Le projet pharaonique de Didier Robert privera-t-il l’économie réunionnaise d’une partie de « France Relance » ?

NRL : expertise financière, technique et environnementale plutôt que détournement du Plan de relance pour La Réunion

4 septembre 2020, par Manuel Marchal

10 ans après l’annonce du projet et 7 ans après la pose de la première pierre du chantier, le gouvernement confirme sa volonté de donner encore de l’argent public pour financer la construction de la seconde partie de la route en mer dite « NRL », alors que ce projet n’est pas nouveau et encore moins une contribution à la transition écologique. Or, non seulement cette ponction des fonds du Plan de relance destinés à La Réunion privera l’économie réunionnaise d’une manne importante, mais en plus aucune expertise financière, technique et environnementale n’a jamais été réalisée pour savoir s’il sera possible de terminer le chantier selon le projet actuel et à quel coût pour les contribuables.

Le Plan de relance post-COVID a été présenté hier en Conseil des ministres. Baptisé « France Relance », il s’agit d’un plan global de soutien de 100 milliards d’euros, dont 40 milliards sont financés par l’Union européenne. Sur cette somme, 1,5 milliard d’euros sont destinés à l’ensemble des collectivités de la République ne se situant pas en Europe, c’est-à-dire « les Outre-mer ».
Plusieurs remarques sur son contenu peuvent déjà être faites.

50 % du montant moyen par habitant en France

Tout d’abord, comme l’a rappelé le député Philippe Naillet dans les colonnes du « JIR » de ce matin, la population de ces territoires représente 3 % de cella de la République, mais elle ne bénéficie que de 1,5 % du montant total. Autrement dit, rapportée au nombre d’habitants, l’aide versée par l’État dans le cadre de son Plan de relance sera deux fois plus importante en moyenne en France et en Corse que dans les autres territoires de la République.
Ensuite, il est à noter que la part de La Réunion dans cette enveloppe n’est pas encore connue précisément.

Plan de relance pour un chantier commencé depuis 7 ans ?

Ensuite, La Réunion s’est distinguée des autres territoires de la République au sujet du débat sur l’utilisation de ces fonds. La Région Réunion mène actuellement une campagne pour que l’État aille au-delà de sa contribution pour le paiement des travaux de la route en mer. Rappelons que cette collectivité a dû baisser son budget de 250 millions d’euros au bout de 10 ans de présidence de Didier Robert. Se pose alors légitimement la question de savoir si la Région Réunion a encore de l’argent pour mener le chantier à son terme. D’où l’idée d’utiliser une partie des fonds du Plan de relance post-COVID pour redémarrer le chantier de la route en mer.
Lors de sa visite à La Réunion, le ministre des Outre-mer a fait part du soutien de l’État à cette initiative.
Suite aux annonces relatives au Plan de relance, la Région Réunion se félicite que la digue à construire entre La Possession et la Grande Chaloupe soit inscrite dans ce Plan de relance. Le montant n’est pas précisé.

NRL achevée un jour ? Et à quel prix ?

Or, la route en mer dite « nouvelle route du littoral » ou NRL n’est pas un projet qui a vu sa réalisation contrariée par l’épidémie de COVID-19, et n’est pas non plus un nouveau projet. Faute de matériaux disponibles, la seconde partie du chantier n’a jamais démarré. Le marché a été résilié sans aucune pénalité pour le Groupement d’entreprises qui a pourtant montré son incapacité à honorer son contrat qui l’obligeait notamment à fournir les matériaux nécessaires au projet. Par ailleurs, un contentieux d’un montant global de plus de 400 millions d’euros concerne la première moitié de la route qui n’est pas encore livrée. Il est clair que la promesse faite par le président de Région à maintes reprises de ne pas dépasser le montant initial de 1,6 milliard d’euros ne sera pas tenue.
Dans ces conditions, comment accepter qu’une partie de l’argent qui doit servir à aider l’économie réunionnaise à se relever soit détournée pour un chantier dont personne ne peut dire s’il sera un jour terminé, et encore moins à quel prix.
C’est pourquoi plutôt que de ponctionner des fonds précieux pour toute La Réunion, il est urgent de réaliser enfin une expertise financière, environnementale et technique sur les conditions de la faisabilité de l’achèvement de la route en mer. C’est cela qui est indispensable, afin que tout le monde soit fixé.

M.M.

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