Avis de l’association ATR-FNAUT sur la NRL — 2 —

La démonstration de la catastrophe environnementale

6 décembre 2013

Dans la suite de son avis, l’ATR-FNAUT décrit particulièrement l’impact sur les espèces protégées (au titre de l’article L 411-2 du Code de l’Environnement) du projet de route en mer soumis à l’enquête publique, ainsi que son alternative par viaducs sur le même tracé. Voici cette partie, avec des intertitres de « Témoignages ».

Les baleines seront de plus en plus rares à La Réunion si le chantier voulu par Didier Robert est lancé.

« La construction de digues, retenue notamment pour son avantage socio-économique, présente des risques environnementaux différents de ceux du viaduc :

- Modification du biotope de la falaise par recul du front marin

- Développement d’une flore envahissante et faune étrangère à la falaise notamment par la lagune

- Impact par l’extraction et le transport des matériaux depuis les carrières dispersées dans l’ile

- Risque invasif de faune et flore accompagnant une éventuelle importation des matériaux…

Menaces pour les oiseaux

La variante tout viaduc rétablit le caractère marin du pied de falaise (à la condition d’une dépose de la route existante et des filets et gabions) mais présente des risques d’impacts accrus sur les mammifères marins par le battage des nombreux pieux (48 piles * 4 pieux et fois 2 si tout viaduc sur 12 km).

Enfin la NRL elle-même, par son éloignement du pied de falaise, sera plus visible des oiseaux volant vers la mer, à l’approche de la falaise. La pollution lumineuse du flux de milliers de véhicules augmentera l’échouage observé des oiseaux marins et nocturnes en danger d’extinction.

Une autre faiblesse du dossier de demande de dérogation réside aussi dans l’aveu d’une connaissance insuffisante (voir rapport de présentation synthétique - page 11) des effets de l’ouvrage sur des espèces protégées par l’Etat et les traités internationaux (pétrels, cétacés) dont certaines sont en danger d’extinction voire d’extinction critique - comme le pétrel noir de Bourbon (30 couples recensés).

Nous vous proposons d’examiner plus particulièrement leurs risques.

Les risques encourus

Les mammifères marins

La Région conclut :

Grand Dauphin de l’Indo-Pacifique :

«  Enfin, par manque de retours d’expériences suffisants, il n’est actuellement pas possible de déterminer avec certitude si les dérangements temporaires peuvent avoir des effets comportementaux plus longs (espèces désertant la zone de projet plus longtemps ). »

Baleine à Bosse :

« La zone de projet constitue un site de reproduction et de nurserie aussi fréquenté que les zones de Saint-Gilles et de Saint-Leu. »

(…)

« Au final, pour les mêmes raisons que le Grand Dauphin de l’Indo-Pacifique, les impacts après mesures d’évitement et de réduction restent localement forts, mais au regard de l’aire de répartition de cette espèce et de l’ambitieux programme de mesures de réduction puis de compensation, l’état de conservation de la population de cette espèce sera maintenu. »

« L’aire de répartition » dont il est fait mention ici a été choisie délibérément très large (de la zone sud-ouest de l’océan Indien « Madagascar-Mayotte-Réunion » à la zone antarctique) pour mieux noyer la baleine ! Les promoteurs de la NRL semblent considérer comme négligeables tous les efforts faits depuis plusieurs années – y compris les efforts financiers du Ministère de l’environnement et de l’Europe – pour valoriser notre île comme site de tourisme baleinier.

Aucune mesure compensatoire

Une dérogation a pu être donnée au projet de climatisation à l’eau de mer (SWAC) de Saint-Denis sous des conditions drastiques : limitations sonores du chantier, stockage à durée limitée et obligation de suivi (pendant 24 ans) de l’impact sur la faune marine. L’intérêt public majeur découle dans ce cas précis de l’absence d’alternative à un projet d’énergie douce dont le chantier ne peut se faire qu’en mer.

Dans le cas de la NRL, les mesures « compensatoires » n’en sont pas car elles ne remplacent pas l’habitat ou les couloirs de migration des cétacés ; et les suivis des écosystèmes marins et terrestres seront « de 5 à 10 ans après la mise en service » seulement.

Il faut remarquer que le périmètre de sécurité de 800m et celui de protection sonore de 750 m vont au-delà de la zone côtière d’évolution des dauphins de l’ordre de 300 m (de 0 à 60m de profondeur). La nuisance sonore du battage des pieux du viaduc n’a rien à voir avec les nuisances d’un chantier d’éoliennes en mer cité en comparaison par la Région. La zone de battage impacte directement toute la largeur du couloir de circulation des mammifères marins, qui fuiront les 6 à 12 kilomètres de chantier du viaduc. Après 5 ans de chantier marin, qui pourra garantir le retour à moyen terme des cétacés ?

Une solution technique trop risquée

Quant au dispositif de réduction des nuisances sonores par montée en puissance graduelle du battage, par interposition de martyrs, par rideaux de bulles, par confinement en palplanches, il s’agit d’approches encore expérimentales.

Aucune marche arrière ne sera possible en cas d’échec. La preuve en est (et nous sommes avertis) l’annonce par le Maître d’œuvre que certaines procédures d’exécution d’ouvrage ne peuvent être interrompues une fois commencées mais seulement retardées à l’entrée du cétacé dans la zone de protection de 800 m. En cas d’inefficacité du dispositif d’observation et de contrôle, il n’y a aucun recours ni retour en arrière. Pourvu que les dauphins soient instruits de ce « code de la mer » pris à leur intention !

Non seulement les mesures proposées par le chantier réduiront la zone de répartition de l’espèce, ce que reconnait la Région, mais elles ne garantissent pas plus l’innocuité du chantier sur l’espèce elle-même ce que la Région passe sous silence.

Le risque couru s’oppose à la solution technique de pieux battus. »

(à suivre)

Route du littoralDidier Robert

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