La révolution verte dans l’automobile :

La Réunion saura-t-elle saisir sa chance ?

26 juillet 2012

L’annonce récente du Ministre des outre-mer, Victorin Lurel, concernant l’expérimentation prochaine, à La Réunion, de l’utilisation de véhicules « propres » construits par Renault, est une excellente nouvelle qui s’inscrit dans le prolongement de la démarche engagée. Un des moyens de l’autonomie énergétique, c’est le renouvellement du parc automobile par des véhicules électriques, et Paul Vergès avait pris contact avec Renault voici quelques années pour proposer que notre île soit un laboratoire de ce nouveau type de véhicule.

En fixant dès 1999 à La Réunion l’objectif stratégique de l’autonomie énergétique à atteindre d’ici 2025, Paul Vergès, alors président de la Région était conscient que ce défi ne pouvait être relevé que par une révolution dans nos modes de déplacements qui représentent actuellement plus de 40% des émissions de CO2. C’est pourquoi la Région Réunion avait inscrit comme investissement prioritaire la réalisation d’un tram-train électrique de Saint-Benoit à Saint-Joseph. Mais il est évident que le train ne peut ni n’a vocation à absorber la totalité des déplacements. C’est pourquoi le renouvellement progressif et intégral du parc automobile par des véhicules propres constituait l’autre priorité décisive pour sortir de la dépendance aux carburants fossiles.

Des tendances lourdes

À La Réunion comme ailleurs, l’enjeu du renouvellement du parc automobile prend en compte les défis environnementaux du nouveau siècle.
L’essor de l’automobile se trouve en effet confronté à trois tendances lourdes :

- la raréfaction des ressources pétrolières (le peak-oil étant attendu vers 2035) ;

- l’augmentation constante du prix du baril donc, du prix du litre à la pompe ;

- la prise de conscience de la nécessité de réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre, pour lutter contre le réchauffement climatique.

La prise en compte de ces facteurs commande une orientation stratégique claire : produire de plus en plus des véhicules hybrides et surtout électriques.
C’est cette orientation qui a conduit le constructeur français Renault à lancer il y a quelques années en Israël la première expérimentation à grande échelle de mise en circulation de véhicules électriques.

La couverture photovoltaïque de la Route des Tamarins

À la lumière de cette expérience, et dans le droit fil de l’objectif de l’autonomie énergétique de l’île, Paul Vergès avait alors pris contact il y a quelques années avec la direction de Renault pour une expérimentation à La Réunion. Le constructeur français avait indiqué son accord de principe et le projet, repris au plus sommet de l’État, avait ensuite été intégré au programme de GERRI à travers le projet « VERT » (Véhicules Electriques pour une Réunion Technologique). Fort de tous ces engagements, Paul Vergès lançait alors des études pour la couverture de la route des Tamarins, et d’autres sites appropriés par des panneaux photovoltaïques, afin d’assurer l’alimentation électrique des futurs véhicules par une énergie propre et renouvelable.
Aussi, l’annonce récente du ministre des outre-mer, Victorin Lurel, concernant l’expérimentation prochaine, à La Réunion, de l’utilisation de véhicules « propres » construits par Renault, est une excellente nouvelle qui s’inscrit dans le prolongement de la démarche engagée.

La Région saura-t-elle saisir l’enjeu stratégique ?

Dans le contexte de crise du secteur automobile, les deux dispositifs annoncés hier par le gouvernement - le recours au grand emprunt pour favoriser la Recherche/Développement dans le domaine des technologies vertes ou l’amélioration du « bonus-malus écologique », qui permet de subventionner la construction de ces voitures électriques et hybrides – montrent que c’est cette voie d’avenir qui a été choisie sur le plan national.
La Réunion peut offrir à l’échelle de son territoire toutes les conditions du déploiement de véhicules électriques alimentées par des énergies renouvelables et propres et fournir à l’industrie automobile française la démonstration de nouvelles perspectives de développement.
Mais pour ce faire, il est impératif que la Région Réunion rétablisse réellement la priorité qui avait été conférée à l’objectif d’électrification du parc automobile et que des projets telle que la couverture de la route des Tamarins par des panneaux photovoltaïques qui ont été supprimés, soient relancés.
La direction actuelle de la Région saura-t-elle en saisir l’enjeu stratégique ?

A.P.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus