Route des Tamarins

Le bout du tunnel

30 août 2006

Depuis hier, le Cap Lahoussaye est traversé de part en part par l’un des deux ’tubes’ du tunnel de la future route des Tamarins. Le second ’tube’, situé côté mer, est en cours d’achèvement.

15 heures 21, ce mardi 29 août 2006, passant au travers d’une ouverture large d’une cinquantaine de centimètres, la clarté du jour inonde la galerie. Les cris de joie des ouvriers couvrent le bruit des deux pelleteuses en plein travail. Le bout du tunnel Nord sous le Cap Lahoussaye (Saint-Paul) vient d’être atteint. En fait, c’est l’un des deux "tubes" du tunnel qui vient d’être percé. Le second, côté mer, est moins avancé. Il s’agit de l’un des ouvrages les plus spectaculaires de la future Route des Tamarins.
Spécialement équipés pour le percement des tunnels, la pelle et le marteau piqueur mécaniques continuent à percer et à creuser. Les deux engins rongeaient leurs freins depuis un bon moment. Le temps que les "invités" arrivent. Parmi eux Philippe Berne, vice-président du Conseil Régional, - la collectivité est le maître d’ouvrage du chantier de la Route des Tamarins -, Jean-Luc Masson, directeur de la DDE (Direction Départementale de l’Équipement - maître d’œuvre du chantier).
Il règne une solennité teintée d’impatience dans la galerie du tunnel creusée sous le Cap Lahoussaye. Chacun semble conscient de vivre un grand moment, "ce n’est pas tous les jours que l’on perce un tunnel", commente Laurent Candelier. Son équipe a fini son service depuis 14 heures mais avec ses 9 collègues, il est resté sur place. "On ne pouvait pas rater ce moment", explique le jeune homme. Anciennement cordiste à Paris, il est venu à La Réunion pour les besoins de la Route des Tamarins. Sur le chantier, il s’occupe du renforcement de la galerie.
15 heures 13, Julien Lelard, que ses collègues de chantier surnomment gentiment "Coup de barre", lance son marteau piqueur. David Lauret lui donne immédiatement la réplique. Les deux engins grondent et font vibrer la paroi. Cette dernière se défend pied à pied et ne cède qu’à regret ses morceaux de roches. Les engins se cabrent sous l’effort.
15 heures 19. Un fin doigt de lumière traverse la paroi. Deux minutes plus tard, un bloc beaucoup plus large s’effondre, laissant la clarté passer à flot. Le Cap Lahoussaye vient d’être percé de part en part. Le chantier avait démarré en juillet 2004 et les travaux de percement avaient débuté le 15 janvier 2006. Le coût total des travaux s’élève à 34 millions d’euros.
Les engins s’arrêtent un instant. Sous les cris et les ovations des ouvriers, Roger Coulet, le directeur du chantier, escalade les déblais. Il est suivi par Marie Lesimple, la jeune géologue de l’ouvrage. Des ouvriers postés de l’autre côté viennent à leur rencontre.
Moment de joie, de congratulation et aussi d’émotion. Même Roger Coulet, qui en est pourtant à son vingtième tunnel - le dernier en date est celui du basculement des eaux à Salazie -, est visiblement ému. "On ne peut s’empêcher de ressentir une certaine satisfaction. D’abord d’avoir atteint cette étape et surtout de l’avoir fait sans aucun incident", souligne-t-il. "Aujourd’hui, nous avons atteint une phase de transition. Il reste maintenant a effectuer les travaux de revêtement et de finition", ajoute-t-il. Une fois tous les ouvriers et "invités" passés de l’autre coté, les deux engins recommencent à gronder. Cette fois, la paroi semble avoir abandonné toute résistance. De gros blocs se détachent agrandissant rapidement l’ouverture.
15 heures 41. "Il y a largement la place pour laisser passer une voiture", plaisante l’un des ouvriers. Les engins s’arrêtent. Les deux conducteurs rejoignent leurs collègues de l’autre côté. C’est la pause "photo de groupe" avant le retour au "boulot".
Les 30 ouvriers affectés au chantier travaillent, par équipes de 10, 24 heures sur 24, 5 jours sur 7. Il n’y a guère de temps à perdre. Le tunnel devra impérativement être livré en août 2007.


6 voies de circulations sous terre

"Entre le viaduc de Fleurimont et celui de Petit Bras Canot, la circulation se fera dans le tunnel sous le Cap Lahoussaye", explique Philippe Berne, Vice-président du Conseil Régional.
En fait, l’ouvrage est constitué de deux "tubes" qui recevront chacun trois voies de circulation. Complètement percé depuis hier, le "tube" côté montagne est long de 368 mètres dont 220 d’excavation souterraine. Côté mer, le "tube" sera long de 323 mètres dont 290 d’excavation souterraine. Les deux axes seront larges de 15 mètres et haut de 8 mètres. Les travaux sont réalisés le groupement SPIE Batigolles - Razel.


Marie à la géologie et Emmanuelle à la sécurité

Les métiers des Travaux publics sont de moins en moins le terrain exclusif des hommes. Marie Lesimple, 25 ans, et Emmanuelle Bertin, 36 ans, le prouvent. La première est la géologue du chantier et la seconde à en charge qualité, de la sécurité et du respect de l’environnement.
Hier, Marie Lesimple - qui en est à son deuxième tunnel, le premier ayant été creusé en métropole -, a été l’une des premières à passer de l’autre côté. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle a ressenti à ce moment-là, elle répond "il y a la satisfaction de voir que le tunnel est percé et que tout se soit bien passé. Il y a aussi une certaine satisfaction personnelle. En tant que géologue, j’avais en charge le soutènement de la galerie. Je suis contente qu’il n’y ait eu aucun incident".
Emmanuelle Bertin, en poste dans les Travaux publics depuis 1993, tient sensiblement le même langage. "Je suis soulagée d’arriver à la fin sans problème", dit-elle. Elle ajoute que ses collègues lui ont bien facilité la tâche. "Les gens qui travaillent en souterrain ont une culture spécifique de la sécurité. Sans doute en raison de l’environnement dans lequel ils travaillent, ils sont très conscients des risques et respectent scrupuleusement les conditions de sécurité", conclut-elle.

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