Les bienfaits du tram-train

21 octobre 2006

À l’orée du 21ème siècle, à plus d’un million d’habitants d’ici 2030, la Région Réunion s’inscrit irréductiblement dans le futur avec la mise en chantier de la route des Tamarins et celui du projet tram-train. Ainsi, la collectivité régionale participe honorablement au développement durable de La Réunion. Aussi, la Région Réunion concourt à l’élévation de La Réunion au premier rang des équipements infrastructurels au sein de l’océan Indien et positionne notre département parmi les plus grands chantiers actuels au monde de par ses exceptionnels et pharaoniques ouvrages d’art.

Le réseau tram-train bouleversera irrémédiablement notre quotidien. Mais, ce que nous pouvons espérer au sujet du tram-train au lendemain de la semaine de la mobilité, c’est que le tracé initialement prévu devienne effectif : c’est-à-dire de Saint-Benoît à Saint-Joseph. Puisqu’il ne serait pas acceptable que le réseau se réduise à l’axe Nord-Ouest.
Pour cela, l’État devra s’investir avec force dans son financement. Telle est la condition sine qua non de l’extension du réseau. Car, plus l’État s’impliquera financièrement dans ce projet, plus l’ensemble des Réunionnais pourra bénéficier des avantages du tram-train. N’appartient-il pas à la puissance publique de réunir les moyens favorisant la mise en œuvre d’un véritable mode de transport alternatif et durable, en l’occurrence le tram-train ?
La Région Réunion ne peut à elle seule relever les défis du futur malgré toute sa volonté. Un consortium Région-État-Europe-Privé est donc nécessaire à l’endiguement du tout automobile au profit de transports performants et protégeant notre environnement que nous désignons ici tram-train.

K. D.


Chronique d’un week-end en tram-train...

Afin que l’ensemble des Réunionnais puisse prosaïquement s’éprendre de l’influence de ce mode de déplacement sur son quotidien, j’ai laissé libre cours à ma plume dans un imaginaire réaliste constituant ainsi une esquisse d’un futur annoncé.

En me réveillant, j’ai compris qu’il était samedi. C’est alors que je me suis mis à traîner du pied dans un élan de paresse exacerbée par une fin de semaine éprouvante à cause “des embouteillages” du littoral.
Pendant que je me rasais, je me suis demandé ce que j’aillais bien faire et j’ai décidé d’aller à la plage.
À la nouvelle gare tram-train de Saint-Denis, j’ai retrouvé mon ami Krish de la Bretagne qui m’avait rejoint par une des nombreuses navettes qui fait la liaison avec l’ensemble des quartiers de la ville.
Nous avons alors pris le tram pour aller aux Roches Noires.
Là, nous avons plongé dans la passe, il y avait beaucoup de jeunes gens. J’ai retrouvé dans l’eau, Isa, une ancienne collègue que j’appréciais à l’époque. Elle aussi, je crois. On s’échangea des nouvelles, j’ai appris qu’elle réside maintenant à Saint-Paul. Quand le soleil est devenu trop imposant, nous avons nagé vers la plage. Sur le quai, pendant que nous nous séchions, elle me dit : « Et si nous allions au Ciné Cambaie ce soir ? ». J’acceptais spontanément cette proposition en oubliant même que je devais rentrer à Saint-Denis pour renouveler mon abonnement trimestriel “Tram” qui expirait à ce jour. Mais cela ne pouvait justifier un refus à cette si agréable invitation. Quand nous sommes rhabillés, j’aperçu Krish qui se dirigeait vers nous.
Après s’être restauré hâtivement chez Loulou où nous avons pu déguster un délicieux riz cantonnais, Krish et moi avons repris le tram pour rentrer à Saint-Denis. Aussi vite arrivé, je m’empressais de procéder au renouvellement de mon forfait “Tram”.
Je pris ensuite la même navette que Krish pour aller à mon domicile, au Chaudron.
Fatigué par cette journée exquise bien entamée, je me laissais aller dans une sieste réparatrice qui devait me permettre en toute galanterie d’honorer l’invitation d’Isa.
18 heures passées, je me réveillais et me préparais pour reprendre de tram de 19h30 vers Saint-Paul où m’attendait Isa afin de pouvoir assister à la séance de 20h.
Le film était à la fois drôle et triste. En sortant, nous avons repris le tram pour pouvoir aller dîner au Kélonia. Le repas fut succulent, mais pas aussi pétillant que les yeux d’Isa qui brillaient au-dessus de la lueur incandescente des chandelles. Nous parlions de choses et d’autres et notamment, j’appris qu’elle travaillait au Siège du CHU à Saint-Pierre. La distance ne lui posait guère de difficultés. Il faut dire que les distances sont désormais réduites depuis l’extension du réseau tram-train vers le Sud.
Nous quittions Saint-Leu vers 1h, Isa débarqua à Saint-Paul après avoir échangé nos e-mails non sans l’avoir embrassée tendrement. Je restais éveillé pendant la suite du parcours. En passant au-dessus de la Ravine à Malheur, mon hublot me laissait admirer avec émotion le coucher de lune plongeant dans l’océan et dans un embrasement étincelant la mer. J’arrivais chez moi aux environs de 2h.
Quand je me suis réveillé, j’ai pensé qu’il était dimanche et cela m’a ennuyé : je n’aime pas le dimanche. Alors, je suis retourné dans mon lit pensant à Isa et j’ai dormi jusqu’à 12h.
Je ne voulais pas déjeuner chez mes parents comme d’habitude parce que, certainement, ils m’auraient posé des questions et je n’aime pas cela. Je me suis fait un riz chauffé que j’ai mangé à même la poêle.
Après le déjeuner, je me suis ennuyé un peu et j’ai erré dans l’appartement. Un peu plus tard, pour m’occuper, j’ai pris un livre “D’une île au monde” et j’ai relu quelques passages de pages déjà écornées.
Pour finir, je me suis mis au balcon. Ma chambre donne sur la rue principale du Faubourg. L’après-midi était beau. Un peu plus tard passèrent les jeunes gens du quartier, cheveux hérissés au gel et jeans amples. J’ai pensé qu’ils allaient au cinéma du centre-ville. C’était pourquoi ils se dépêchaient vers le tram en riant très fort. Après eux, la rue peu à peu est devenue déserte... Les trams tout à l’heure bondés étaient presque vides. C’était vraiment dimanche.
Peu après, le ciel s’est assombri et j’ai cru que nous allions avoir un orage d’été. Il s’est découvert peu à peu cependant. Mais le passage de nuées avait laissé sur la rue comme une promesse de pluie qui l’a rendue plus sombre. Je suis resté longtemps à regarder le ciel.
À 18 heures, des tram-trains sont arrivés dans le bruit. Ils ramenaient du stade de Sainte-Marie des grappes de spectateurs. Les trams suivants ont ramené les joueurs que j’ai reconnus à leurs sacs de sport.
La journée a tourné encore un peu. Au-dessus des toits, le ciel est redevenu rougeâtre, et avec le soir naissant, les rues se sont animées. Les promeneurs revenaient peu à peu.
Presque aussitôt, le tram déversa un flot de spectateurs qui rentraient de la ville. Parmi eux, des jeunes gens avaient des gestes plus décidés que d’habitude et j’ai pensé qu’ils avaient vu un film d’action. Certains riaient, d’autres lançaient des plaisanteries aux jeunes filles du quartier dont elles riaient en retournant la tête. Plusieurs d’entre elles que je connaissais m’ont fait des signes.
Les lampes faisaient luire la rue mouillée, et les trams à intervalles réguliers mettaient leurs reflets sur des cheveux brillants, un sourire ou un bracelet.
Peu après, avec les tram-trains plus rares et la nuit déjà noire au-dessus des arbres et des lampes, le quartier s’est vidé insensiblement jusqu’à ce que le premier chat traverse la rue déserte. J’ai pensé à ce moment qu’il fallait dîner. Je suis alors descendu pour prendre à mon tour le tram-train de l’horaire pour aller manger un morceau au front de mer...

Krishna Damour

Train

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