Alternatives Transports Réunion - FNAUT

La Nouvelle Route du Littoral, un projet « plom-bé »

6 août 2013, par Céline Tabou

A l’occasion d’un point presse, Alternatives Transports Réunion-FNAUT, l’Association pour la Protection de la Petite et de la Grande ravine des Lataniers, et Arcadie avec Jean Pierre Marchau ont tenu à donner leur position commune sur les récentes informations relatives à des changements d’orientation de la Région Réunion concernant le projet de route en mer.

Jean-Paul Panechou a tenu à préciser des points suite « aux charges des défenseurs » de la Nouvelle Route du Littoral (NLR). Ce dernier a tenu à indiquer que «  n otre indépendance politique   est totale » . D’après la note fournie lors de cette conférence de presse, Jean-Paul Panechou a expliqué qu’il «  ne s’agit pas de revanche politique » .

Pour les membres de l’association, la démarche engagée s’inscrit dans une politique d’aménagement du territoire « insulaire, exigu et montagneux ».  «  Nous voulons éviter que La Réunion ne s’enlise davantage dans les erreurs du passé en reliant par la mer les côtes au vent et sous le vent » a-t-il indiqué.

Protéger le patrimoine naturel réunionnais

L’objectif de l’association est de protéger le patrimoine naturel et sa biodiversité, ce qui «  n’est pas de l’écologie irresponsable  face aux contraintes socio-économiques  », notamment lorsque «  le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel CSRPN puis le Conseil National de Protection de la Nature CNPN relaient ces préoccupations devenues universelles  ». Jean-Paul Panechou a dénoncé la criminalisation faite contre les opposants de la NRL, «  face à l’urgence économique et sociale  n’est pas sérieux de la part de ceux qui l’ont ignoré auparavant surtout si ce projet en mer est si peu générateur d’emploi et d’activité locale  ».

Créer en décembre 2012, ATR a depuis organisé une série de conférences (Le Port, Saint-Denis, Sainte-Suzanne, Saint-Louis, Saint-Paul), mais également lancé une pétition, intitulée "Pétition Route en mer - enquêtes publiques : Avis défavorables. Pétition : Pas d’autorisation sur le DPM". Celle-ci a recueilli en quinze jours, près de 188 signatures dont 62 en ligne sur le site internet "pétition publique". Les trois associations dénoncent la période à laquelle l’enquête publique a été lancée, et le délai, qui a été «  réduit pour demander aux 26 collectivités locales d’accueillir des conférences/débats : consultation et organisation, la première quinzaine puis 2 semaines de conférences  ». Lors de ces débats, des «  questions récurrentes ont été soulevées par le public » dont l’emploi, les activités, la sécurité, le coût global, l’environnement, le TCSP, la « greffe urbaine aux 2 extrémités » et entre autres les carrières.

Pour Alternatives Transports Réunion-FNAUT, l’Association pour la Protection de la Petite et de la Grande ravine des Lataniers, et Arcadie, «  comment le rapport des commissaires enquêteurs attendu fin août va-t-il intégrer l’avis du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) et les avis du public ?  », en raison du délai court donné par la Région. Ces derniers se demandent si ce rapport va revoir le projet de NRL et comment, «  quand la Région sans attendre a déjà orienté sa décision et voté un avenant d’étude  » ?

Le «  plan B  » de la Région est un «  plom-bé  »

Pour François Payet, il s’agit d’un « gaspillage d’argent  » et de temps, car «  à vouloir convaincre le CNPN, si la Région envisage déjà la fin du tracé mixte digue-viaduc et finance d’ailleurs déjà les études du tout viaduc ? » et lançant des études opposées, «  si le gouvernement suit l’avis du CNPN comme le suggère la rumeur ». D’autant plus que la Déclaration d’Utilité publique (DUP) «  n’est plus valable selon le Vice-président  de la Région Réunion, puisque l’évolution de la NRL envisagée par la Région devra faire l’objet de modification » . Ces nombreux points évoqués par les associatifs mettent en avant la complexité du dossier de Nouvelle Route du Littoral, dont les expertises et les avis sont défavorables à sa construction.

Pour eux, «  c omment expliquer le retour, sans nouvelle enquête publique, du scénario tout viaduc  », présenté et écarté par la Région lors de la concertation de fin 2011. Le scénario digue et viaduc avaient été préférés par le passé, permettant de justifier l’utilité publique, mais aujourd’hui «  il faudra expliquer aussi en quoi le tout viaduc est aujourd’hui, plus d’utilité publique ». ATR demande une nouvelle enquête publique, « si les évolutions du projet ne sont pas mineures et engagent l’économie globale du projet  ». Celle-ci devra se faire dans l’ensemble des communes et sur une période adaptée à la grosseur des dossiers à consulter, ont-ils précisé.

Autre point exposé par ATR, le dépassement des coûts financiers de la nouvelle route ou un appauvrissement de la NRL. En effet, en cas de dépassement du budget de 1,6 milliard avec «  le tout viaduc », «  il faudra réduire la voilure de 6 voies à 5 voies, voire même peut-être à 4 voies ». D’ailleurs, la construction du TCSP serait «  compromise et la justification initiale de la DUP comme celle d’ailleurs des accords de Matignon 2 risquent fort de tomber  », a précisé François Payet. Pour l’ATR, la NRL est une « impasse » qui demande à de nouvelles études et un redéploiement du budget.

Céline Tabou

Un projet qui a du «  plomb dans l’aile  »

Pour Jean-Pierre Marchau de l’Acardie, le projet de la Région Réunion « a du plomb dans l’aile parce qu’un tel projet sur mer » détruira des espèces rares et remettra en question le patrimoine mondial de l’UNESCO, que possède La Réunion. Ce dernier a dénoncé la suppression du projet Tram-Train et du projet ferroviaire, alors qu’il s’agit de «  la seule solution  », contrairement au tout-automobile. Jean-Pierre Marchau a mis en avant la Directive-cadre européenne sur l’eau qui pourrait donner une dérogation au Conseil régional, s’ « il n’existe pas d’autres solutions que la digue ou s’il n’y a pas de surcoût ». Il est certain, pour ce dernier, que le préfet aura là l’occasion de ne pas donner d’autorisation de construction. Pour Jean-Pierre Marchau, la Région sera « obligée de sortir de ce guêpier », car « il ne peut pas y avoir un discours écolo » , en valorisant les baleines et « construire une route sur mer », qui va détruire de nombreuses espèces et faire fuir les baleines.

C.T.
Vers un Matignon III ?

Le « baroud d’honneur du Conseil régional » est un «  gaspillage d’argent  », a indiqué François Payet. Ce dernier a précisé que la «  sagesse recommande de mettre carte sur table  », car «  on ne pourra pas créer des emplois avec ça  ». L’association souhaite que l’enveloppe budgétaire soit conservée pour permettre de lancer d’autres projets notamment le tram-train. Après Matignon I et II, ces derniers demandent un protocole de Matignon III, qui permettrait de redéployer les 1,6 milliard, « la Région doit prendre position maintenant ». «  Le choix actuel du tracé mixte (digue+viaduc) en mer est une impasse, la Région devrait reprendre à l’étude les scénarios écartés trop vite, plutôt que de s’obstiner dans une direction toujours plus coûteuse et qui retarde encore la livraison de cette route tant attendue », a noté l’ATR. L’association a décidé de poursuivre son cycle de conférences/débats dans toute l’île autour de 4 points : les entrées et traversée de Saint-Denis, le contournement de La Possession, une alternative routière à 2x2 voies, séparée et un TCSP autonome.
Route du littoral

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