Pour le quart du prix d’une demi-route en mer de quelques kilomètres
Namibie : 400 millions d’euros pour une ligne de 207 km, à quand le train à La Réunion ?
2 novembre 2023
Un prêt de 196 millions d’euros de la Banque africaine de développement finance 51,8 % d’une ligne nouvelle de chemin de fer en Namibie. Pour moins de 400 millions d’euros, une ligne de 207 kilomètres sera construite. Pendant ce temps à La Réunion, toujours 0 kilomètre de voie ferrée. Ces 400 millions d’euros représentent le quart de ce qui a été dépensé dans notre île pour livrer une demi-route en mer...
L’appui financier de la Banque représente 51,8 % du coût total du projet, le gouvernement namibien apportant les 48,2 % restants. Le projet permettra d’améliorer la chaîne de valeur logistique, en s’attaquant aux goulets d’étranglement de l’infrastructure de transport ferroviaire qui entravent la fourniture de services ferroviaires. Sa mise en œuvre permettra de renforcer la compétitivité commerciale de la Namibie et de la sous-région de la Communauté de développement d’Afrique australe.
Le projet prévoit de construire un nouveau tracé à proximité de la ligne existante de 207 kilomètres de voie ferrée permanente entre Kranzberg et Otjiwarongo grâce à l’utilisation de traverses en béton et de nouveaux rails de 48 kilogrammes par mètre. Au total, 16 ponts seront construits et deux gares rénovées, et 55 000 tonnes de rails et d’aiguillages seront fournis pour l’ensemble des 518 kilomètres de voies ferrées. Le projet prévoit également de moderniser le système de signalisation ferroviaire le long de la ligne Walvis Bay-Tsumeb, afin d’améliorer sa fiabilité, sa sécurité et sa capacité, ou le débit du système ferroviaire.
« Le projet maximisera les avantages et sera transformateur pour la compétitivité de la Namibie. Il contribuera à réaliser la vision du pays de devenir un centre logistique régional d’ici 2030 tout en catalysant le changement de développement dans les pays voisins et dans la sous-région », a déclaré Leïla Mokkadem, directrice générale de la Banque africaine de développement pour l’Afrique australe avant d’ajouter : « Ce projet ralliera également la Namibie à la ceinture de cuivre de l’Afrique et réalisera une connectivité ferroviaire régionale ».
« Transport ferroviaire abordable, fiable et sûr »
La majeure partie de la ligne ferroviaire traverse des terres agricoles à vocation essentiellement commerciale et quelques zones urbaines. La ligne ferroviaire modernisée aura un nouveau tracé à proximité de la ligne ferroviaire existante. Les automobilistes, les communautés agricoles et les industries situées le long du corridor bénéficieront d’un temps de déplacement et de transport des marchandises réduit, d’une augmentation des opportunités économiques grâce à un transport ferroviaire abordable, fiable et sûr, stimulant le développement régional et national. Les coûts d’entretien des routes devraient également être amoindris.
Après avoir financé l’agrandissement du terminal à conteneurs du port de Walvis Bay, la banque soutient l’intégration régionale de la Namibie en construisant des infrastructures portuaires et ferroviaires essentielles pour relier le pays au reste de la région, déplacer les marchandises, soutenir les chaînes de valeur et promouvoir le commerce.
Le Groupe de la Banque africaine de développement opère en Namibie depuis 1991 lorsque le pays a adhéré à l’institution. Après un ralentissement entre 2001 et 2009, ses interventions se sont intensifiées ces dernières années. Le 30 septembre 2023, le portefeuille actif du Groupe de la Banque en Namibie était estimé à 687 millions de dollars répartis sur dix opérations dans six secteurs : le transport (15,6 %), la finance (35,1 %), le multisectoriel (18,1 %), l’eau (15,3 %), l’agriculture (7,9 %) et le secteur social (8 %).