Prévention routière et travail

Les entreprises partenaires de la sécurité routière

1er décembre 2004

Toute entreprise ou employeur a une obligation d’évaluation des risques professionnels. Comme travailler, c’est souvent conduire, l’évaluation des risques routiers fait partie de ces obligations. Par cette démarche, l’entreprise citoyenne devient acteur et ambassadeur de la lutte contre l’insécurité routière.

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“Responsabiliser les donneurs d’ordre et communiquer sur les risques routiers” a fait l’objet d’un atelier de réflexion organisé par l’Association entreprendre pour la sécurité routière au travail à La Réunion (ASSER) (1), à l’occasion de la semaine nationale de la prévention routière. Depuis deux ans, cette association réunit entreprises et collectivités autour d’un travail de sensibilisation des dangers de la route, dans le but de diminuer le nombre et la gravité des accidents.
Engagée dans la veille réglementaire, l’ASSER souhaite promouvoir une culture de la sécurité routière, utilisant différents outils de communication pour augmenter les connaissances des risques routiers, partager les expériences et impulser des actions de prévention. "Nous ne disons pas comment faire la sécurité routière, mais bien comment elle est faite", précise Philippe Maligne, président de l’association.

Informer de la réglementation

Un employeur est souvent soumis à son client, public ou privé, dont les exigences augmentent inconsciemment les risques qu’encourent les employés sur la route et ceux qu’ils font courir aux autres usagers. "Au vu de la situation de la circulation à La Réunion, la vitesse n’offre aucun gain de temps. L’on est vite rattrapé par les embouteillages, alors cela ne sert à rien de faire courir des risques aux autres et à soi-même", souligne Philippe Maligne qui estime qu’il faut communiquer sur les enjeux du risque. Un bulletin d’information régulier délivré par l’ASSER à ses adhérents permet aux entreprises de se tenir informées des points réglementaires et des actions déjà menées en matière de sécurité routière.
Selon le Code de la route (articles R121-1 à 121-5), "...le donneur d’ordre peut être poursuivi s’il donne, en connaissance de cause, à un transporteur, des instruments incompatibles avec la réglementation...". Il a l’obligation réglementaire de veiller aux surcharges, aux durées maximales de conduite journalière, aux durées de travail, à la vitesse maximale autorisée et aux transports exceptionnels.
Le donneur d’ordre, c’est à dire “celui qui, quel qu’il soit, conclut le contrat avec le transporteur” (les chargeurs ou les chargeurs intégrés) doit ainsi s’assurer du contrôle des documents obligatoires (visites technique, assurance, attestation sociale, fiscale...), de la mise en place de procédures rigoureuses, du plan de charge de la planification des transports.

Élaborer un plan d’actions

Pour sensibiliser, l’ASSER envisage deux leviers : la prévention et les sanctions. La rédaction d’une charte de bonne conduite permet selon elle une responsabilisation en amont des donneurs d’ordre. Résultant de ses réflexions, l’ASSER envisage la désignation d’un relais Sécurité routière au sein de l’entreprise qui doit également élaborer un plan d’actions et définir des objectifs quantitatifs. Une analyse interne des accidents et des statistiques qui en découlent permet à l’entreprise de s’auto évaluer. L’ASSER prévoit qu’à tour de rôle, les entreprises adhérentes organisent au sein de leur structure une journée sécurité routière. Les collaborateurs proches y sont conviés pour partager une prise de conscience commune et créer une dynamique interne. L’ASSER souhaite que ces journées interprofessionnelles de la sécurité routière deviennent une habitude, suscitent l’envie de participer, avec présents en filigrane, les enjeux de l’information et de la formation pour faire évoluer lentement les mentalités.
"Dès que l’on s’attache à vouloir faire changer les comportements, il faut répéter, rabâcher et parallèlement réprimer", constate Philippe Maligne qui parle d’effet visible des actions de l’ASSER d’ici 10 ans au moins. L’association mise aussi sur l’image et les spots chocs pour communiquer plus efficacement, délivrer un message direct. L’information des risques encourus en cas de non-respect des règles sécuritaires, - “Qu’est-ce que je gagne ? Qu’est ce que je perds ?” -, est également un outil préventif efficace car dissuasif.
En partenariat avec les fournisseurs, l’ASSER estime que les entreprises leaders (qui ont plus de moyens techniques) doivent servir de locomotive et d’exemple. Philippe Maligne souligne que "Conduire pour soi et penser aux autres doit être un comportement général aux entreprises, comportement qui peut-être un diffuseur".

Estéfany

(1) L’Association entreprendre pour la sécurité routière au travail (ASSER) existe depuis deux ans et compte plus d’une trentaine d’adhérents, du secteur public et privé, des collectivités locales et territoriales, des établissements publics et services de l’administration, des partenaires associés dont le CGSS. 70 entreprises participent régulièrement à ses actions sur la sécurité routière en entreprise. Si vous souhaitez rejoindre l’ASSER, vous pouvez contacter Philippe Maligne au 0262.42.85.52, par fax au 0262.55.18.53 ou par courriel : [email protected]


Le rallye se fait sur circuit

Consignes de sécurité routière et pictogrammes dans les véhicules, campagnes d’affichages internes propres à chaque entreprise, challenge sécurité routière, enregistreur de conduite : l’ASSER a validé, suite à son atelier de réflexion concernant les donneurs d’ordre, un certain nombre de mesures qu’elle condensera dans un guide mnémotechnique d’ici le premier semestre 2005.
Au-delà de l’évaluation des risques routiers, de l’entretien des véhicules avec des fiches de contrôle avant départ pour les conducteurs et de la formation du personnel, l’ASSER estime que l’organisation du travail est fondamentale et se discute entre les entreprises et les donneurs d’ordre. Imposer des délais improbables au conducteur sans tenir compte des temps de trajets et de l’état du réseau routier, c’est envoyer son employé “au casse pipe” et les autres usagers de la route par la même. "La route est un moyen de communication à plusieurs usagers. Le rallye se fait sur des circuits", rappelle si besoin Philippe Maligne.


Le comportement responsable à 80 % des accidents

L’ASSER est consciente que son travail de sensibilisation s’inscrit dans le long terme. Notant que les comportements individuels sont responsables à 80% des accidents professionnels ou lors du trajet pour se rendre au travail, l’association sait qu’il faut aider à une prise de conscience des risques.
L’idée d’un badge vignette par exemple, sur le pare-brise ou dans le véhicule, permet au conducteur d’avoir constamment sous les yeux un rappel des consignes ou une mise en garde des risques routiers. Les disques dans les camions, ou les enregistreurs de conduite avec alarme dans les véhicules légers offrent des surprises aux conducteurs qui n’ont bien souvent pas conscience de leur comportement au volant. Lors des journées de sécurité routière en entreprise, la caméra embarquée et le double rétroviseur démontrent que l’attention au volant peut être rapidement détournée.
Le téléphone en est le meilleur exemple. La peur de la répression policière incite les conducteurs à plus de vigilance, mais bien que le kit main libre soit toléré, Philippe Maligne souligne que le correspondant ne voit pas au bout du fil le danger qui pourrait se présenter au conducteur à la différence du passager qui, à la vue d’un danger interrompt la conversation.
Philippe Maligne se dit favorable à l’apprentissage du code de la route dès 14 ans, avec la sécurité routière comme matière à part entière. Il estime également que le permis de conduire n’est pas donné à vie et que, au même titre que les conducteurs de véhicules lourds qui passent des tests de conduite tous les 3 ans en entreprise, les usagers grand public devraient être astreints à des tests de conduite au moins tous les 5 ans.


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