La parole aux Réunionnais

27 mars 2007

Le 26 mars s’est achevée l’enquête publique qui donnait la parole aux Réunionnais. Ceux-ci se sont déplacés en nombre dans les mairies des 5 communes qui seront traversées par le tram-train, pour apporter leurs observations. Un premier aperçu révèle qu’une large proportion des contributions approuve le projet du tram-train. 80% approuvent contre 18% qui émettent des avis contraires.
Aujourd’hui et demain, “Témoignages” va rendre compte de ce vaste mouvement qui témoigne de l’intérêt des Réunionnais pour ce projet.
Mais, nous avons aussi voulu donner la parole à ceux du Sud qui militent pour l’extension du tram-train. Le Collectif pour le Développement de la Micro-Région Sud présente un éclairage intéressant et argumenté sur ce que pourrait apporter un tel prolongement de ligne au niveau tant économique que culturel.

Fin de l’enquête publique pour le tram-train

A la Montagne : Une attente plutôt favorable

La 19ème journée de permanence, pour l’enquête publique sur le tram-train, était une des dernières inscrites au calendrier dans le quartier de la Montagne (8ème km). L’enquêteur, Michel Courtois, recevait en mairie ceux qui voulaient donner leur avis sur ce projet.

Le premier fait notable, pour Michel Courtois - qui a déjà 10 à 15 ans de pratique des enquêtes publiques - est l’intérêt que le public a manifesté pour ce projet : en se déplaçant, en demandant à consulter les documents mis à leur disposition en mairie. Il a rarement vu une telle réactivité sur un projet d’aménagement. D’habitude, cela passe plus inaperçu, note-t-il. Dans cette enquête, les habitants se sont déplacés même pour dire leur accord, et même pour le dire succinctement, comme s’ils avaient jugé plus important de le manifester cette fois-ci, alors que dans d’autres enquêtes, la règle du « qui ne dit mot consent » s’applique assez généralement.
A la Montagne, par exemple, l’après-midi du 21 mars, un couple d’environ une soixantaine d’années est venu dire son accord, voire son impatience de voir le train les rapprocher du centre-ville de Saint-Denis. « On a vécu auparavant dans une ville où il y avait un tram. C’est vraiment important de pouvoir laisser sa voiture, aller faire ses courses tranquillement et revenir en ayant évité les embouteillages du centre-ville », dit la femme, pendant que l’homme qui l’accompagne a entrepris de noircir à son tour le cahier tendu par Michel Courtois. Les embouteillages ! Le mot lâché réveille un souvenir cuisant chez l’enquêteur, qui assure également ses permanences au Chaudron, à la Montagne (15ème kilomètre) et au Port. Un jour de permanence au Chaudron, il a mis 5 heures à rejoindre sa destination, venant de l’Ouest. La permanence a été annulée : un comble pour un enquêteur sur un transport en commun en site propre !
Sur la table, deux cahiers étaient disponibles : l’un pour les observations du public sur l’utilité du projet (tracé, nombre de stations, prise en compte de l’environnement...), l’autre sur la compatibilité du foncier et du projet de tram-train. Sur ce deuxième cahier, un seul avis : celui de la SREPEN, association de protection de l’environnement. Sur l’utilité publique, 75 observations ont été faites. Des observations en général favorables, note Michel Courtois. Au 8ème km, c’est la dimension urbaine du projet qui domine, à la différence du 16ème km où l’impact environnemental prend l’ascendant.
« Il est difficile de ne pas toucher à l’environnement dans un tel projet. Pour poser des rails, construire des stations, il faut faire des pistes. Evidemment, ça touche à la nature, et dans certains cas, cela peut être irréparable, comme dans le cas des forêts primaires, des bois endémiques », admet l’enquêteur.
Il est difficile aussi de juger d’un tel projet à partir d’une considération unique, ou d’une localisation unique. Ce sera le travail de synthèse de la commission.
D’une façon générale, l’approche faite par les futurs usagers est pratique : elle compare des distances, des temps de parcours, et si certains, à un temps “T” (celui de l’enquête), peuvent n’y voir aucun intérêt d’un point de vue strictement égoïste - c’est quelquefois consigné comme cela ! -, c’est l’intérêt général et public qui est recherché, et la projection dans le futur - ce que ne prennent pas toujours en compte les observations écrites. D’autres, en revanche, cherchent à être très exhaustifs et passent beaucoup de temps à comparer tous les éléments de l’enquête, pour mieux jauger le projet sous tous ses aspects. Tel cet habitant de la Montagne qui demanda à pouvoir disposer d’une version numérique du projet, trop volumineux pour que l’analyse puisse en être faite en 2 ou 3 après-midi seulement passés en mairie. Ces documents sont en effet accessibles à tout citoyen qui en fait la demande, pendant la durée de l’enquête publique.

P. David

(Photo Toniox)

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