Dans 9 jours, la Conférence sociale, économique et environnementale

Le gouvernement s’engagera-t-il à relancer les grands chantiers ?

20 octobre 2012, par Manuel Marchal

En donnant son accord au versement par l’État d’une dotation ferroviaire aux Réunionnais, le gouvernement sera en accord avec les engagements pris par les plus hauts dirigeants du Parti socialiste français. Ainsi seront relancés le chantier du tram-train et ses milliers d’emplois. Réponse positive ou déception de la totalité des secteurs de La Réunion ?

Au moment de lancer le chantier du tram-train, une seule question restait à régler, le versement d’une dotation ferroviaire à la Région Réunion.

En France, l’État donne à toutes les Régions une somme destinée à l’entretien des réseaux de chemin de fer. Dans ce pays, les lignes ferrées étaient la propriété de l’État. Au moment de la décentralisation, la gestion et l’entretien de ces réseaux sont devenus la compétence des Régions. Toutes ces infrastructures ont été cédées gratuitement aux collectivités. En plus, l’État verse tous les ans une dotation destinée à couvrir les frais d’entretien des voies ferrées.

À La Réunion, à la fin des années 50, une décision inspirée par l’État et validée par le Conseil général est responsable de la suppression du chemin de fer qui existait depuis sa mise en service en 1882, de Saint-Benoît à Saint-Pierre. 57 ans après cette décision, Paul Vergès, alors président de la Région, négocie la participation de l’État à la reconstruction du chemin de fer à La Réunion.

La réparation d’un sabotage

C’est le projet du tram-train. À la différence des Régions de France, celle de La Réunion n’obtient pas l’engagement du gouvernement du versement d’une dotation ferroviaire. Au moment de la signature avec Tram’tiss du contrat de Partenariat Public-Privé bouclant le financement de la construction du tram-train, la Région et l’État étaient en discussion pour une issue à cette question.

La coalition des conservateurs de droite et de gauche contre la politique du développement portée par l’Alliance aux Régionales de 2010 remet tout en cause. Didier Robert refuse la main tendue par l’Alliance pour aider à rechercher une solution. Il n’en a d’ailleurs pas l’intention puisque dans ses promesses électorales figurent les 2.000 bus destinés à remplacer le tram-train. Il refuse de rencontrer Tram’tiss, et laisse à Jean-Louis Lagourgue la responsabilité d’annoncer au constructeur du tram-train que le chantier est stoppé. Toute la campagne d’enfumage qui suit vise à démontrer l’impossibilité pour les Réunionnais de bénéficier d’une dotation ferroviaire. Elle démontre que le vieux fond colonial est toujours là, avec des porte-paroles qui considèrent que les Réunionnais ne doivent pas avoir les mêmes droits que les citoyens de la France.

Une question d’égalité

Or cette question de la dotation ferroviaire peut se régler très simplement. Lors de son passage à La Réunion avant la campagne des régionales, la première secrétaire du Parti socialiste français, Martine Aubry, avait annoncé le soutien du PSF au tram-train et la volonté de son parti de permettre aux Réunionnais de bénéficier d’une dotation ferroviaire, au même titre que les autres citoyens de la République.

Dans son intervention à Saint-Louis le 1er avril, François Hollande s’est déclaré pour le tram-train.

Maintenant que la majorité présidentielle a changé, le PSF a la possibilité de tenir l’engagement de ses plus hauts dirigeants. S’il est nécessaire de créer une nouvelle loi pour étendre à La Réunion le versement d’une dotation ferroviaire sur le modèle de ce que touchent les Régions en France, cela ne doit poser aucun problème. En effet, le PSF a lui seul détient la majorité des sièges à l’Assemblée nationale.

Espoir ou déception ?

Si dans 9 jours, le gouvernement arrive à La Réunion avec une telle proposition, il répondra aux inquiétudes de tous les travailleurs et des patrons qui n’ont plus de chantier à réaliser. En effet, le tram-train est déjà financé, il ne manque que cette garantie de versement d’une dotation ferroviaire pour tout relancer.

(photo darchives M.M.)

L’arrêt du chantier du tram-train a accéléré la crise de notre économie. En septembre 2010, le BTP protestait contre la perte de plus de 7.000 emplois. Combien manquent aujourd’hui à l’appel ?

Cette décision redonnerait immédiatement l’espoir à des milliers de travailleurs, et en particulier à tous ceux qui ont été mis au chômage à la suite de la décision de Didier Robert.

Relancer le tram-train, c’est possible. C’est l’engagement des plus hauts responsables du PSF et du président de la République.

Le gouvernement saisira-t-il cette main tendue pour sortir de la crise, ou prendra-t-il le risque de décevoir la totalité des secteurs économiques de La Réunion ?

M.M.

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