Les étudiants et les déplacements

L’importance de développer les transports collectifs

29 mars 2005

À la veille de la décision des élus de la Région sur le projet de tram-train, retour - à travers des témoignages d’étudiants -sur les problèmes de circulation évoqués dans ces colonnes la semaine dernière à partir des travaux de l’AGORAH.

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Samedi dernier, “Témoignages” a publié un article sur le problème de la politique des déplacements à La Réunion, en s’appuyant sur une étude de l’AGORAH (Agence pour l’observation de La Réunion, l’aménagement et l’habitat) montrant l’impasse que constitue le tout automobile. Cette impasse est notamment ressentie dans le monde universitaire. Nous nous sommes rendus sur le Campus de l’Université du Moufia pour interroger des étudiants de la cité internationale sur leurs modes de déplacements.
Leurs propos montrent à quel point il est indispensable et urgent d’améliorer très fortement les transports collectifs, afin de répondre aux besoins de la population. C’est la politique que se propose notamment d’impulser la Région Réunion et pour laquelle les élus auront une décision importante à prendre ce mercredi 30 mars.

o Élodie, 19 ans, 1ère année d’anglais :
"Obligée de prendre le bus"

Grâce à la carte étudiante proposée par le Département, Élodie peut utiliser tous les transports en commun de l’île pour 90 euros par an. Une mesure qui la satisfait, attendu qu’elle n’a pas son permis et qu’elle est "obligée de prendre le bus pour venir de Saint-Pierre".
Avec ses bagages de la semaine, elle avoue toutefois que cela reste une aventure difficile. Elle constate également qu’il arrive souvent que le bus ne s’arrête pas à certaines stations. "L’inconvénient du bus, c’est que l’on sait à peu près quand on part, mais jamais vraiment à quelle heure on arrive. Le trajet est souvent long et fatiguant... Je suis impatiente de passer mon permis".

o Loïc, 20 ans, 1ère année d’anglais :
"C’est épuisant et cela gâche le week-end"

Malgré ses problèmes de stationnement sur le campus, Loïc, également Saint-Pierrois, estime que "la voiture facilite la vie". Ses parents ont fait l’acquisition d’un véhicule neuf pour lui concéder l’ancien et, bien qu’il faille payer une double assurance, prendre en charge les frais d’essence, l’entretien etc., il maintient que "la voiture est plus rentable que le bus".
Et d’expliquer : "L’année dernière, j’étais obligé de prendre le bus pour me rendre à Saint-Denis. Il m’est déjà arrivé de partir à 15 heures d’ici avec mes sacs, pour arriver à plus de 18 heures à Saint-Pierre, sans compter le temps de trajet interne pour rejoindre ma maison. C’est épuisant et cela gâche le week-end. Rien que de l’Université à la gare routière, l’on passe beaucoup trop de temps dans le Citalis. Les bus de Saint-Pierre sont moins nombreux, mais au moins on a toujours de la place assise, à la différence des bus dionysiens. Et puis, c’est impossible de faire des courses en bus. Pour sortir le soir, cela ne me dérange pas, Saint-Denis n’offre pas grand-chose, c’est avant tout une ville administrative et pour les achats. Pour inciter les jeunes à prendre le bus, il faudrait commencer par proposer des dessertes plus régulières et plus sécurisées".

o Marie, 19 ans, 2ème année d’espagnol :
"Beaucoup d’étudiants préfèrent acheter une voiture"
Marie, également de Saint-Pierre, fait le lien entre les deux précédents témoignages. Elle a son permis auto, mais n’aime pas la voiture. "J’ai la chance de pouvoir bénéficier du co-voiturage".
Les problèmes de desserte, de place, de temps de trajet sont des entraves à l’utilisation du bus, qui ne représente pas, pour elle, une alternative à la voiture. "Lorsque j’ai besoin d’aller faire des courses, je préfère faire appel à un ami, car c’est impossible de voyager avec les sachets dans des bus souvent remplis".
Marie constate que les voitures des jeunes conducteurs pullulent sur le Campus et que "beaucoup d’étudiants étrangers préfèrent acheter une voiture d’occasion, quitte à la revendre après leurs études, plutôt que de prendre les transports collectifs. Ils disent qu’ils ne sont pas adaptés, que l’on perd trop de temps dans le bus au détriment du reste, de la découverte de l’île par exemple".


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