
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Les marchés de la NRL — 1 —
27 novembre 2013
Alternatives Transports Réunion ATR-Fnaut a fait une analyse des conditions d’attribution des marchés de digue et viaduc de la NRL (Nouvelle Route Littorale). En voici la première partie.
Lors de l’audience du Tribunal administratif de Saint-Denis sur le recours en référé précontractuel déposé par Eiffage (4ème Européen et 3ème Français avec 14 milliards d’euros de CA) contre le duopole formé des majors européens du bâtiment Bouygues et Vinci (respectivement 33,5 milliards d’euros et 38,6 milliards d’euros de CA), les avocats de ces derniers se sont défendu d’organiser un marché réservé qui placerait La Réunion sous leur contrôle.
Cette entrée en matière « en défense » des majors se comprend. Le duopole Bouygues et Vinci réunit un chiffre d’affaires (plus de 72 milliards d’euros) de plus de 30 fois supérieur aux ressources du Département et de la Région réunis : 2,3 milliards d’euros de budgets primitifs 2013 (Région 0,8 milliard d’euros et Département 1,5 milliard d’euros).
Mais alors, on peut légitimement se demander si la “bergerie” Réunion est capable d’accueillir le “loup” duopole en cas de conflit professionnel demain sur ce marché de la NRL. Pas moins de 5 avocats s’étaient d’ailleurs déplacés au TA pour défendre leur conquête du marché face au recours du challenger Eiffage !
Le Maître d’œuvre EGIS avait-il les mains totalement libres pour protéger les intérêts de son client la Région ? La question se pose lorsque l’on apprend que le bureau d’étude dépendrait des chantiers de Vinci et Bouygues pour plus de 70% de son chiffre d’affaires en études d’exécution. Actuellement chargé par Vinci de ces études, pour plusieurs dizaines de millions d’euros, sur le chantier de la Ligne à grande vitesse (LGV) Tour-Bordeaux, EGIS serait au cœur d’un conflit d’intérêts. En était-il totalement dégagé quand il a conseillé la Région Réunion ? En se lançant dans des projets pharaoniques, La Réunion s’expose aux interdépendances des majors mondiaux du BTP tant en études qu’en travaux.
Après l’audience qui s’est tenue au Tribunal administratif le 21 novembre, plusieurs questions se posent en matière de concurrence.
1- Pourquoi la Région, sûre de son dossier et non moins informée que les Réunionnais du recours d’Eiffage, n’a pas attendu l’issue du référé précontractuel ?
À l’échelle pharaonique de cette opération, il est peu fairplay de demander le rejet du référé sur un motif aussi futile qu’un retard de notification de deux ou trois jours. La polémique des juristes semblait incongrue, car la signature des marchés de Bouygues et Vinci pouvait bien attendre quinze jours, quand ce chantier de 7 ans doit démarrer mi-2014, c’est-à-dire dans 6 mois.
Mais tandis que D. Fournel, vice-président de la Région, dit à la presse (“Quotidien” du 27/10/13) « attendre avec sérénité les motifs du recours » , il prétexte ensuite n’avoir pas été informé par Eiffage de son recours dans le délai formel, pour précipiter la signature desdits marchés. Me Yann Aguila, avocat du requérant, n’est pas seul à soupçonner dans cet empressement une manœuvre visant à compliquer la procédure de référé précontractuel.
2- Pourquoi Bouygues et Vinci ont-ils préféré s’allier ensemble plutôt qu’avec un challenger, Eiffage, quand on sait leur concurrence ici par filiales interposées ?
Alors qu’ils se font une concurrence féroce en Europe sur des projets similaires, leur avocat, Me François Balique, justifie leur alliance sur les 5,4 km de viaduc par la complémentarité technique des deux groupes. Il s’agit, rappelle-t-il, de faire face aux défis « d’une autoroute en mer, à 48 piles, aux fondations profondes de 20 à 30 mètres, dans une géologie sous-marine inconnue, en zone sismique et cyclonique de surcroît ! ».
Pourtant, nul ne doute de la faculté de chacun de nos trois majors à se présenter face à ces défis, en concurrence, séparément sur ce marché, avec leurs cotraitants spécialistes respectifs et la logistique de leurs filiales locales.
En outre, avec le recours indemnitaire de 170 millions d’euros du consortium Tram’Tiss (mai 2013), toujours au TA de Saint-Denis, Bouygues dispose seul d’un atout qui favorise son offre face à la concurrence. Alors, pourquoi partagerait-il cet avantage avec d’autres ? Qu’est-ce qui a poussé Bouygues à se rapprocher de Vinci ? Et Vinci pouvait se rapprocher d’Eiffage contre Bouygues !
3- Pourquoi le groupement Vinci et Bouygues n’a-t-il pas présenté d’offres concurrentes sur la digue, laissant leurs filiales SBTPC et GTOI seules face à un major, Eiffage ?
Alors que nos champions nationaux, Vinci et Bouygues, se défendent « d’assécher la concurrence sur la NRL par leur groupement », comme le leur reproche Eiffage, la Région attribue le marché des 3,6 km de digue au groupement formé par leurs filiales locales respectives, SBTPC et GTOI. Ces filiales n’ont pas choisi de se rapprocher individuellement d’Eiffage pour contrer leur concurrent habituel. En effet, SBTPC pouvait s’allier à Eiffage pour écarter GTOI ; de même, GTOI pouvait conforter sa position en s’alliant à Eiffage.
Bien que l’offre retenue (de SBTPC/GTOI) pour la digue soit plus chère que le viaduc au km, elle a été jugée préférable à celle du groupement d’Eiffage. Ce dernier aurait été contraint d’importer son enrochement massif d’Arabie à cause des prix élevés qui lui étaient proposés sur l’île. Et comme il s’en offusquait, l’avocat de GTOI s’est défendu de toute accusation de manœuvre des carriers contre son concurrent (Eiffage) « puisqu’il n’y a pas de roche massive à La Réunion », a-t-il affirmé à l’audience du TA !
Mais quand même, si le prix élevé est le résultat de l’absence, ou de l’insuffisance de roche massive à La Réunion, et donc de l’obligation d’importation d’Eiffage, alors, où se fournit le groupement GTOI/SBTPC ?
Comment se fait-il que l’obstacle du prix d’extraction des roches n’ait pas joué de la même façon entre les concurrents et que l’un soit contraint d’importer et pas l’autre ? Admettons que le handicap soit partagé, alors, d’où vient l’écart de prix des offres ? Les moyens de transport et de mise en œuvre des roches massives sur les digues ont-ils fait à ce point la différence entre eux ? On ne peut que spéculer…
La lecture du rapport d’analyse du maître d’œuvre EGIS serait riche d’enseignements quant aux sites d’extraction des matériaux choisis dans ou hors du Schéma départemental des Carrières (SDC).
Par ailleurs, Eiffage n’a-t-il pas été canalisé vers l’importation par un cahier de charges du maître d’œuvre EGIS autorisant l’approvisionnement en mer ou hors de l’île, alors que la DUP ne le prévoyait pas ?
Tout cela explique pourquoi SBTPC et GTOI se sont engagés dans une course contre la montre pour obtenir les autorisations d’ICPE (Installation classée pour la Protection de l’Environnement) nécessaires à l’ouverture de carrières nouvelles qui n’avaient pas été listées dans le dossier de DUP…
4- Au final, la Région Réunion a-t-elle bénéficié des meilleures offres, celles économiquement les plus avantageuses, grâce à la mise en concurrence ?
À 132 millions d’euros, le prix du km de viaduc est, contrairement à toute attente, inférieur à celui de la digue vendu à 133 millions d’euros. Eiffage avait présenté un prix inférieur pour seulement 240 mètres de viaduc à la Grande Chaloupe à 129 millions d’euros/km. Mais sur le viaduc principal, son offre qui privilégiait un « accès terrestre » au chantier en mer par débarcadère provisoire aurait été jugée moins intéressante, au point de réduire à néant tout le bénéfice d’un meilleur classement sur les prix.
À cette échelle d’opération pharaonique, on peut aussi s’étonner qu’aucun critère de jugement n’ait été prévu pour départager les offres concurrentes sur leur impact économique et social. Eiffage revendique à ce propos une mobilisation supérieure des emplois et des entreprises locales. L’entreprise suit par là les vœux publics de la Région et de l’État de relancer l’économie et l’emploi par la NRL ! Tout un paradoxe…
Il serait donc aussi intéressant de connaître les avis du maître d’œuvre EGIS, tant sur les prix et les techniques constructives proposées pour le viaduc que sur l’impact économique et social des offres. À ce propos, on ne s’étonnera pas qu’Eiffage proteste de n’avoir toujours pas reçu le rapport motivant le refus de son offre par la Région, suite à sa demande…
À suivre deuxième partie : “ La Réunion, chasse gardée, est-elle l’enjeu des majors du BTP ?”
Alternatives Transports Réunion ATR-Fnaut
Pour le Bureau,
Bruny Payet
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