La seule conséquence concrète des discussions entre la Région Réunion et le Groupement

NRL : Accord pour déminer le terrain à Sébastien Lecornu

4 août 2020, par Manuel Marchal

Au terme de la rencontre tenue deux jours durant en préfecture la semaine dernière entre le Groupement et la Région Réunion au sujet du financement de la route en mer, un accord a été trouvé. Seul l’État a officiellement communiqué à ce sujet, annonçant uniquement une reprise du chantier le 15 septembre, mais n’abordant pas le volet financier qui reste totalement opaque. Le 15 septembre se situe après la date de la visite prévue à La Réunion du ministre des Outre-mer. Si les transporteurs croient que cet accord va les sauver, alors ils se tiendront tranquilles jusqu’au 15 septembre et ne perturberont pas la visite ministérielle. N’est-ce pas cela qui était le plus important pour les différents acteurs de la NRL ? Il est facile d’imaginer qu’une visite émaillée d’incidents n’aurait pas été dans le sens d’un dialogue serein en vue de demander à l’État de venir en aide à la Région pour financer la seconde partie de la route en mer.

Sébastien Lecornu.

Depuis vendredi, le calme est revenu chez les transporteurs. En effet, un accord a été conclu entre la Région Réunion, maître d’ouvrage de la route en mer, et le Groupement GTOI-SBTPC-Vinci, bénéficiaire du marché. Il prévoit un démarrage du chantier de la construction de la digue entre la Grande Chaloupe et La Possession.
Commencée jeudi, la réunion tenue sous l’égide de l’État en préfecture visait à concilier les points de vue de la Région Réunion et du Groupement. Au terme de cette rencontre, voici la seule information officielle, elle émane de l’État, qui a publié vendredi soir un communiqué de presse dont voici la teneur :

« Engagées jeudi matin à la préfecture de La Réunion sous l’égide du préfet, les discussions entre le Conseil régional de La Réunion et le groupement constructeur de la Nouvelle route du littoral ont abouti ce vendredi à 22 heures.
L’accord conclu permet la reprise des travaux de construction de la digue à partir du 15 septembre prochain. Il contribue ainsi à la relance de l’activité économique à La Réunion par la mobilisation de plusieurs entreprises et de nombreux travailleurs.
L’Etat se félicite de la conclusion de cet accord qui permet de poursuivre la construction de cet ouvrage essentiel à la sécurité des Réunionnais. »

Souvent prompte à communiquer, la Région Réunion n’a pas jugé utile de le faire jusqu’à présent. Il serait question d’une conférence de presse cette semaine. Le Groupement n’a pas non plus fait de commentaire.

Les majors du BTP pas des philanthropes

La seule déclaration officielle est donc à mettre au crédit de l’État. Elle reste silencieuse sur les conditions de l’accord et se contente d’annoncer une date, le 15 septembre.
Tout le reste ne peut donc être que spéculation. La thèse la plus souvent évoquée fait état d’une rallonge de 40 millions d’euros. Comme aucun des acteurs de cette réunion n’a encore communiqué par écrit à ce sujet, il est bien difficile de savoir qui va payer : la Région qui a baissé son budget de plus de 200 millions d’euros cette année ou l’État ?
Rappelons qu’au départ, une somme supérieure à 150 millions d’euros a circulé concernant la rallonge demandée par le Groupement. Personne ne peut croire que ces mutinationales du BTP sont des philanthropes. D’où un questionnement légitime sur un accord où la somme évoquée publiquement à la sortie est plus de 3 fois inférieure à ce qui était demandé, soit une ristourne d’au moins 100 millions d’euros !

Le ministre arrive avant le 15 septembre

Nul doute que si cet accord offrait la garantie au redémarrage du chantier en vue de son achèvement, la Région Réunion se serait empressée de communiquer. Au lendemain d’une claque électorale à Saint-Denis, toutes les occasions de remonter la popularité de Didier Robert, président de la Région, devraient être mises à profit dans la perspective des élections régionales prochaines. Mais ce n’a pas été le cas.

En effet, qui peut croire que le problème des matériaux, une question sans réponse depuis 10 ans, aurait été réglée durant ces deux jours de discussions. Le dernier avis rendu le 22 juillet dernier par l’Autorité environnementale a en effet rappelé que l’ouverture de l’indispensable carrière à Bois-Blanc n’est pas près de se faire.

Il ressort donc que l’accord conclu vendredi à la Préfecture ne contient qu’une seule certitude : il contribue à déminer le terrain dans la perspective de la prochaine visite à La Réunion du ministre des Outre-mer. Celle-ci étant prévue avant le 15 septembre, cela signifie que Sébastien Lecornu n’aura pas à faire face à des barrages de camionneurs ou à un blocus de la Région durant sa visite ministérielle. N’est-ce pas cela le plus important pour les différents acteurs de la NRL ? Il est facile d’imaginer qu’une visite émaillée d’incidents n’aurait pas été dans le sens d’un dialogue serein en vue de demander à l’État de venir en aide à la Région pour financer la seconde partie de la route en mer.

M.M.

A la Une de l’actuRoute du littoralDidier Robert

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