Observatoire des transports et des déplacements

La voiture sinon rien ou presque

21 septembre 2007, par Edith Poulbassia

Pas de surprise. La voiture reste le mode de transport privilégié des Réunionnais. Elle est utilisée pour 85% des déplacements. La légère baisse enregistrée par l’Observatoire des transports et des déplacements pour l’année 2006, ne se fait pas en faveur des transports en commun. Et pourtant, de plus en plus de personnes se déplacent à La Réunion, et 32% des ménages ne disposent pas de véhicules.

Au-delà de la semaine de la mobilité, les Réunionnais sont-ils prêts à laisser leur voiture pour se déplacer autrement ? Assurément non. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, 85% des déplacements se font en voiture, et conséquence directe, un trafic routier qui s’essouffle, un réseau routier de plus en plus encombré. La croissance du trafic a ralenti en 2005 (1,6%), soit une croissance qui s’est faite deux fois moins vite que l’année précédente (3,6%), signe que le réseau routier a ses limites.
Pourtant, le nombre de véhicules ne cesse de croître. En un an, La Réunion compte 10 500 véhicules de plus, soit un parc automobile estimé à 311.600 voitures fin 2005, une progression de 4%. Pour les ménages, la tendance est à la possession de deux voitures. Ce qui concerne 18% des ménages en 2005, contre seulement 7% en 1990. Autre fait remarquable : 32% des ménages ne disposent pas (encore ?) de véhicules à La Réunion, alors que le réseau routier est déjà saturé. 10.000 permis voiture sont délivrés tout les ans depuis une dizaine d’années.

La part stable des transports en commun

Le nombre de déplacements mécanisés (auto, moto, bus, vélo, etc) effectués chaque jour est estimé à 1.422.000 pour la période 2006, et 64% de ces déplacements ont pour destination la même commune. Tous modes de déplacements confondus, la voiture représente 85%, et dans 61% des cas la personne est conductrice du véhicule. « Toutefois, précise l’Observatoire, la part de l’automobile dans les modes de déplacements est la plus faible enregistrée depuis six ans. » Une baisse qui ne se fait pas au profit des transports en commun. Ils ne constituent que 6% des déplacements, chiffre inchangé depuis 2002. L’Observatoire note une augmentation des modes de déplacements dans la catégorie “autres”. Est-ce la marche ? Ce n’est en tout cas, ni la moto, ni le vélo, ni des déplacements en tant que passager d’une voiture.

Bus : 100 voyages par habitant et par an à Saint-Denis

Si la part des déplacements en transport en commun n’a pas augmenté, l’Observatoire fait remarquer que « la fréquentation a également connu une amélioration notable sur la plupart des communes ». À l’exception de l’Entre-Deux, des Avirons, de Saint-Louis et Cilaos, villes dans lesquelles le nombre de passagers a baissé. Le réseau Car Jaune a ainsi transporté 90 000 passagers supplémentaires en 2005 (par rapport à 2004). Saint-Denis atteint pour la première fois une moyenne de 100 voyages par habitant en transport en commun (la moyenne de l’île est de 41,5 voyages par habitant). Concernant l’offre de réseaux, elle a progressé d’environ 5% entre 2004 et 2005 sur le département.

Les achats et les loisirs, premiers motifs de déplacements

L’institut IPSOS a mené l’enquête pour une meilleure appréhension des motifs de déplacements. Il s’avère que les déplacements pour les motifs de type “achat et courses” (12,9%), “loisirs” (11,3) prédominent. Viennent ensuite les déplacements pour le travail, les déplacements pour aller à l’école y étant inclus, avec 12,1%. L’étude ajoute : « les déplacements personnels (courses, loisirs, accompagnements, visites, motifs personnels ou administratifs) représentent 42,4% des motifs de déplacements, soit une valeur sensiblement égale aux retours à domicile (44%) ».
Les déplacements pour le motif “travail” se concentrent sur le Port, Saint-André, Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre, Sainte-Marie et le Tampon.

Les jeunes boudent le bus

Une attention particulière au motif “école” : l’utilisation du bus est en chute libre, près de 20% pour la période 2006. IPSOS souligne que cette “érosion importante” a lieu depuis deux ans, pour les personnes de plus de 15 ans qui vont à l’école ou à l’université. En revanche, la part de la voiture a progressée. « Il est passé de 47% pour 2001, à 60% pour 2005, et atteint 71% pour 2006 ». Si les jeunes sont passagers au lycée, une fois à l’université ils deviennent conducteurs.
Cette étude commandée par l’État, la Région et le Département est un outil d’aide à la décision. L’état des lieux ne fait que confirmer ce qu’on savait déjà : le réseau routier ne peut accueillir le nombre croissant de voitures, on ne pourra pas non plus continuer à construire indéfiniment des routes sur un territoire limité, sans même poser la question du financement. La solution : les transports en commun, lesquels ne sont pas encore assez attractifs pour le moment. Ce sont en majorité des “usagers captifs”, ceux qui n’ont pas d’autres moyens de déplacements qui empruntent les bus. L’objectif du tram-train est d’inverser cette tendance, en proposant un maillage de transport en commun attractif. Faire passer la part des déplacements des 6% actuels à 15% en 2012.

Edith Poulbassia


Le trafic dans les ports et aéroports

Les transports et les déplacements, ce sont aussi les ports et les aéroports. Concernant les passagers : le trafic a progressé au port de la pointe de Galets avec 50.000 personnes embarquées et débarquées, dont 17.300 croisiéristes. L’aéroport de Pierrefonds a accueilli plus de 100.000 voyageurs depuis son ouverture au trafic commercial civil. En revanche, Gillot enregistre une baisse de 3% en 2005. L’aéroport a reçu près de 1.539.000 voyageurs.
Pour le transport des marchandises : en 2005, les importations et exportations ont diminué de 3,2% à la Pointe des Galets. « Cette baisse est la conséquence d’une diminution du nombre de containers transportés, de la production de sucre, ou encore de la consommation de produits pétroliers ou de produits manufacturés ». Le trafic fret a diminué de 1,6% à Gillot avec 28.000 tonnes, Pierrefonds progresse de 9,4% pour 58 tonnes transportées.

EP


L’impact de la fermeture de la route du littoral en mars 2006

La fermeture de la route du littoral le 24 mars 2006, suite à l’écroulement de la falaise, à bouleversé les flux de déplacements de l’île. 3000 véhicules en plus ont emprunté la RN3, reliant Saint-Benoît à Saint-Pierre, soit une augmentation de 23% du trafic. La route de la Montagne a vu son trafic doubler, avec 30.600 véhicules par jour au lieu de 14.000. Les échanges entre le Nord et l’Ouest ont baissé de 40% pendant la fermeture, sans doute à cause du co-voiturage, de l’hébergement à proximité du travail. À l’ouverture de la route du littoral, le trafic a repris avec 52.000 véhicules au lieu de 54.600 avant l’effondrement. Une baisse de 5% qui a perduré des semaines après l’ouverture de la route.

EP


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus