Politique des déplacements

Le Port - Cilaos à vélo : « Que du bonheur ! »

8 novembre 2006

À l’occasion de la Journée mondiale pour le Climat, une balade cycliste a été organisée du Port à Cilaos. Cette sortie a été mise à profit par les participants pour débattre des avantages des déplacements à vélo et des obstacles politiques, socioculturels etc... à cette pratique.

Samedi dernier, “Témoignages” a publié un communiqué de l’association Trans’Port Vélo Ville (TVV) annonçant qu’elle s’associait à la célébration de la Journée mondiale pour le Climat organisée ce 4 novembre, à l’avant-veille de l’ouverture de la Conférence des Nations Unies à Nairobi pour le Climat. L’association, présidée par Alain Payet, avait choisi d’apporter sa contribution au mouvement international visant à « attirer l’attention des décideurs sur la nécessité d’amplifier et d’accélérer les mesures pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, facteur du réchauffement climatique ».
Dans ce cadre, une vingtaine de membres et de sympathisants de TVV se sont rendus ce samedi à vélo du Port à Cilaos, soit une distance de 95 km. Le plus âgé avait 66 ans et la plus jeune était une mère de famille âgée de 33 ans. Partis à 6 heures de la cité maritime, ils sont arrivés vers 15 heures 30 au cœur du Cirque, après plusieurs regroupements et pauses tout au long du parcours.
« Malgré la difficulté de certains passages un peu pentus et la longueur de la montée jusqu’à Cilaos, ce ne fut que du bonheur », nous a dit une participante, pour qui « la beauté des paysages traversés et l’ambiance amicale dans le groupe nous laisseront de magnifiques souvenirs de cette balade ».
À noter que les participants ont bénéficié de la collaboration de la SEMTO, qui a mis un car à leur disposition pour transporter leurs bagages et pour récupérer les plus fatigués ainsi que leur vélo.

Les carences des pouvoirs publics

Les cyclistes ont passé la nuit à la Maison de repos “Antoine Fidji”, propriété de l’Association générale des anciens combattants et victimes de guerre de La Réunion. Avant de reprendre des forces pour le retour le lendemain, ils ont eu un échange sur la question des déplacements à vélo à La Réunion.
Un cyclotouriste habitué des balades à vélo dans toute l’île a déploré les carences des pouvoirs publics, qui « ne font pas grand-chose pour favoriser les transports collectifs et pour équiper La Réunion d’itinéraires cyclables sécurisés, propres, agréables ».
Un autre ajoutait que « les médias en général sont complices de la politique du tout-automobile car ils bénéficient de la pub à tout va pour les bagnoles et ils ne font rien pour encourager les Réunionnais à utiliser les bus ou le vélo pour leurs déplacements quotidiens ».

« De nombreux préjugés contre le vélo »

Une élue déclarait que des aménagements existent déjà dans certaines communes pour faciliter les déplacements à vélo mais ils demandent à être améliorés, entretenus et surtout multipliés. Pour cela, dit-elle, « il faut que les usagers s’organisent et se mobilisent pour faire pression sur les décideurs. Il faut également que l’État assume ses responsabilités et mette sur pied une stratégie nationale pour promouvoir l’usage du vélo pour se déplacer sur les petites distances, qui représentent la moitié de nos déplacements quotidiens pour des besoins ordinaires ».
Une autre participante faisait remarquer que « de nombreux préjugés psychologiques et socioculturels empêchent les gens de laisser leur voiture au garage et de se déplacer pour aller au travail, faire leurs courses, voir leurs amis etc... Souvent ils ont peur et cette peur n’est pas facile à surmonter, mais il faut savoir que la quasi-totalité des automobilistes sont respectueux des cyclistes, voire très courtois ; cependant, à vélo, nous devons être très prudents et prendre toutes les précautions nécessaires pour assurer nous-mêmes notre sécurité en étant très vigilants en permanence ».

Une politique globale

En tout cas, l’ensemble des participants ont exprimé le souhait que tous les acteurs de la société civile et les politiques réunionnais unissent leurs forces pour faire de La Réunion une île cyclable. Cela nécessite la mise sur pied d’une politique globale, concernant aussi bien les aménagements cyclables que la formation des enfants dès l’école à la pratique du vélo et la sensibilisation du grand public aux avantages de cette pratique en termes de santé, d’économie, de lutte contre la pollution de l’air et pour la cohésion sociale.
De ce point de vue, ils ont souligné l’importance du projet de la Région Réunion de réaliser une Piste cyclable en site propre (PCSP) tout autour de l’île. Ce projet sera présenté vendredi prochain aux usagers et aux élus à la Région par le Président Paul Vergès et par le bureau d’études chargée de la PCSP. Ce projet phare sera un élément déterminant pour favoriser une politique alternative au tout-automobile à La Réunion, au même titre que le tram-train.
Pour conclure, un membre de l’association TVV notait : « Si des gens qui ne sont pas des sportifs peuvent aller du Port à Cilaos à vélo, la plupart des citoyens sont capables, tous les jours, de se déplacer à vélo en ville ; c’est facile et c’est fortement conseillé ».

L. B.


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