
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Les marchés de la NRL — 2 —
29 novembre 2013
Alternatives Transports Réunion ATR-Fnaut a fait une analyse des conditions d’attribution des marchés de digue et viaduc de la NRL (Nouvelle Route Littorale). En voici la deuxième partie.
Pour savoir si La Réunion bénéficiait de l’offre la plus avantageuse sur la NRL, nous nous sommes interrogés (voir partie 1) sur l’efficacité du jeu de la concurrence. Il s’agit d’un marché type dont se nourrissent les majors européens des TP, Vinci et Bouygues. Leurs filiales décentralisées, comme SBTPC ou GTOI, sont aux aguets sur ces projets exceptionnels. Les majors montent alors au front pour conquérir ces marchés vitaux et rares.
On peut donc craindre naturellement l’effet de dissymétrie entre la Région (budget primitif de 1,5 milliard d’euros) et ces entreprises (chiffres d’affaires réunis de 72 milliards d’euros) sur la maîtrise du marché et l’évolution de son coût. D’ailleurs, depuis le recours en référé d’Eiffage au Tribunal administratif, les articles de presse spéculent sur les mauvaises conditions de la concurrence dénoncées par le candidat malheureux.
Nous retiendrons les principales distorsions de concurrence formulées :
- Suite à l’abandon du tram-train, l’indemnité de 170 millions d’euros pour faire légalement face au recours de Tram’Tiss (Bouygues) — toujours pas instruit — reste non provisionnée par la Région (Le Quotidien du 26/11/13) : la Région anticipe-t-elle un abandon ?
- Eiffage proteste contre « l’examen de son offre (qui) n’a pas été effectué dans des conditions adaptées aux enjeux de ce projet hors du commun » et contre « l’absence de motifs précis » justifiant le rejet de son offre, pourtant la moins chère et la plus créatrice d’activité et d’emploi (le JIR du 26 octobre 2013) : la Région et l’État ne voulaient-ils pas relancer l’économie et l’emploi à La Réunion par la NRL ? Aucun critère d’analyse ne valorisait les offres qui s’y référaient !
- Déclaration d’utilité publique (DUP) acquise et marchés signés, la Région cherche toujours, cependant, avec les attributaires SBTPC et GTOI, de nouvelles carrières pour les enrochements. Or, pour avoir la DUP, celles inscrites au Schéma départemental des carrières devaient suffire… La DUP aurait-elle été donnée alors que les besoins en enrochement étaient sous-estimés et leur disponibilité à La Réunion surestimée ? A-t-on suggéré trop vite leur possible extraction en mer ou leur importation, au risque ensuite d’induire en erreur un concurrent comme Eiffage ?
La chronologie des appels d’offres nous éclaire sur la stratégie adaptée des majors du BTP.
Acte 1 – décembre 2012 : des offres curieusement échelonnées dans le temps
La DUP acquise en mars 2012, la Région lance cinq appels d’offres pour choisir les entreprises :
1- Travaux préparatoires Saint-Denis, Grande Chaloupe, Possession
2- Échangeur de La Possession et sa digue de 350 mètres
3- Viaduc Grande Chaloupe 290 mètres
4- Viaduc Saint-Denis Grande Chaloupe 5,4 km
5- Digues Saint-Denis 3,6 km et digue Possession 2,7 km
Le 12 décembre, elle fixe curieusement la remise des offres de façon anticipée pour les 3 premiers : le 14 mai 2013 pour les lots 1 à 3 et près d’un mois et demi après, le 25 juin 2013, pour les 2 plus gros.
Pour quelle raison ? Sûrement pas pour ouvrir le marché aux PME locales puisque SBTPC, GTOI et Vinci remportent 60%, Eiffage 37% et la PME SAS 3% des 101 millions d’euros de ces 3 premiers lots.
Alors, pourquoi remettre l’offre sur les macros lots un mois et demi plus tard ?
Acte 2 – avril 2013 : candidature commune des deux majors européens
Vinci, candidat malheureux sur le marché du tram-train, ne pouvait rester de nouveau sur la touche. Plutôt que de s’affronter à nouveau, Bouygues et Vinci s’entendent contre le chalenger Eiffage, venu dans l’île pour la route des Tamarins. Si Eiffage consolide sa part du marché insulaire, ce sera en effet durablement à leur détriment. Mais s’il est mis hors course, les deux majors se partagent alors un marché qui atteint, voire dépasse 1,8 milliard, soit l’équivalent d’un tram-train de 900 millions d’euros à chacun.
Acte 3 – mai 2013 : Eiffage est forcé de dévoiler son prix de viaduc
Les offres des trois premiers lots sont connues dès le 14 mai. En remportant le viaduc de la Grande Chaloupe, Eiffage affiche son prix unitaire de viaduc : 37,6 millions d’euros, soit 129 millions d’euros/km. A l’inverse, le groupement des majors locaux attributaires de l’échangeur et de la digue de La Possession peut masquer ses prix stratégiques (digue+viaduc), fusionnés dans une offre globale : 54,7 millions d’euros.
Le mardi 14 mai 2013, la Commission permanente de la Région réceptionne un mémoire quant à la demande d’indemnisation du consortium Tram’Tiss (IPR 14 mai 2013). Un signal ?
Acte 4 - juin 2013 : Bataille ultime des macros lots sur fond de « tram-train fantôme » (Quotidien 26/11/13)
Tout en se portant candidat pour le marché de la NRL, Bouygues rappelle à la Région par un nouveau mémoire du 26 juin, qu’il a déposé en janvier 2012, ce recours en indemnité de 170 millions d’euros, au Tribunal administratif (TA) de St-Denis, avec Tram’Tiss , pour l’annulation du marché du tram-train.
Bouygues et Vinci se devaient de faire une offre plus compétitive que celle d’Eiffage, désormais connue de tous. Pour cela, ils vendent le viaduc (132 millions d’euros/km) paradoxalement moins cher que la digue (133 millions d’euros/km). Or, le maître d’œuvre, EGIS, de la NRL donnait le viaduc plus cher que la digue ! Une telle offre sous-évaluée sur le viaduc n’est donc possible qu’à la condition de pouvoir “se rattraper” en remportant le marché des digues à prix rehaussés.
D’ailleurs, il suffit de comparer l’offre des mêmes SBTPC/GTOI sur La Possession pour se rendre à l’évidence : Si les 350 mètres de digue du lot 2 avaient été vendus aussi au prix de 133 millions d’euros/km du lot 5, alors ces 350 mètres auraient coûté 46,6 millions d’euros. Sur le montant de 54,7 millions d’euros du lot 2 vendu par SBTPC/GTOI, cela ne laisse que 8,15 millions d’euros pour réaliser l’échangeur à trois ouvrages d’art ! Ce qui n’est pas suffisant.
Si Eiffage n’a pas pu être aussi compétitif sur la digue que sur le viaduc, c’est que les carriers lui ont fait des tarifs plus chers qu’aux majors locaux, clients habituels. Une fois poussé vers une solution d’importation des roches massives, Eiffage a donné malgré lui l’assurance recherchée par ses concurrents qu’ils pourraient augmenter sans risque leur prix de digue.
Acte 5 – novembre 2013 : 75% pour les majors, Eiffage cadré à 2% et les PME trompées !
Tout ceci conduit au triomphe du duopole pour un coût du viaduc anormalement bas et une digue trop chère, au point de remettre en cause le choix de la digue devenue moins attractive que le viaduc. Or, le soutien des transporteurs et d’une opinion leurrée par les promesses de création d’emplois risque d’être perdu avec “le tout viaduc” si la Région s’y résignait. Et puis, comment expliquer qu’un seul bout de viaduc, au beau milieu de l’ouvrage, à la Grande Chaloupe, soit confié à un tiers (Eiffage) ?
Ces résultats inattendus et saugrenus expliquent le secret qui pèse sur les marchés au sein de la commission d’appel d’offres. Les élus n’ont eu droit qu’à une simple conclusion du rapport du maître d’œuvre EGIS et n’ont pu effectuer normalement le mandat d’analyse des offres qui leur était confié.
Épilogue
Lorsqu’en décembre 2012, la Région fixe au 14 mai 2013 la remise des offres des deux lots mineurs — viaduc de la Grande Chaloupe (240 mètres) et échangeur de La Possession (avec sa digue) — avant celle des macros lots remis au 25 juin 2013, n’a-t-elle pas « à l’insu de son plein gré » faussé la concurrence ? La Région, conseillée par EGIS, a négligé que cela allait dévoiler les prix de l’entreprise attributaire sur la Grande Chaloupe aux futurs concurrents du viaduc le plus convoité (5,4 km) !
Les majors nationaux Vinci et Bouygues ont simplement tiré profit de cette brèche pour “rafler la mise” et conforter — bien sûr à leur corps défendant — leur contrôle du marché réunionnais, confié à leur filiale SBTPC et GTOI, en marginalisant le challenger Eiffage. La Région, de son côté, n’aura aucun mal à se défendre de tout calcul machiavélique en présentant notamment une inversion chrono-logique des appels d’offres (les petits avant les gros) comme une regrettable erreur de planification.
Alternatives Transports Réunion ATR-Fnaut
Pour le Bureau,
Pascale David et François Payet
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