En cette période de crise où le FMI prévoit une récession de l’économie mondiale de 1,3%, les grands travaux peuvent créer des emplois. Dans plusieurs pays durement touchés par la crise, une politique de grands travaux est menée. C’est le cas par exemple aux Etats-Unis, épicentre de la crise actuelle, où Barack Obama, après son élection, a annoncé que les grands chantiers relèvent d’une politique de relance : « Stimuler les grands travaux, avec la création d’une banque nationale pour le financement des infrastructures (60 milliards de dollars sur 10 ans), promouvoir les énergies alternatives (150 milliards de dollars sur 10 ans) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% à l’horizon 2050, et investir dans l’éducation (10 milliards de dollars par an) ».

A La Réunion, à la crise structurelle liée aux limites du modèle de développement vient s’ajouter cette crise conjoncturelle. Rappelons que les dépôts de bilan ont progressé de 56% depuis le début de l’année, dont 60% concernent les entreprises du BTP. Notre île a atteint la barre des 110.000 chômeurs. (Voir graphique).

La Région et l’Etat ont donc signé depuis 2007 « la lettre de mission prospective des besoins en main-d’œuvre » pour les projets du tram-train et de la nouvelle route du Littoral. Une mission confiée à l’ANPE et au Carif-Oref. Pour cela, ils se sont appuyés sur l’expérience de la route des Tamarins au sein d’une Cellule de Veille des grands projets.

Le tram-train pour la première tranche, la nouvelle route du Littoral pour 2017. Après 2012, l’extension du tram-train jusqu’à Saint-Joseph et Saint-Benoît... sont également des sources d’emplois. « Ce quart de siècle de grands travaux que beaucoup envisagent avec scepticisme », soulignait Paul Vergès, fournira des emplois à la population Réunionnaise.

Pour le tram-train, du personnel qualifié sera nécessaire pour tous les métiers indispensables non seulement à la phase de construction, mais aussi à la phase d’exploitation. La nouvelle route du Littoral va demander des compétences dans la réalisation de digues et de viaducs, de carrières, en plus des compétences routières déjà présentes sur la route des Tamarins.
L’objectif affiché est de créer des activités, réduire encore le chiffre du chômage de 110.000 demandeurs d’emploi à La Réunion.

Rappelons qu’en 2007, Olivier Lachaud, Secrétaire général de la Préfecture, avait souligné : « Nous aurons deux à trois fois plus d’emplois que pour la route des Tamarins, il s’agira de bien articuler le volet de la formation à celui de l’emploi ».
Sur ce plan, la Cellule de l’ANPE a déjà fait ses preuves avec la route de Tamarins. Elle a prouvé que malgré le manque d’expérience et de formation, des demandeurs d’emploi peuvent être sélectionnés en fonction de leurs aptitudes et de leur motivation pour intégrer ensuite une formation adaptée, conduisant à un emploi. Le même dispositif a été retenu pour les autres grands chantiers comme le tram-train et la route du Littoral.

Concernant le tram-train, pour la première tranche, ce sont 42 km de ligne et 26 stations qui vont être réalisés. Pendant 4 ans, la construction du tram-train va créer 6.000 emplois (gros œuvres, terrassement, génie civil, câblage électrique, aménagement paysager des stations et du linéaire, réalisation du mobilier urbain et de la signalisation). En plus, ce sont 300 emplois directs ou indirects dans l’hôtellerie, la restauration, le commerce, la sécurité, le gardiennage qui seront disponibles. Toujours pour la première tranche du tram-train, l’exploitation (mise en service, maintenance, etc...) va créer 210 emplois fixes : pour la conduite des rames, entretien et maintenance, les métiers commerciaux, d’administrateurs, les services de billetterie, de contrôle, de sécurité, etc..., près de 250 emplois seront créées. Pour certains de ces métiers, les formations seront spécifiques, mais pourront se tenir à La Réunion.

Face à une situation économique fragile et aggravée par la crise, il est urgent d’accélérer la réalisation des grands projets structurants pour créer des emplois, particulièrement dans notre île où 52% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté.

Risham Badroudine