de sécurité. Ses membres ont évoqué cette question de sécurité avec le responsable de la société E-Nov, Eric Gobiet, car au-delà des performances technologiques, ou à cause d’elles, la pratique du vélo électrique est menacée des mêmes “dangers” que celle du vélo ordinaire. « C’est pourquoi, nous travaillons pour commencer essentiellement avec les collectivités locales », a répondu le responsable de la société varoise, expliquant que seules les collectivités ont la possibilité d’introduire la pratique du vélo électrique dans un environnement sécurisé, avec une communication et un accompagnement capables de toucher un large public, depuis les enfants des écoles jusqu’aux utilisateurs privés, en entreprises.
C’est aussi ce que les deux sociétés espèrent opérer ici : entraîner, pour commencer, des collectivités locales, qui y trouveraient une solution de transport doux pour des publics “ciblés”, pouvant ensuite faire entraînement.
Raymond Lauret, représentant la collectivité régionale, a estimé qu’après de longs tâtonnements dans la recherche de mode de déplacement alternatif, avec ces nouveaux prototypes, « nous entrons dans une étape de projection en avant, parce que les pouvoirs publics vont devoir s’impliquer dans l’installation des recharges solaires pour batteries ». Le conseiller régional a aussi évoqué la nécessité « d’obtenir des banques qu’elles fassent pour le vélo électrique le même effort qu’elles ont consenti pour la voiture », en étudiant des formules de prêts aussi avantageux. Une troisième piste serait « d’associer les prestataires sociaux (Assedic, CAF...) à participer au développement de ce mode de déplacement, par des formules de crédits ».
Selon Bernard Tillon, d’Electrans, l’accueil que les collectivités de l’île ont réservé aux promoteurs de cette initiative témoigne d’une excellente réceptivité. Ces promoteurs pensent aussi que le public réunionnais sera « plus réceptif que ce qui a été observé au démarrage en Métropole », a dit Eric Gobiet. A priori, le lancement pourrait s’avérer plus rapide ici.
A leur niveau actuel de technologie, ces vélos coûtent environ 1.400 à 1.500 euros, soit le prix d’un VTT. Ils pourraient voir leur prix baisser avec de nouveaux perfectionnements technologiques, dans quelques années.
Après la sensibilisation des collectivités locales, les promoteurs envisagent une diffusion aux particuliers dans le 2ème semestre de cette année.

P. David


Le Comité Réunionnais de Promotion du Vélo soutient ce projet

Lucien Biedinger, secrétaire du Comité Réunionnais de Promotion du Vélo (CRPV), était présent hier matin à la conférence de presse organisée à la MRST (Maison régionale des sciences et de la technologie) par l’Agence de développement de La Réunion et par les responsables des sociétés qui cherchent à diffuser dans l’île des vélos à assistance électrique (VAE).
Il nous informe que les organisateurs avaient invité le CRPV à la présentation de ce projet et de quelques modèles de VAE. « Nous avons répondu favorablement à cette invitation et notre association était représentée à cet événement par quatre membres de son Comité directeur, dont un des vice-présidents, Raymond Lauret, et par François Sénèque et Pascal Montusclat », écrit-il.
Il ajoute que « le CRPV se félicite de cette initiative de représentants du monde économique. Il les remercie pour cette action ainsi que les collectivités, administrations et entreprises qui les soutiennent dans la mise en œuvre de ce projet. Un projet qui rendra plus facile l’usage du vélo pour se déplacer, notamment sur les itinéraires en pente ».
Il conclut : « je voudrais enfin vous dire que nous souhaitons qu’un tel projet puisse s’inscrire dans le cadre d’une politique globale visant à faire de La Réunion une île cyclable. En effet, en dehors de la difficulté à se déplacer à vélo en montée, bien d’autres obstacles sont à surmonter si nous voulons tous ensemble augmenter fortement le nombre des usagers du vélo. Parmi ces obstacles, il y a la peur devant le manque de sécurité sur les routes, il y a le manque de parkings, il y a le manque d’informations sur les multiples avantages des déplacements à vélo et les préjugés négatifs à ce sujet au niveau des mentalités.
C’est pourquoi il faut fédérer les énergies de tous les acteurs concernés par cette problématique et renforcer les actions pour créer des itinéraires cyclables sécurisés, des parkings-vélos devant les lieux publics, des formations des enfants à l’usage sécurisé du vélo dès l’école, les plans de déplacements dans les entreprises et administrations etc. Le CRPV est à la disposition de toutes les personnes physiques et morales qui veulent travailler ensemble dans ce sens ».


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