Après la rencontre entre le Club des Villes Cyclables et le ministre des Transports

’Les premiers jalons d’une stratégie nationale Vélo enfin posés ?’

19 novembre 2005

Comme “Témoignages” l’avait annoncé dans son édition du 4 novembre dernier, une délégation du Club des Villes Cyclables devait être reçue trois jours plus tard par Dominique Perben, ministre des Transports, de l’équipement, du tourisme et de la mer, pour lui faire part des demandes exprimées par les élus de tous bords et associations lors du dernier congrès du Club. Après cette rencontre, la délégation (1) se dit ’optimiste sur la mise en place des trois propositions concrètes qu’elle était venue défendre’ et espère qu’à partir de là ’les premiers jalons d’une stratégie nationale Vélo seront enfin posés’. À condition que les moyens financiers suivent...

Les participants au 16ème congrès du Club des Villes Cyclables à Lille en octobre dernier ont souhaité faire avancer auprès de l’État trois grandes revendications afin de développer l’usage du vélo comme moyen de déplacement :

- que soit définie et mise en œuvre une stratégie nationale “vélo”, intégrée à une politique de déplacements durable et, plus globalement, à une politique de développement durable ;

- que le Code de la route soit doté d’un “Code de la rue”, à l’image de celui mis en place en Belgique, en ouvrant le débat avec les usagers de l’espace public ;

- que soit instauré le chèque-déplacements, pour encourager la mobilité alternative en agissant sur les incitations fiscales.

Un M. ou Mme Vélo

Sur le premier point, Dominique Perben a garanti qu’un Monsieur ou Madame Vélo serait nommé(e) dans les semaines à venir. Rattaché(e) au ministère des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer, avec un champ d’action urbain et périurbain, il aura une mission transversale associant les différentes directions concernées afin de mettre en cohérence les actions dans le domaine de la mobilité et de l’urbanisme.
Le ministre s’est également dit ouvert à la préconisation du Club des Villes Cyclables d’engager une grande campagne de promotion du vélo et des modes doux, introduisant une nouvelle hiérarchie des valeurs et des comportements, délégitimant la vitesse et priorisant la sécurité et la qualité de vie.

Le “Code de la rue” à l’étude

Par ailleurs, Dominique Perben a indiqué qu’il se propose de mettre en place un groupe de travail, sous la direction de Rémi Heitz, délégué interministériel à la Sécurité routière, afin d’étudier la mise en œuvre d’un code de la rue, à l’instar de celui fonctionnant en Belgique, et selon une méthode analogue : commencer par ouvrir le débat impliquant tous les acteurs et aboutissant à des améliorations du Code de la route pour une meilleure prise en compte des cyclistes et des piétons, de leurs droits et de leurs devoirs.
Ce groupe de travail sera également sollicité pour le développement de services comme le marquage des vélos afin de lutter contre le vol, et d’amplifier les effets très encourageant obtenus par le Bicycode lancé et géré par la FUBicy avec le soutien des villes cyclables.

Le chèque-déplacements accessible à tous les modes

Enfin, Dominique Perben va proposer à son collègue Jean-Louis Borloo, ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, chargé par le Premier ministre de la mise en œuvre du chèque-transports, que les associations, et notamment le Club des Villes Cyclables et le GART (Groupement des autorités responsables de transport), participent au groupe de travail qui va être mis en place pour sa création.
Le Club et le GART adressent un courrier commun à Jean-Louis Borloo afin d’être associés à ce groupe de travail. Et poursuivent également leur réflexion sur les modalités de création et de mise en œuvre de cet outil, les dispositions législatives et fiscales et la sensibilisation des acteurs, en relation avec les services du ministère des Transports.
Ces nouvelles sont le résultat d’une prise de conscience croissante chez les élus en France qu’ils doivent s’intéresser davantage à la politique “vélo” et unir leurs efforts pour faire avancer une telle politique. Elles sont aussi un encouragement aux collectivités et associations réunionnaises pour se mobiliser ensemble afin d’accélérer la définition et la réalisation d’une stratégie pouvant faire de La Réunion une île cyclable. (voir encadré)

L.B.

(1) La délégation du Club des villes cyclables, réunissait son président, Denis Baupin, adjoint au maire de Paris ; ses vice-présidents : Serge Morin, vice-président de la communauté d’agglomération Cap Lorient ; Johanna Bougon, vice-présidente d’Amiens Métropole ; Annick de Montgolfier, conseillère de la Communauté urbaine de Strasbourg, ainsi que Jean-Marie Tetart, administrateur du Club des villes cyclables, maire de Houdan, et Véronique Michaud, secrétaire générale du Club des villes cyclables.


Les élus du Club des villes cyclables
pour un chèque-déplacements

Les collectivités adhérentes et les membres du Club des villes cyclables, réunis en assemblée générale le 21 octobre dernier à Lille, ont adopté à l’unanimité une motion en faveur de l’instauration d’un chèque-déplacements "pour plus de solidarité et accessible à tous les modes de transport". Voici le texte de cette motion.

"Dans un contexte de recherches de solutions de nature à renforcer le pouvoir d’achat des ménages, à limiter l’impact de l’augmentation du coût du carburant à la pompe et à diminuer la pollution automobile, il convient de promouvoir tout type de déplacement alternatif à la voiture particulière, notamment pour les déplacements domicile - travail.
Le chèque-déplacements, sur le modèle du chèque-déjeuner, serait facultatif, simple et souple dans son utilisation, pour les salariés qui se rendraient au travail autrement qu’avec leur voiture utilisée "en solo" : en transports publics, à vélo, en taxi, transport à la demande, mais aussi à pied... Pourraient également en bénéficier ceux d’entre eux pratiquant le covoiturage ou l’autopartage. Le chèque-déplacements complèterait ainsi les dispositifs des plans de déplacements d’entreprises (PDE) déjà mis en place par de nombreuses entreprises.
Le Club des Villes Cyclables a proposé au Groupement des autorités responsables de transport (GART) de porter ensemble cette proposition. Ils ont présenté à la presse le 20 septembre dernier leur proposition, ont pris connaissance, avec intérêt, de l’annonce faite par le Premier ministre de l’instauration d’un "chèque-transport" à l’usage des salariés.
Mais pour atteindre le but qu’il se donne, les élus demandent expressément que cet outil ne favorise pas les automobilistes, mais permette d’encourager les déplacements domicile - travail alternatifs à la voiture particulière.
Les élus du GART et du Club des Villes Cyclables demandent à être associés aux travaux de concrétisation de ce dispositif menés par les services de l’État".


Démarche exemplaire de la Région Réunion

Les décisions prises mardi dernier par les élus de la Commission permanente du Conseil régional réjouissent les défenseurs de la politique “vélo” à La Réunion (voir “Témoignages” d’hier en page 8) . Elles montrent que des responsables politiques réunionnais sont déterminés à faire avancer cette cause.
En effet, répondant aux offres de propositions de la Région, une demi-douzaine de communes ont demandé et obtenu de la collectivité des financements de projets favorisant l’usage du vélo comme moyen de déplacement. Les autres communes sont invitées à faire de même.
Au-delà de ces aides financières, il faut souligner le caractère exemplaire de la démarche du Conseil régional : le choix des projets a été fait dans le cadre d’une concertation entre la Région, le Département, les communes et communautés de communes, la DDE et les associations prônant la pratique du vélo. Voilà une méthode démocratique et efficace qui peut porter des fruits dans tous les domaines.

L. B.


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