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Depuis le Maïdo, une petite route tranquille, parfaitement bétonnée, conduit vers le Tévelave. L’endroit est enchanteur, verdoyant, calme, reposant. Entre les majestueux tamarins des Hauts, les calumets ébouriffés, les cryptomérias, les acacias en fleurs et les fougères, la végétation est somptueuse.
Imaginez un instant le bonheur qui vous submerge dans un lieu où les odeurs d’humus vous envahissent en même temps que le silence profond et tranquille de la nature. Faire du vélo dans un tel lieu est vraiment un grand privilège, et tous les ingrédients sont rassemblés pour faire de cette journée un moment inoubliable :

- la beauté et la sécurité du lieu ; les voitures sont celles de promeneurs qui sont aussi sous le charme du paysage et qui roulent donc très lentement ;

- un groupe de personnes bien décidées à s’amuser et à mettre en pratique de très récentes acquisitions de conduite à vélo.
Ce sont des femmes des différents quartiers du Port : COTUR, ZUP, Ariste Bolon, Oasis, Ravine à Marquet. Elles font régulièrement du vélo avec l’éducateur sportif vélo de l’Office municipal des sports (OMS) du Port, Judex Rabois, bien connu pour sa bonne humeur et sa disponibilité. Il était accompagné d’Érik Lebon, appelé aussi Kéké, très précieux dans son rôle de technicien-réparateur de pannes en tous genres : crevaison, ajustage des selles, des freins, un doigté d’expert pour améliorer le confort et la performance des vélos prêtés gratuitement par l’OMS et qui commencent à sérieusement “fatiguer”, car ils sont utilisés pratiquement tous les jours.

Rencontres autour d’un projet

Certaines des personnes présentes font du vélo depuis quelques mois et roulent à présent en toute autonomie. Elles ont déjà acheté leur propre bicyclette et pédalent pour faire un peu d’exercice physique et aussi pour leurs besoins quotidiens de déplacements en ville du Port. Elles se joignent au groupe pour l’ambiance communicative et pour le confort que représente cette expédition : le voyage se fait en bus, les vélos sont prêtés et acheminés par une camionnette.
Certaines femmes sont de très récentes adeptes du vélo. Comme Gigi de la ZUP, qui n’était jamais montée sur un vélo avant le mois d’octobre et qui est à présent tout à fait à l’aise. (voir encadré)
Charlésia, qui habite le quartier Maloya de la ZUP, a appris le vélo très jeune mais pendant plus de 20 ans, elle n’a plus eu l’occasion de pédaler. Après seulement 2 leçons, la revoilà très à l’aise pour rouler à vélo.
Quelques jeunes enfants accompagnaient leur maman, comme ces deux petites filles dont les pieds touchaient à peine les pédales, mais qui s’amusaient, sur une plate-forme en dehors du circuit, à rouler tranquillement. Lucinda et Marie ont 7 ans. Ryan, lui n’a que 6 ans, mais il roule déjà avec assurance.
Vers midi, un épais brouillard est venu jouer les trouble-fêtes, et toute l’équipe en a profité pour partager un repas tiré du sac. Très rapidement, le beau temps est revenu, permettant de poursuivre la balade à vélo et les fous rires... parce que le parcours est très varié avec des petites descentes et des bosses, que seuls les plus aguerris peuvent franchir sans mettre pied à terre.
C’était une de ces journées qui laissent au fond du cœur ce merveilleux sentiment de rencontres humaines autour d’un projet. Celui d’un mode de déplacement porteur d’espoir pour un monde meilleur, solidaire et respectueux de l’environnement.

Simone Biedinger

Gigi : "Je veux être autonome pour mes déplacements"

Gigi, jeune femme de la ZUP du Port, témoigne : "Je ne savais pas du tout monter à vélo. Depuis le mois d’octobre je viens au cours de vélo, deux fois par semaine au stade Lambrakis. J’ai très vite acquis le sens de l’équilibre, l’apprentissage est très facile. Dès le 3ème cours, j’ai pédalé dans le stade, un endroit tranquille, où d’autres personnes apprenaient également en même temps que moi".
Pratiquement, comment s’est passé l’apprentissage ?
- Gigi : "Très simplement. J’ai commencé par m’asseoir sur la selle, qui était réglée très basse, mes pieds traînant par terre. Je me suis habituée à promener ainsi mon vélo. Progressivement, j’ai posé un pied, puis l’autre sur la pédale et tout doucement je me suis lancée et l’équilibre est venu tout seul.
J’ai toujours voulu apprendre à faire du vélo car je ne conduis pas de voiture. Je veux être autonome pour mes déplacements et l’idée de faire du sport à vélo me plaît aussi. J’ai déjà acheté mon vélo personnel.
J’ai d’abord roulé au stade où il y a une piste cyclable et peu à peu, avec Judex et les autres, je suis allée en ville, sur les pistes et sur la route".

S. B.

Infos pratiques

Les cours d’apprentissage avec Judex se font chaque mardi et jeudi matin de 9 heures à 11 heures au stade Lambrakis du Port et le vendredi après-midi de 13 heures 30 à 15 heures 30 à l’école Ariste Bolon.
Les vélos sont mis gratuitement à disposition des usagers par l’OMS.
Des balades à vélo sont également proposées par l’association Trans’Port Vélo Ville chaque samedi à 16 heures, place des Cheminots, pour les personnes qui souhaitent se perfectionner et qui possèdent leur vélo.
Le dimanche matin à 8 heures 30 devant le stade Lambrakis, des balades à vélo sont proposées pour des cyclistes plus aguerris, vers Saint-Paul, La Possession, Saint-Denis...
Tél : OMS 0262.42.41.20 ou Judex : 0692.67.28.68

Les projets de la Région

La Région Réunion veut favoriser une alternative à l’automobile en agglomération. D’où l’instauration d’un régime d’aides pour les communes ou les communautés de communes lorsqu’elles ont des projets visant à développer l’usage du vélo. Un dispositif lancé dès 1997, reconduit en 2002. Un appel à projets a été lancé en février dernier et la CINOR, le TCO, les communes du Port, du Tampon, de Petite-Ile, de Sainte-Marie et de Cilaos y ont répondu.
Récemment, Paul Vergès est intervenu à la radio et au colloque de l’ARER sur l’énergie pour parler du grand projet de la Région Réunion dans ce domaine : réaliser une piste cyclable en site propre faisant le tour de l’île. Cette piste sera éclairée et sécurisée.
C’est là une formidable perspective pour le tourisme à vélo mais aussi pour les déplacements utilitaires et sportifs entre les villes. C’est également une opportunité de rencontres et de convivialité entre les habitants de La Réunion. Enfin, c’est une contribution importante au développement de modes de déplacements doux, non polluants et utiles pour la santé.

S. B.