Aménagement, transports et déplacements

Mieux se déplacer... Moins se déplacer ?

23 septembre 2004

La première rencontre régionale du premier Débat public organisé Outre-mer a eu lieu au Port mardi soir. Une centaine de personnes se sont interrogées sur les enjeux que représentent le tram-traim et la nouvelle route littorale pour La Réunion future.

Le premier Débat public annoncé depuis le début du mois n’a pas déçu ses organisateurs et participants. Une centaine de personnes présentes mardi soir au Crayon, une trentaine de questions ou observations partagées.
Le maire du Port, Jean-Yves Langenier, a fait observer en conclusion de trois heures de débat ce qu’il trouvait de symbolique dans la tenue de cet événement en pleine ville du Port, point de départ historique des transports à La Réunion a-t-il dit en substance, dans un rappel du premier aérodrome, puis du creusement du port suivi du chemin de fer.

Il y a quelques mois, lors de la présentation par la Région des études demandées à la direction départementale de l’équipement pour un “maillage” des transports aux nœuds du futur tram-train, nous avions comparé la donne réunionnaise à une partie de go grandeur nature entre tenants des transports en commun et fans du tout-automobile. Plusieurs interventions faites mardi soir sont venues rappeler que, pendant les débats, la partie continue...

"Il aurait fallu faire cela il y a vingt ans"

Le débat réunionnais porte sur deux projets présentés comme "complémentaires". Les deux maîtres d’ouvrage - Michel Le Bloas pour la DDE et Philippe Berne pour la Région - les ont détaillés dans leurs différents enjeux (environnementaux, sociaux, financiers), d’ici les années 2012 à 2020 : un milliard et demi d’euros dans les huit prochaines années pour une liaison Saint-Benoît/Saint-Paul (1ère phase) en tram-train, doublée d’un “maillage” (bus, taxis, deux-roues...) dont les premiers jalons sont en cours de réalisation. Comme l’a exprimé le directeur de la DDE, le passage du tout-automobile au transport en commun ne se fera pas "d’un seul coup en 2012. Il faut le préparer".
Le conseiller régional Philippe Berne a pour sa part regretté le retard pris dans la mise en œuvre des solutions. "Il aurait fallu faire cela il y a vingt ans" a-t-il dit en substance, en stigmatisant "l’imprévoyance des décideurs du passé".
La nouvelle route littorale présente pour le moment plusieurs options : passer par les hauts, abattre un bout de falaise, combler la route actuelle, creuser des tunnels, créer des transports maritimes ou faire une route digue. Cette dernière hypothèse aurait pour l’heure la préférence de la DDE : couplée avec de nouveaux tunnels, elle permettrait le passage du tram-train sur la liaison Ouest-Nord, soit une économie de 100 millions d’euros sur un projet estimé à un milliard d’euros (10%).
À ce moment du débat, le président de la commission a invité les participants à débattre réellement des différentes solutions (*) et à ne pas les considérer comme déjà arrêtées.

"Pourquoi pas un téléphérique ?"

Les questions de la salle ont soulevé des problèmes de fond - par exemple, sur l’utilité réelle de joindre les deux projets, rail et route - ou d’autres liés aux modalités de réalisation. L’un des membres de la Commission, Jean Chatel, a observé à un moment du débat que les questions soulevées, toutes jugées "très intéressantes", se situaient "à un temps T" (présent) et qu’il lui semblait nécessaire de faire plus de prospective, en essayant de se représenter les problèmes non pas de La Réunion d’aujourd’hui mais de celle de 2010 ou 2015.
Un autre participant a jugé les problématiques exposées "trop tributaires de la situation actuelle, dont elles projettent les principales données dans le futur, sans en changer la donne", à son avis. Il a demandé si la question “comment mieux se déplacer” ne pouvait pas être aussi "comment moins se déplacer" ? La question a fait mouche, mais personne ne perd de vue non plus que le changement essentiel attendu des problématiques présentes est l’instauration d’un service de transports en commun de qualité.

Différentes propositions sont venues compléter les échanges - "Pourquoi pas un téléphérique ?" a lancé un participant ; "J’attends le retour du train" s’est souvenu un autre - et le président, le géographe René Robert, a insisté pour que le plus grand nombre de propositions et de questions parvienne au secrétariat de la commission, par tous les moyens disponibles.
D’autres débats doivent avoir lieu dans le Sud, le 28 septembre ; dans l’Est, le 30 septembre et dans le Nord (salle Candin), le 5 octobre. Des ateliers thématiques sont également prévus les 13, 14 et 15 octobre sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir. Il reste à souhaiter à la suite du débat d’être aussi riche et aussi vivant que celui du Port.

P. David

(*) Pour participer au débat : le secrétariat de la commission est à la MRST 100 Route Rivière des Pluies - BP 7192 - 97419 Saint-Denis cedex 9. Tél : 0262.92.29.40.
par mail : contact@debat-mieuxsedeplacer-re
Il est aussi possible d’envoyer questions et observations par “lettre T” (envoi gratuit) distribuée avec le n°1 du Journal du Débat. Un n° 2 suivra.


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