Combien de transporteurs font-ils rouler des « camions de la mort » ?

Les révélations du « JIR » confirment le danger du chantier de la route en mer

8 septembre 2018, par Manuel Marchal

Dans son édition d’hier, le « Journal de l’île » est revenu sur les conditions de l’accident mortel du 6 novembre dernier, provoqué par un camion livrant des roches pour le chantier de la route en mer. Combien de véhicules chargés de 40 tonnes de galets ont-ils bénéficié de contrôles techniques de complaisance ? L’urgence n’est-elle pas de stopper les livraisons de galets sur le chantier de la route en mer le temps de contrôler tous les camions de manière scrupuleuse, au nom du principe de précaution pour protéger la population d’un danger imminent ?

Selon les informations publiées hier par le « JIR », le camion responsable de l’accident mortel du 6 novembre dernier en bas du viaduc de Saint-Paul n’aurait jamais dû se trouver sur la route. Notre confrère indique que le poids lourd a bénéficié d’un contrôle technique de complaisance. Cela a permis à un transporteur de faire rouler un semi-remorque chargé de galets mal entretenu, faisant courir un risque considérable aux usagers de la route. Cette course au profit a malheureusement enlevé la vie d’une jeune fille de 20 ans, et gravement blessée une autre.

Le 6 novembre, elles étaient à bord d’une voiture prise dans l’embouteillage quotidien de la fin de la route des Tamarins. C’est alors qu’elle ont été écrasées dans leur véhicule à cause d’un camion dont les freins ont lâché.
Selon les extraits du rapport d’expertise du camion cités dans le « JIR » d’hier, les freins de la remorque chargée de galet étaient « inexistants », avec en plus un « système d’ABS déconnecté ». Et le « JIR » de poursuivre : « L’état général du tracteur laisse lui aussi à désirer avec une appréciation peu flatteuse du style : « Plutôt mauvais. » Les tambours des freins ont subi des déformations au point de virer au bleu. Cela témoigne d’un état de surchauffe manifeste que le frein additionnel dénommé « Voith Retarder » aurait pu largement atténuer même s’il est optionnel. Seulement voilà : il était tout bonnement déconnecté. À dessein ». Le tracteur a déjà parcouru plus d’un million de kilomètres.

Pratique courante selon le chauffeur

Or, le contrôle technique de la remorque n’avait qu’un mois. Et les valeurs relevées dans le procès verbal du contrôle technique sont bien différentes de celles de l’expert qui a examiné l’engin après l’accident. « Jamais un poids-lourd ne peut passer d’un état satisfaisant à un freinage néant sur deux essieux en un mois. L’état très vétuste d’usure démontre que le véhicule a été présenté au contrôle en l’état et validé par le centre de contrôle. », indique le rapport cité par le « JIR ».

Dans son édition du jour, notre confrère enfonce le clou, en donnant la parole au chauffeur du camion responsable de l’accident. D’après lui, les patrons s’arrangent avec le centre de contrôle technique pour que ce dernier ferme les yeux sur les défauts de sécurité. Pendant le contrôle, le chauffeur reste à l’écart. Le conducteur laisse entendre que ce sont des pratiques courantes couvertes par une omerta dans la profession, où le chantage à l’emploi fait taire ceux qui voudraient dénoncer ces dangereuses pratiques.

Contrôler d’urgence tous les camions

Rappelons que le lancement du chantier de la route en mer a entraîné la multiplication des semi-remorques de 38 tonnes chargés de galets sur le réseau routier. Or, si le chantier de la digue entre La Possession et la Grande Chaloupe est lancé, alors ce nombre va encore augmenter. Les révélations du « JIR » montrent le danger que le projet de route en mer fait donc courir à la population. En effet, combien de camions de ce type ont-ils bénéficié d’un contrôle technique de complaisance ?

Cette question relève manifestement du trouble à l’ordre public. Elle appelle à des mesures efficaces visant à protéger la population d’un danger imminent. Il appartient aux autorités de prendre leurs responsabilités en interdisant à tous les camions livrant des galets à la NRL de circuler, le temps de leur faire subir un contrôle technique véritablement impartial. Il conviendra également de sanctionner les patrons transporteurs et les centres de contrôle technique qui font courir un risque permanent sur la sécurité de la population.

M.M.

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