Phénomène inquiétant qui coïncide avec le lancement du chantier de la route en mer

Les baleines s’éloignent de La Réunion

14 septembre 2016, par Manuel Marchal

Au moment où le chantier de la route en mer commence à se déployer, les baleines ne sont plus aussi nombreuses au large des côtes de La Réunion. Les premières répercussions économiques se font sentir. Simple coïncidence ou confirmation de tous les avertissements des institutions environnementales qui avaient mis leur véto au projet de Didier Robert ? Rappelons que le gouvernement avait choisi de passer outre en donnant les dérogations permettant de déverser des roches dans la mer, et que Bello-Annette sont pour ce chantier.

Le Conseil national pour la protection de la nature avait mis son véto au projet de route en mer, notamment pour les nuisances subies par la grande faune marine. Mais le gouvernement a donné les dérogations pour lancer le chantier, et il est soutenu par Bello-Annette.

Depuis plusieurs années, les visites des baleines constituent une recette pour l’industrie touristique à La Réunion. Le passage près de nos côtes de l’animal le plus grand du monde est en effet une attraction. Des activités se sont mises en place. Mais cette année, ce ballet majestueux n’est pas au rendez-vous. Pour expliquer ce phénomène inquiétant, plusieurs thèses sont mises en avant. Toutes sont liées aux activités humaines.

La première est la manière dont les touristes approchaient les cétacés. Une trop grande proximité du public est avancée comme cause de désaffection.

Impact des activités humaines

La seconde est le phénomène El Niño. La variation de la température de la mer est amplifiée par les effets du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines. Cela cause des phénomènes climatiques extrêmes comme la sécheresse qui ravage la région depuis plusieurs années. À Madagascar, plus d’un million de personnes sont menacées par la famine à cause des pertes de récoltes dues au manque d’eau. L’océan est donc perturbé. Ce qui souligne l’urgence de mettre en œuvre au plus vite un autre modèle de développement. Malheureusement, La Réunion n’est pas exemplaire dans ce domaine. Les dirigeants de la Région Réunion et le tandem Bello-Annette s’illustrent par leur vision archaïque des transports, en apportant leur soutien à une route en mer qui ne peut qu’augmenter les émissions de gaz à effet de serre à La Réunion, et qui enlève les moyens à la réalisation d’un moyen de déplacement moderne, écologique et pas cher, le train.

La troisième raison pouvant expliquer la fuite des baleines est le projet de la route en mer. Force est de constater que la baisse de la fréquentation de nos côtes coïncide avec le lancement de ce chantier maritime. Il faut rappeler que toutes les institutions environnementales consultées ont donné leur véto au projet de Didier Robert. Ainsi, le Conseil national de protection de la nature a considéré que les travaux et la mise en service de cette route peuvent générer des nuisances lourdes de conséquences pour la présence de la grande faune marine à La Réunion. Dans sa communication, la Région Réunion met d’ailleurs en avant des dispositifs pour atténuer le bruit des travaux dans la mer, ce qui montre que les promoteurs du chantier sont au courant des nuisances.

Projet soutenu par Bello-Annette

Le gouvernement a décidé de passer outre l’avis du Conseil national de la protection de la nature, et d’accorder à la Région Réunion les dérogations nécessaires au lancement du chantier de la route en mer. Il est conforté dans sa position par ses relais à La Réunion. En effet, le tandem Bello-Annette soutient le projet de route en mer de Didier Robert. Gilbert Annette veut également que cette NRL soit raccordée au réseau actuel par un tunnel sous le front de mer de Saint-Denis, d’un montant d’ores et déjà estimé à au moins 500 millions d’euros. Il est clair que le chantier de la route en mer a un impact négatif pour toute La Réunion en raison des nuisances créées par l’exploitation des carrières et le transport des galets sur des dizaines de kilomètres par d’incessantes rotations de gros camions.

Cette désaffection des baleines a des conséquences économiques. Car des entreprises du secteur touristique ont investi et embauché pour exploiter commercialement le passage du plus grand mammifère marin près de nos côtes. Comment et qui va les indemniser ?

Même s’il est trop tôt pour affirmer avec certitude quelle est la raison de la diminution du passage des baleines dans les eaux de La Réunion, on ne peut qu’être frappé de la coïncidence entre ce phénomène inquiétant et le lancement du chantier de la route en mer. Si cette hypothèse se vérifiait, alors cela montrerait qu’un projet d’une route de 12 kilomètres aurait un impact négatif non seulement pour toute La Réunion, mais aussi pour son environnement maritime. Gageons que le choix de la raison l’emporterait, car on ne pourrait imaginer détruire ce que la nature a mis plusieurs millions d’années à construire uniquement pour servir quelques ambitions personnelles et profits immédiats.

M.M.

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