Après la réussite du congrès du Club des Villes Cyclables

L’État doit agir davantage pour faciliter l’usage du vélo

23 octobre 2007, par LB

Au cours de son 17ème congrès, qui vient de se tenir à Lyon, le Club des Villes Cyclables a tiré un bilan très positif de l’action menée durant ce mandat municipal par de nombreuses communes et d’autres collectivités avec des acteurs économiques et associatifs pour la bicyclette. L’image du vélo comme moyen de déplacement s’en trouve nettement améliorée. Mais la contribution de l’État à une politique globale pour faire de la France un pays cyclable est encore beaucoup trop insuffisante.

Daniel-Omer Hoarau, Président de l’association réunionnaise Vélo-Vie et trésorier du Comité réunionnais de promotion du vélo.
(photo S.B.)

« C’est une faute ». Tel est le jugement que nous a confié avec beaucoup d’amertume une dirigeante UMP du Club des Villes Cyclables sur le fait que le Ministre des Transports, Dominique Bussereau, n’ait pas répondu à l’invitation à participer au congrès de cette organisation tenu à Lyon du 17 au 19 octobre. Cela aurait pourtant été une bonne occasion pour le gouvernement d’affirmer son soutien à la politique menée par divers partenaires pour favoriser l’usage du vélo comme moyen de déplacement et de s’impliquer à fond dans cette politique.
Le Président du Club des Villes Cyclables, Denis Baupin, a également regretté cette absence du ministre, car les élus de tous bords qui dirigent cette organisation souhaitent fortement depuis près de 20 ans que l’État définisse enfin une stratégie globale en faveur du vélo (voir encadré). Cela est indispensable si l’on veut avoir une politique des déplacements durable, qui privilégie les transports collectifs et les moyens actifs plutôt que le tout-automobile.

Un « maillon essentiel »

Ce congrès était d’autant plus une opportunité pour le gouvernement d’affirmer son engagement en faveur du vélo dans le cadre du “Grenelle de l’Environnement” que ce fut une belle réussite pour ses organisateurs. En effet, près d’un millier de représentants de communes, de communautés d’agglomérations, de régions, de professionnels du vélo, d’administratifs et de militants associatifs ont débattu pendant trois jours sur les avancées de la cause du vélo au cours des 6 dernières années du mandat municipal et sur les moyens de réaliser de nouveaux progrès.
Ce chiffre inespéré - en raison des problèmes liés à la grève des transports et aux questions de calendrier politique - illustre à quel point la bataille du vélo a provoqué un réel changement dans les mentalités de pas mal de décideurs. Ceux-ci commencent à comprendre que le vélo, c’est bien autre chose qu’un “gadget” pour quelques soi-disant “passionnés de la petite reine” pour leurs loisirs, mais plutôt un « maillon essentiel » d’une politique intermodale des déplacements, comme l’affirme Denis Baupin, également adjoint au maire de Paris.

Le vélo, la nuit comme le jour

D’ailleurs, cette évolution des mentalités touche également la population, comme on peut le voir concrètement sur le terrain. Un nombre croissant de citoyens utilisent le vélo pour se déplacer en ville, se rendre à leur travail - même des employés de bureau ou des cadres en costume-cravate, des femmes en robe ou manteau.
De nombreux facteurs expliquent cette présence de plus en plus importante des cyclistes dans les rues des villes, la nuit comme le jour :

- la prise de conscience que l’on ne peut pas rester dépendant de la voiture, un mode encombrant, polluant, néfaste pour la santé et de plus en plus cher avec l’augmentation du coût du pétrole ;

- la constatation que l’usage du vélo est facile, pratique, efficace, agréable, peu coûteux et bon pour la santé ;

- la réalisation d’itinéraires cyclables sécurisés et de systèmes de vélos en libre service comme Vélo’v à Lyon, Vélib’ à Paris etc...

Le renforcement du Club des Villes Cyclables depuis sa fondation (voir encadré)et les succès remportés par l’ensemble des militants de la cause du vélo ont incité ses responsables à proposer une nouvelle dénomination de cette instance, pour rassembler toujours plus de collectivités et d’associations. Proposition adoptée à l’unanimité lors du congrès et qui sera entérinée lors d’une assemblée générale extraordinaire, en septembre 2008, du futur Club des Villes et Territoires cyclables.

L. B.


« Pour une généralisation des double-sens cyclables »

Les élus du Club des Villes Cyclables ont adopté à l’unanimité une motion afin que les autorités intègrent dans l’aménagement de nos villes les nouvelles pratiques pour se déplacer, comme le vélo, « c’est-à-dire faire ce que de nombreux pays en Europe et dans le monde ont déjà fait ».
Cette motion prône le partage de la rue, avec le développement des zones 30 et l’évolution du Code de la route vers un “Code de la rue”. « Désormais, le développement des modes doux et actifs, en complémentarité avec les transports collectifs et l’organisation urbaine, est perçu comme un des aspects les plus importants de la mise en œuvre d’une mobilité durable ».
« Dans ce contexte, il faut donner des signes forts d’encouragement et de développement de ces pratiques nouvelles à l’échelle des villes comme à celles de l’Etat.
Depuis maintenant plusieurs années, un débat a été lancé sur “le code de la rue”, un vrai travail d’analyse et d’élaboration et de propositions a été fait en concertation avec les associations et les services de l’Etat. Le moment est venu de traduire ce travail par l’adoption de plusieurs des propositions qui font consensus. Parmi ces propositions, dans un premier temps, la mise en place systématique de double-sens pour les cyclistes, dans les rues à sens unique (...), marquerait une forte volonté d’intégration de nouvelles pratiques cyclables dans la ville », conclut la motion.


Une association de collectivités pour développer l’usage du vélo

Le Club des Villes Cyclables a été créé en 1999 par 10 villes pionnières (dont Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Lorient...). En janvier 2001, il comptait 450 collectivités adhérentes. En octobre 2007, il regroupe plus de 980 collectivités, dont 2 Régions (l’Ile de France et Rhône-Alpes) et 2 Départements (les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis). Ce mouvement d’adhésion se poursuit et ne manquera pas de se développer lors du changement de la dénomination de l’association en Club des Villes et Territoires Cyclables.
Ce mouvement est « un acteur majeur pour favoriser l’éco-mobilité, pour développer une organisation de l’espace qui réconcilie piétons et cyclistes avec les autres modes de déplacements, pour un meilleur partage de la rue, pour l’aménagement des zones 30 et des quartiers tranquilles, pour l’amélioration de la sécurité des cyclistes et des piétons. (...) Pour être efficace, une politique cyclable ne peut être engagée seule : elle doit s’inscrire dans une politique globale des déplacements et favoriser la mobilité pour tous ».
Le Conseil d’Administration du Club des Villes Cyclables est représentatif de tous les courants politiques des élus qui gèrent les collectivités membres de l’association.


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