ATR-FNAUT et le projet de carrière à Bois-Blanc

La route en mer : comment sortir de l’impasse ?

25 juillet 2018

Alternative Transport Réunion-FNAUT a tenu hier une conférence de presse à Saint-Leu au sujet d’une actualité brûlante : le projet de carrière de Bois-Blanc. Ce projet découle de la volonté de construire une digue en mer entre La Possession et la Grande-Chaloupe pour y faire passer une route. Il suscite une large opposition pour des questions environnementales et sanitaires.

Pour ATR-FNAUT, en trois ans, la preuve est faite : les populations concernées et leurs élus des communes de Saint-Leu, des Avirons et de l’Etang-Salé sont opposés au projet de carrière à Bois Blanc.
« Les commissaires enquêteurs émettront-ils un avis favorable à son ouverture contre l’avis de la population pour se conformer à l’attente des « premiers de cordée » et majors du BTP ? », demande l’association qui rappelle la chronologie :

Première enquête publique (juin 2015) : avis négatif du commissaire enquêteur demandant de repenser le projet.

Deuxième enquête publique (septembre 2016) : sa validité est remise en cause en décembre 2017 par le Conseil d’État qui conteste le rôle ambigu du Préfet à la fois juge et partie (initiateur de l’enquête publique et en charge de l’évaluation environnementale).

Le Préfet arrête la création d’un P.I.G. (juillet 2017).

Concertation préalable à la mise en conformité du P.L.U. de Saint-Leu (avril 2018).
La Cour d’appel de Bordeaux annule la modification en 2014 du S.D.C. de 2010 (mai 2018). Elle demande une étude d’impact d’ensemble du fait de l’importance de la modification qui déstabilise globalement le marché des granulats et l’environnement. C’est donc deux ans de révision…

Troisième enquête publique (juillet 2018)

Vers une pénurie ?

Le projet de carrière découle du choix d’une digue pour près de la moitié de la route en mer. Mais La Réunion est une île, avec des ressources en matériaux limitées. Or, « La Réunion exploiterait en sur-régime ses ressources en matériaux ». C’est en substance ce que Ivan Martin (Directeur adjoint de la DEAL) confirme dans un article paru le 23 juillet dans le « Journal de l’île ». « En outre contrairement aux affirmations de la Région pour obtenir la DUP de 2012 et à celles du Préfet pour modifier le Schéma départemental des carrières (SDC) en 2014, chose grave, Ivan Martin suggère que la NRL n’était carrément pas prise en compte dans le SDC de 2010 ! », note ATR-FNAUT qui cite les propos du responsable de la DEAL : « Si nous exploitions au maximum les gisements inscrits au SDC (de 2010), nous serions environs à 80 millions de tonnes de matériaux identifiés pour 10 ans, soit 8 millions de tonnes par an. Cette estimation ne prend pas en compte le chantier de la NRL. Si on devait l’inclure, nous arriverions à la pénurie. »

Et quand dans le même article, le responsable de la DEAL précise qu’« au-delà de 20 km entre le site d’exploitation et le chantier le coût du transport est rédhibitoire », alors ATR-FNAUT ne comprend pas l’obstination à vouloir prolonger le viaduc par une digue, sachant qu’une seule carrière prévue, celle des Lataniers, se situe à moins de 20 kilomètres.

Insécurité routière et juridique

L’éloignement des carrières possibles du chantier de la route en mer est un facteur d’insécurité routière, souligne ATR-FNAUT. Ce seront entre 900 et 1.000 camions chargés d’au moins 35 tonnes de galets qui seront quotidiennement sur les routes. Une personne est déjà décédée dans un accident impliquant un de ces camions.
Enfin, ATR-FNAUT rappelle que l’annulation du Schéma départemental des carrières d’avril 2014 par la Cour administrative d’Appel a des conséquences sur l’enquête publique lancée pour l’ouverture d’une carrière à Bois-Blanc : « le Préfet ne peut autoriser l’ouverture de la carrière de Bois-Blanc en dysharmonie avec le SDC de 2010, redevenu d’application et révisable en 2020 ». Or, l’annonce légale annonçant l’ouverture de l’enquête publique « se réfère à la modification du PLU de mai 2018 qui se réfère au PIG de juillet 2017, lequel se réfère au SDC d’avril 2014 et à la DUP de mars 2012 ».

« Cette enquête publique serait donc susceptible d’être annulée du fait d’un vice de forme via une annonce légale frappée d’un vice de fond », souligne ATR-FNAUT.
L’association rappelle qu’il est possible d’utiliser d’autres solutions techniques pour remplacer la digue prévue entre la Grande-Chaloupe et La Possession. Elle propose « une route sous galerie de protection en pied de falaise qui réclamera moins de 10% des besoins actuels ». De quoi se passer de l’ouverture d’une carrière à Bois-Blanc et de toutes ses conséquences environnementales et sanitaires.

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