Route des Tamarins

Le chantier engagé aux deux-tiers et endeuillé

19 octobre 2005

Le ministre de l’Outre-mer, François Baroin, a effectué une visite éclair sur un des chantiers de la route des Tamarins à Saint-Leu. Le cortège officiel s’est également rendu dans la famille de Jean-Marie Picard, l’ouvrier coffreur tué par la chute d’une grue.

L’accident survenu mardi matin à la ravine Cocâtre, qui a emporté un ouvrier maçon mort de ses blessures après une chute de 15 mètres, vient rappeler que le chantier de la route des Tamarins est une œuvre immense, belle et difficile dans laquelle tous ceux qui sont engagés partagent à des degrés divers la responsabilité de la mener à bien, dans le respect de la sécurité et de la vie de ceux qui y travaillent.

La visite du ministre de l’Outre-mer, François Baroin, sur la tranchée couverte de Bois-de-Nèfles, un des chantiers de la route des Tamarins situé dans la commune de Saint-Leu, fut une visite éclair, à la fin d’une matinée chahutée. Transporté par hélicoptère jusqu’au stade de Piton Saint-Leu, ainsi que le président de la Région, Paul Vergès et le préfet Laurent Cayrel, le ministre fut accueilli par Jean-Luc Poudroux, maire de Saint-Leu.

Après l’accident mortel survenu la veille à la ravine Cocâtre sur le chantier d’un pont comptant parmi le premier lot de trois ouvrages d’art non courants, le cortège officiel s’est d’abord rendu dans la famille de Jean-Marie Picard, l’ouvrier coffreur tué par la chute d’une grue (voir ci-après). Jean-Marie Picard n’a pas été heurté directement par la flèche ni par la pelle du bras levier, mais celui-ci, en se renversant, a déstabilisé le coffrage auquel travaillait le maçon, faisant tomber l’ouvrier de la plate-forme où il se trouvait. Après une chute de près de 15 mètres, Jean-Marie Picard était encore conscient, mais il devait décéder peu après des suites de ses blessures.
Une enquête de gendarmerie est en cours, dont les conclusions sont attendues "sous peu" : elles devraient déterminer les circonstances de l’accident et les responsabilités. Ce chantier, proche de celui de la Grande Ravine, est situé en amont de celui de la tranchée couverte, où le directeur d’opérations pour la Région, Jean-Jacques Gueguen et les équipes d’encadrement et d’ouvriers ont rapidement présenté l’avancée des travaux.
La “tranchée couverte” est une portion de route traversant une zone déjà urbanisée : le déblai sera couvert d’une dalle pour permettre de maintenir les communications de part et d’autre, l’aménagement de loisirs et une meilleure intégration dans le tissu urbain.

Commencés à la mi-2003, les travaux avancent à un rythme soutenu. "Les deux-tiers des travaux ont été attribués et beaucoup vont commencer en fin d’année 2005. Nous en sommes à 15 kilomètres de terrassement en cours et les15% du linéaire en ouvrages d’art représentent 50% du coût global" a résumé Jean-Jacques Gueguen, qui a pris le relais de Gilbert Morlet à la direction des opérations.
Les terrassements en cours sont situés entre l’Eperon et la ravine de Trois-Bassins. Avant la fin de l’année vont commencer ceux du tronçon allant de la ravine Fontaine au Portail Saint-Leu.
Parmi les quatre ouvrages d’art exceptionnels, celui de la ravine de Trois-Bassins en est aux fondations. Les responsables du chantier vérifient actuellement la géologie sous une première pile. Le viaduc de Saint-Paul, enfin notifié, va démarrer en fin d’année.

Le tracé comporte 23 ouvrages d’art non courants regroupés, selon le type, par lots de deux ou trois et neuf lots seront mis en chantier d’ici la fin de l’année. Plusieurs ouvrages d’art “non courants” du même type ont déjà démarré et certains sont bien avancés, comme à Fleurimont, bien visibles depuis la savanne. Ceux de la Petite Ravine ou de Bras de la Grande Ravine, à Saint-Leu, en sont au stade des piles.

Avant de quitter le chantier, Paul Vergès a fait savoir que le chantier de la route des Tamarins a été classé “grand chantier européen” par la commission de Bruxelles, le 30 septembre dernier.
Ce chantier, qui doit créer 1500 emplois sur la durée des travaux - jusqu’à fin 2008 - mobilise des compétences nombreuses et souvent pointues. La présence quotidienne de centaines d’ouvriers sur un simple parcours de 34 kilomètres devrait piquer notre curiosité : que nous soyons simple citoyen, sociologue du travail, preneur d’images et de son... un jour, nous nous demanderons comment un tel chantier a été possible. Il faut souhaiter que les générations à venir auront assez de témoignages d’archives à se mettre sous la dent pour répondre à leurs questions.


Chemin Kat’ sou

Une famille frappée par la tragédie

Le chemin Kat’sou déplie à flanc de coteau des lacets défoncés au-dessus de la ravine du Portail. La kaz de la famille Picard-Pommier donne sur une ruelle ravinée où s’est engagée la délégation. Le ministre François Baroin, le président de la Région Paul Vergès sont allés exprimer leur soutien à la jeune femme de l’ouvrier tué accidentellement.
Cathy Pommier est originaire de Saint-Leu. Jean-Marie Picard venait d’une famille du Tevelave et le beau-père, Georges Pommier, présent hier aux côtés de sa fille, leur avait cédé un bout de terrain pour construire la maison.
Dans la cour, les deux enfants, Elisa et Ludovic, 13 et 10 ans, voient arriver la délégation sans bien réaliser. Ils sautent au cou du ministre et de chacun des nouveaux arrivants, comme s’ils accueillaient des membres de la famille, un jour comme les autres.
La famille attend encore que lui soit rendu le corps de Jean-Marie et flotte dans l’état d’irréalité qui précède le début du deuil. Cathy exprime cet état au ministre de l’Outre-mer avec ses propres mots. Elle a été prévenue de l’accident survenu à son mari la veille vers 13 heures, soit plusieurs heures après. Elle ne l’a pas cru. Son air perdu indique qu’elle ne le croit toujours pas.
Le salon de la maison a été préparé pour accueillir le corps et ceux qui viendront à la veillée mortuaire. Syvestre Lamolly, conseiller régional originaire de Saint-Leu, dépose sur une table une gerbe de fleurs envoyée par la collectivité. Un premier signe - et le seul encore - matérialisant la tragédie qui vient de frapper la famille.


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