La Région lance une consultation publique sur ce grand chantier

Nouvelle route du Littoral : informer tous les Réunionnais

8 août 2008, par Manuel Marchal

Hier à la Région, la collectivité et la DDE ont indiqué les objectifs de la concertation publique sur la nouvelle route du Littoral actuellement en cours. À cette occasion, Paul Vergès a présenté la vision de la Région sur le problème des transports dans l’aménagement du territoire de La Réunion. Le maître-mot est d’anticiper sur les urgences de La Réunion et sur les besoins futurs d’une île qui comptera un million d’habitants.

(photo PB)

Paul Vergès, président de la Région, Philippe Berne, vice-président de la collectivité délégué à l’Aménagement, et la DDE ont présenté hier à la presse les objectifs de la consultation publique sur la nouvelle route du Littoral, ainsi que la place de ce grand chantier dans l’aménagement du territoire de La Réunion du million d’habitants.
La nouvelle route vise à réparer les conséquences d’une décision vieille d’un demi-siècle, qui pénalise, depuis, le développement de La Réunion. Il s’agit en effet de mettre en service une liaison totalement sécurisée entre La Possession et Saint-Denis. C’est un chantier complémentaire à celui du tram-train qui reliera d’ici cinq ans Sainte-Marie à Saint-Paul en franchissant le massif de la Montagne sur un itinéraire lui aussi totalement sécurisé.
La consultation publique n’est pas obligatoire, précise la Région. Mais elle donnera les moyens à la population de s’informer sur l’importance de cet investissement, sa complexité, ainsi que sur la gravité et l’origine du problème.

La question des coûts

C’est en effet un chantier sans précédent pour La Réunion. Le choix d’une route digue et de viaducs est arrêté sur une majeure partie du parcours. Il faut donc relever le défi d’amener une masse considérable de matériaux sur le chantier. Depuis la décision du tracé en digue, de nouvelles données sont connues concernant la nature et la profondeur des fonds marins sur lesquels s’appuiera l’ouvrage. Ce sont des éléments nouveaux, qui doivent être diffusés auprès du public le plus large.
La question du financement est également à l’ordre du jour. Paul Vergès rappelle que l’inflation a fait augmenter le coût de la route des Tamarins de 260 millions d’euros. Outre la hausse des prix des matières premières, le chantier doit aussi tenir compte de celle du fret, avec l’annonce aujourd’hui d’une hausse de 10% à prévoir. Le président de la Région indique que l’enveloppe prévisionnelle a été inscrite dans le Protocole de Matignon signé par la Région et l’Etat, et que si hausse il y a, elle est répartie entre les différents partenaires de cette convention de financement.
Outre ces contraintes techniques et financières, la nouvelle route doit être réalisée dans l’urgence. Le délai fixé est 2017, soit dans moins de 10 ans. De plus, cet équipement doit également anticiper ce que sera La Réunion du million d’habitants. Quels seront nos modes de vie ? Combien de Réunionnais utiliseront des automobiles ? Tout cela doit être pris en compte.
Cette volonté d’anticiper, que la Région met au cœur de ses politiques, est ce qui a manqué à ceux qui ont décidé de supprimer le chemin de fer et de construire une route au pied de la falaise entre Saint-Denis et La Possession. Cinquante ans plus tard, nous continuons à payer les conséquences de ce manque d’anticipation de la part de décideurs dont les Réunionnais ont oublié les noms.

Nécessité d’anticiper

Paul Vergès rappelle qu’au moment où cette double décision a été prise, La Réunion était une société de plantation, aux besoins de déplacement réduits. La majorité de la population vivait de l’agriculture, et le volume des exportations était égal à celui des importations, soit 300.000 tonnes.
Cinquante ans plus tard, notre pays est devenu une société de services, ce qui signifie de grands besoins de mobilité. Ce phénomène est illustré par les 100.000 automobiles qui convergent tous les jours vers les administrations, les entreprises ou les services de Saint-Denis. De plus, si en cinquante ans, le volume des exportations n’a pas augmenté, celui des importations a été multiplié par dix. « Nous devons donc trouver une solution pour que puissent circuler chaque année à La Réunion plus de trois millions de tonnes de marchandises, et 500.000 tonnes de déchets », dit en substance Paul Vergès.
Enfin, les contributions recueillies au cours de cette consultation publique feront l’objet d’une analyse par les services de la Région et de la DDE.
Si elle se déroule dans les mairies de La Possession et de Saint-Denis, cette consultation est ouverte à tous les Réunionnais. Chacun pourra ainsi avoir à sa disposition le maximum d’information sur un chantier décisif pour l’aménagement du territoire de La Réunion du 21ème siècle.

Manuel Marchal


Pose de filets : l’État refuse de contribuer

Face à l’urgence provoquée par les chutes de pierres sur le tracé actuel, la décision a été prise de poser des filets en de nombreux endroits de la falaise et de surélever le mur de gabions. Au moment de la décision, l’Etat avait la compétence des routes nationales, et donc de la route du Littoral. La Région a contribué à 50% du financement, en prélevant des crédits européens destinés à financer des études pour la nouvelle route.
Au terme de ce chantier de sécurisation, il apparaît indispensable de poser des filets tout au long des douze kilomètres de la route actuelle. L’investissement se chiffre à 51 millions d’euros. Sollicité, l’Etat refuse de financer quoi que ce soit. Selon lui, puisque la Région a la compétence sur les routes nationales depuis le 1er janvier 2008, c’est à elle de tout payer. Et il propose à la Région d’augmenter le FIRT de 25 millions d’euros pour couvrir les frais entraînés par ce chantier de sécurisation.
Rappelons que le FIRT est une taxe prélevée sur les carburants. Augmenter le FIRT, c’est donc augmenter le prix des carburants. Autrement dit, ce que propose l’Etat, c’est diminuer le pouvoir d’achat des Réunionnais.


Pour la mémoire des Réunionnais

Paul Vergès rappelle que la décision de construire la première route du Littoral date d’un demi-siècle, au terme d’un long débat. En effet, la construction de cette route était liée à la suppression du chemin de fer. À l’époque, le train était le moyen de déplacement principal des Réunionnais. Il servait au transport des voyageurs, mais était également l’outil qui permettait aux usiniers de recevoir les cannes, et de convoyer le sucre produit vers les quais du port. Les usines sucrières du littoral étaient ainsi reliées au réseau ferroviaire.
Le débat a débouché sur une décision : la suppression du chemin de fer dont l’infrastructure a été détruite, et la construction d’une route en pied de falaise entre Saint-Denis et La Possession. Face aux chutes de pierres et de bétail, une deuxième route a été construite dans les années 70. C’est celle qui existe aujourd’hui, et force est de constater sa vulnérabilité aux chutes de pierres et aux effondrements de la falaise.
Devant l’impossibilité de sécuriser totalement cette route, la décision a été prise de construire une troisième route. Son financement est acté dans le Protocole de Matignon, signé le 18 janvier 2007 par le président de la Région et le Premier ministre.
Cette nouvelle route du Littoral est suffisamment éloignée de la falaise pour être à l’abri de tout risque de chute de pierres. Mais elle doit tenir compte du facteur de la houle, et de la profondeur des fonds là où elle doit être construite. De plus, les impacts des cyclones s’amplifient avec le réchauffement climatique, la nouvelle route doit donc prendre en considération tous ces facteurs. Elle devra donc se situer à 12 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit 4 mètres de plus que la route actuelle.
On ne peut donc que déplorer que la décision prise voici 50 ans a, depuis un demi-siècle, un impact sur toute la vie de La Réunion. Et qui se souvient des noms de la majorité du Conseil général de l’époque qui avait voté pour la route du Littoral, et du préfet qui a pris la décision de suivre ce vote ?
« C’est ce manque de mémoire que l’on veut corriger avec cette consultation », précise Paul Vergès.

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