Avec la fermeture (provisoire ?) de la route du littoral

Nous pouvons penser autrement

5 avril 2006

Promotion des deux-roues, encouragement au covoiturage, redéploiement des effectifs : depuis quelques jours, La Réunion n’a plus le même visage. Les Réunionnais montrent qu’ils sont capables de changer de mentalité.

Appels au covoiturage sur les ondes du service public, mise à disposition d’un grand parking gratuit surveillé à Saint-Paul, navettes entre Saint-Denis et Le Port à des fréquences régulières, déménagements temporaires : depuis la fermeture de la route du littoral, les Réunionnais tentent de trouver des solutions pour limiter le flux des véhicules sur la route de La Montagne. Il est clair que cette dernière ne peut pas accueillir tout le trafic que nous connaissions jusqu’au 24 mars dernier sur la liaison La Possession/Saint-Denis.
Alors, par la force des choses, émergent des solutions qui visent à diminuer le nombre de véhicules sur la route.
Il est intéressant de voir que le covoiturage bénéficie largement du soutien du service public d’information. C’est une solution rapide à mettre en œuvre qui diminue automatiquement le nombre de voitures en circulation. Autre intérêt : moins de consommation d’énergie par personne transportée.
Néanmoins, en passant par La Montagne, il faut toujours une bonne heure pour aller du Port à Saint-Denis, sans embouteillage.
Alors certains préfèrent s’organiser dans la mesure du possible pour ne pas à “faire la route”. Cela va de l’hébergement à l’hôtel ou dans la famille, à la réaffectation des postes de travail. Chacun tente alors de faire contre mauvaise fortune bon cœur en se disant que tout ceci n’est que provisoire et que la Route du littoral va bien ouvrir à nouveau, et à brève échéance. Tel est sans nul doute le sentiment partagé par le plus grand nombre.

D’autres solutions

Au-delà de la réponse à la question “ouvrir - pas ouvrir ?”, il est indéniable que priver les Réunionnais de la route du littoral a amené à imaginer d’autres solutions.
Sur le plan professionnel, on peut imaginer que si cette contrainte persiste, un rééquilibrage va arriver de fait. Ainsi, une entreprise ou une administration ayant 2 sites, un à Saint-Denis et un à Saint-Pierre, aura tout intérêt à faire travailler dans la capitale des personnes habitants dans l’Est ou le Nord, alors que son siège saint-pierrois visera, lui, à regrouper les salariés résidant entre La Possession et Saint-Philippe.
Autre conséquence : le chef d’une entreprise du Port va-t-il embaucher un salarié habitant dans l’Est ? Il doit maintenant considérer qu’entre le domicile du collaborateur et son lieu de travail se trouve un massif montagneux que l’on ne peut franchir que par 40 kilomètres de virages ou par une voie rapide tracée sous une falaise qui menace à chaque instant de l’engloutir à nouveau. La même question se pose pour une entreprise sainte-marienne qui serait tentée de recruter un habitants de l’Ouest ou du Sud. Cette nouvelle donne nous amène à reposer, de façon très concrète cette fois-ci, le problème d’un nécessaire rééquilibrage entre la capitale et le Sud, surtout quand la réalité de la géographie reprend ces droits.

Deux-roues et covoiturage

Jamais on avait fait autant d’efforts pour tenter de convaincre les Réunionnais de limiter leurs déplacements en voiture. Et on a vu fleurir des publicités pour les deux-roues, qui sont moins polluants et nettement moins encombrants que les automobiles.
Quant à la mise à disposition d’un vaste parking gratuit et gardé par une municipalité de l’Ouest, c’est une proposition qui est de nature à intéresser tous ceux qui veulent transformer leur voiture en un mini transport collectif. N’est-ce pas une préfiguration de ce que seront les futures gares du tram-train ?
Un peu plus de 10 jours de fermeture ont montré que les Réunionnais arrivent à s’adapter, à imaginer d’autres modes de déplacement, voire une autre manière de vivre. C’est un enseignement positif que nous pouvons tirer de cette période : les mentalités peuvent évoluer. Gageons que ces avancées ne seront pas oubliées quand la circulation sera plus facile.

Manuel Marchal


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