Une délégation de camionneurs reçue au Département

Les transporteurs demandent des comptes à la Région Réunion et menacent de bloquer

8 octobre 2019, par Manuel Marchal

Hier, l’intersyndicale des transporteurs accompagnée de la CFDT et de Jeunes agriculteurs a rencontré hier le président du Conseil départemental. Les camionneurs demandent que l’extraction d’andains des exploitations agricoles soit facilitée. Cette solution à court terme sera loin de suffire pour relancer le chantier de la route en mer qui s’arrêtera au mois de mars après la démonstration que les matériaux indispensables au projet de Didier Robert n’existent pas. C’est pourquoi les organisations patronales et la CFDT veulent absolument rencontrer l’État et la Région et menacent de tout bloquer si les négociations avec les responsables de leurs difficultés ne se tiennent pas.

Bien que le Département ne soit pas concerné par le fiasco du chantier de la route en mer, le président de cette collectivité a bien voulu recevoir hier une délégation d’organisations patronales de transporteurs, Jeunes agriculteurs ainsi qu’un syndicat de travailleurs, la CFDT. Cette délégation visait à faire part des sérieuses inquiétudes qui pèsent sur l’avenir faute de garantie sur la poursuite du chantier de la route en mer.

Vendredi dernier, les transporteurs ont indique que 200 camions neufs, d’une valeur de plusieurs centaines de milliers d’euros chacun, ont été importés et achetés par des entreprises à La Réunion dans un seul but : transporter des roches jusqu’à la mer pour construire une digue entre La Possession et la Grande Chaloupe. Cette section représente bien plus de la moitié des matériaux nécessaires au chantier dans sa globalité, mais les roches si indispensables ne sont pas disponibles à La Réunion. Ce n’est pas une nouveauté, car dès la présentation du projet pharaonique de Didier Robert, l’Alliance, le Parti communiste réunionnais, ainsi que plusieurs associations dont ATR-FNAUT avaient mis en garde contre la contradiction entre un projet taillé sur mesure pour des transporteurs, et les lois de la physique dont découle cette réalité implacable : pas de matériaux, pas de route.

La demi route en mer ne règlera rien

Mais la Région a préféré entraîné l’État dans une fuite en avant, volant au secours des turpitudes du Groupement attributaire d’un marché de plus d’un milliard d’euros à l’époque, et incapable de mettre à disposition du chantier les matériaux nécessaires à sa réalisation. Gageons que ceux qui ont cru à la promesse de Didier Robert savent désormais à quoi s’en tenir. Ils ont sans doute compris que si Paul Vergès a été capable de faire construire la Route des Tamarins, la volonté de Didier Robert de vouloir marquer l’histoire comme son prédécesseur à la tête de la Région s’est heurté à l’incapacité de l’ancien maire du Tampon à mener à bien un grand chantier.

D’où l’impasse actuelle dans laquelle se trouvent les transporteurs, sans compter les centaines de travailleurs au chômage technique, et la quasi-certitude désormais qu’en persistant sur le choix de la digue, Didier Robert ne montrera en tout et pour tout qu’au lieu des deux grands chantiers, tram-train et nouvelle route du littoral, qui auraient été réalisés si les fonds obtenus par Paul Vergès avaient été utilisé comme prévu, le bilan ne sera qu’une demi-route en viaduc entre Saint-Denis et la Grande Chaloupe. Cela signifie qu’à chaque épisode pluvieux comme hier, les usagers continueront à subir les effets du basculement, qui provoquent des kilomètres d’embouteillage à l’entrée et à la sortie de la route du littoral. La seule différence sera que les automobilistes seront englués dans un bouchon qui s’étalera depuis la Grande Chaloupe jusqu’à Saint-Denis.

La Région va-t-elle pousser au blocage ?

La rencontre avec le Département a tourné autour de la question des andains, ces roches qui sont dans les champs des exploitations agricoles. Ceci rappelle que pour certains, le fantasme des andains comme solution miracle persiste, alors que le principal problème des agriculteurs est de vivre dignement de leur travail de paysan, pas de vendre des pierres.

Le Département s’est montré réceptif aux revendications, mais l’essentiel se jouera ailleurs, entre les transporteurs, l’État et la Région. Faute d’ouverture de négociations, les transporteurs menacent de dresser des barrages pour paralyser La Réunion. Souhaitons qu’en cas de blocage, la population ne soit pas prise en otage mais que la colère des transporteurs se limite à cibler les responsables de la crise, qui refusent pour le moment une expertise financière, technique et environnementale, moyen indispensable de sortir de la crise par le haut de la crise créée par l’intransigeance de Didier Robert.

M.M.

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Messages

  • Mettre les camions sur les rails, dans les 2 sens du terme. Arrêter de polluer, trop c’est trop ! Avec tous ces gros moteurs diésels qui foncent, encombrent, crachent des fumées chargées de micro particules cancérigènes, qui sont piéges dans nos poumons ; ceux de nos bébés... On doit changer de paradigme, tout simplement, oser changer, penser à l’avenir de la Planète Terre, Gaia. Montrer l’exemple pour la Fance, la région. En conclusion, faire en sorte que l’on sache qu’à la Réunion, on a dit NON à toute cette folie qui fait que nous en sommes là ; au bord du précipice.
    Individualiste, comme le système nous envourage à l’être à coups d’arguments stupides, ridicules, des pubs, clips pour notre temps de libre de nos cerveaux pourtant développés d’humains soit-disant responsables, tu parles Charles !

    Nous verrons bien quand et qui aura le courage de proner l’altruisme en lieu et place de ce que l’on voit. Des consommateurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. C’est bien dommage. La frime, la mode, c’est bien gentil, beau pour certain mais beauf pour pas mal aussi. Elle se démode vite, la liste est longue, résultat aussi de l’obsolescence programmée, comme nous finalement, si on réfléchit bien. Les étudiants réagissent, se disent, réalisent que l’avenir ne sera pas rose pour eux. Difficulté pour s’orienter, se loger, manger sainement, des produits sans pesticides, ni exhausteurs de goût, signe de leur insipidité. Faire des études, décrocher un diplôme, puis un stage, puis un emploi, intérimaire puis CDD, puis enfin le CDI.

    Rallonge de la "carrière", alignement par le bas des pensions, bravo le progrès ?! Qu’en pensez-vous ? Arthur qui tousse, sans fumer, mais respire, des gaz pas vraiment clean, Atchoum et beurk ! ! ! .


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