Route en mer : ATR-FNAUT propose un moyen de terminer le chantier

NRL : une galerie sécurisée à la place de la digue

28 novembre 2017, par Manuel Marchal

Vendredi, plusieurs associations de riverains de carrières prévues pour alimenter le chantier de la route en mer avaient tenu une conférence de presse pour alerter sur les conséquences environnementales, sanitaires et économiques de ces projets. Pour éviter d’ouvrir de nouvelles carrières, la possibilité est très simple, il suffit de renoncer au projet de la digue entre La Possession et la Grande Chaloupe. ATR-FNAUT représentée par François Payet et Pascale David a présenté hier une alternative sécurisée qui ne nécessite pas d’utilisation massive de matériaux à extraire, et qui peut être réalisée. Cette conférence de presse s’est déroulée en présence de Stéphanie Gigan, présidente de Lataniers Nout Kèr d’Vie et de Romuald, concepteur du site Nout’NRL.

En haut, le projet actuel, en bas l’alternative proposée par ATR-FNAUT.

Quatre carrières supplémentaires à La Réunion ainsi que la réouverture de celle des Lataniers à La Possession, voici ce que veulent les promoteurs de la route en mer dite NRL. Le chantier de la route en mer a en effet lancé sans que ses responsables ne se soient préalablement assurés de la disponibilité des matériaux nécessaires. Résultat, 4 ans après la pose de la première pierre du chantier, l’ordre de chantier de la construction de la digue entre La Possession et la Grande Chaloupe n’a toujours pas été donné par la Région Réunion. Or, selon le projet de Didier Robert et ses amis, cette digue est indispensable à la réalisation de ce projet. Mais les besoins en matériaux sont pharaoniques et dépassent largement la ressource actuelle des carrières existantes. D’où l’idée d’en ouvrir de nouvelles.

Régler le problème des carrières

Vendredi dernier, les collectifs des riverains des Lataniers à La Possession et de Bellevue à Saint-Paul ont alerté sur les conséquences environnementales, sanitaires et économiques de la réalisation de tels projets. Toute La Réunion sera impactée par la pollution créée par ces sites, et la sécurité routière sera menacée du fait de la circulation ininterrompue de nombreux camions supplémentaires de 40 tonnes sur les routes réunionnaises. Rappelons que le 7 novembre, un accident mortel a été provoqué par un de ces camions. La conférence de presse a donc commencé par une intervention de Stéphanie Gigan, présidente de Lataniers Nout Kèr d’Vie. Cette association s’oppose à la réouverture de cette carrière située très près d’habitations et d’une école, dans une des rares zones naturelles proche du littoral de la commune. Elle a rappelé qu’ « en dissociant la problématique des matériaux de la problématique de la construction de la Nouvelle Route du Littoral en digue, la Région Réunion a, en quelque sorte, procédé à un découpage artificiel de l’opération et des procédures de consultation du public ». En effet, « Depuis l’enquête publique de 2011 sur l’utilité publique de la NRL qui s’est déroulée uniquement à St-Denis et à la Possession, on a découvert, avec cette problématique des 5 nouvelles carrières à ouvrir, que nombre d’autres communes (dont les communes de St-Leu, Avirons, Etang Salé, St-Paul, St-André, etc.) seront également directement impactées avec des carrières exclusivement dédiées à la NRL ». Et de rappeler que « comme le précisait la SREPEN, à l’image de ce qui a été fait sur Notre-Dame-des-Landes après la DUP, pour cette partie en digue de la NRL une nouvelle expertise s’impose face à tous ces nouveaux éléments impactant ».

Une galerie de protection

Aussi les associations se mobilisent pour proposer une alternative crédible, réalisable et moins chères à cette digue. ATR-FNAUT a ainsi présenté hier la possibilité de construire un ouvrage sous galerie qui réutilise une partie de la route actuelle. François Payet a présenté un projet de galerie de protection. Il constate en effet que pour la route actuelle, « si les filets, pièges à galets et gabions remplissent bien leur rôle contre les chutes de pierres, ils retiennent les éboulements massifs qui finissent par déborder sur la route et ses usagers à chaque fois ». Il rappelle que « les pays confrontés aux risques analogues comme aux avalanches ont préféré protéger leurs routes de montagne par des galeries couvertes avec remblais d’amortissement. Les connaissances en mécanique des roches sont aujourd’hui enseignées ».

ATR-FNAUT propose d’étudier un dispositif permettant de chasser les éboulis vers l’océan. « La galerie est moins chère : moins de 80 M€/km compris ouvrages de raccordement au chantier actuel à chaque extrémité. La galerie est plus créatrice d’emplois et mobilise d’avantage le savoir-faire du BTP local comme nos transporteurs. On peut espérer une coordination par nos majors. La galerie est plus respectueuse de l’environnement à court et long terme et moins consommatrice de ressources (±10 % des besoins de la digue) ». Il souligne également que « sur notre échelle de temps, le pied de falaise est protégé des affouillements progressifs et d’un minage dû à l’érosion marine, grâce à la digue actuelle de la route littorale. Dans le projet de NRL celle-ci sera aussi toujours entretenue pour protéger la voie de service en parallèle du viaduc. Un projet de galerie maintient donc cette protection en pied de falaise et réclame aussi la pose des acropodes »

La Région a le droit de résilier le marché sans pénalités

Pour rendre possible le financement d’un tel ouvrage en remplacement de la digue, ATR-FNAUT rappelle que « la Région peut résilier de plein droit le (ou les) marché(s) actuel(s) de digue aux frais et risques des entreprises défaillantes dès lors qu’une poursuite en l’état coûtera plus cher par dépassement de délai et de coût qu’une relance de nouveaux marchés ». En effet, « le groupement NRL peut être reconnu défaillant dans ses engagements : d’une part à fournir les matériaux dont il est le seul responsable aux échéances promises mi-2016 et mi-2017 et d’autre part à livrer la digue aménagée dans le respect du planning enveloppe imposé (retard tendant sur 3 ans pour un chantier de digue de prévu sur ±4 à 5 ans) ». Et de souligner « une indulgence couteuse de la Région contraire à l’intérêt général » qui n’a toujours pas donné l’ordre de service de lancer le chantier de la digue, ce qui « ménage les entreprises au détriment de la collectivité (renoncement aux pénalités de retard, surcoûts…) » !

« Ainsi, par une résiliation de droit du marché, la Région pourra financer les nouvelles études et enquêtes publiques nécessaires à un nouveau projet ».
ATR-FNAUT y voit « une sortie par le haut offerte à tous ! »
« C’est ce que tous attendent de la convergence d’action des associations et collectifs de riverains des carrières, des associations environnementales et d’usagers de transports ».

La conférence de presse s’est conclue par la présentation d’un nouveau site Nout’NRL (NoutNRL.re), ainsi que d’un appel public à financement participatif pour une étude sur les alternatives à la digue de la NRL. Ces points seront développés dans une prochaine édition.


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  • La construction de cette galerie nécessitera une fermeture quasi permanente de la route actuelle .Ce qui n’est pas acceptable. . A mon avis pour éviter de fermer la route actuelle pendant les travaux il vaudrait peut être mieux creuser deux tunnels ou monter et descendre par viaduc sur le plateau situé entre la Grande chaloupe et La Possession .

    Le creusement de deux tunnels d’environ 12m de diamètre, un pour chaque sens de la circulation , serait la solution la plus rapide car il n’y aurait pas besoin de passer par une procédure expropriation et en outre, on pourrait utiliser les déblais pour agrandir le bord de mer au barachois à Saint Denis ou à La Possession .

    En utilisant des tunneliers ou des explosifs pour le creusement de ces tunnels , la durée des travaux serait beaucoup moins longue que la continuation du chantier par une digue ou par une galerie sécurisée .

    Mais le passage par le plateau présente également un gros avantage notamment le désenclavement des terrains disponibles pour l’habitat ou pour des zones industrielles et artisanales, et il faudrait également estimer le coût de cette solution .

  • Voyez mon projet NRL de pont-routier + train suspendu, dont les fondation sont l’actuelle route :) https://goo.gl/oS30sc

  • Donc pour construire cette alternative, il faut couper la route le temps de sa construction !
    vive les bonnes idées

  • Quelque soit l’option qui serait retenue, tunnels ou accès au plateau par viaduc, en cas de renonciation de la partie digue du projet de la route du littoral , on pourrait récupérer le morceau de digue déjà construite dans la direction Grande Chaloupe la possession pour réaliser un magnifique petit port de plaisance et un lieu de loisir qui ferait le bonheur de certains de eux qui n’ont pas d’autres alternatives que d’aller jusqu’à saint Gilles ou Sainte Marie pour amarrer leur bateau .

    Cette initiative ne serait pas non plus mal vu par les pêcheurs professionnels de Saint Denis et la Possession et permettrait de lever l’objection de certaines personnes qui auraient beaucoup de mal à admettre la nécessité de modifier le projet de nouvelle route du littoral entre Saint Denis et la Possession déjà en cours de réalisation car ce serait un peu mettre en cause la compétence de ceux qui sont à l’origine du projet .Mais ce serait certainement un moyen efficace de rentabiliser l’argent que l’on est en train de jeter à la mer en persistant à vouloir construire sa partie digue .

  • Le projet de galerie proposé permet de phaser le chantier sans interrompre le trafic actuel dans les deux sens.

    Dans un premier temps le chantier de la galerie couverte s’organise dans l’emprise du piège à galets (des gabions au pied de falaise), donc en dehors de l’emprise actuelle des 4 voies et sans interrompre la circulation sur les deux sens.
    Le chantier peut alors être attaqué par ses deux extrémités simultanément : depuis La Possession et depuis la Grande Chaloupe.

    Une fois la galerie couverte et relevée réalisée, on bascule le trafic actuel du sens Possession-St Denis dans cette galerie (celui des 2 voies côté mer de l’autre sens est maintenu). Le chantier des portiques avec filets de protection peut alors s’organiser (aussi à partir de ses deux extrémités) dans l’emprise de ces 2 voies une fois libérées.

  • Je viens de prendre connaissance de votre proposition de route-train suspendu comme il en existe ailleurs. Moi, je persiste à dire que l’on devrait re ouvrir, agrandir en l’électrifiant les tunnels ferroviaires déjà existants et qui ont bien peu servi et ont été aussi la cause d’accidents de travail à l’époque (sans oublier les italiens piémontais venus jusqu’ici spécialement et morts sur ce chantier), avec les moyens techniques modernes, on peut faire plus grand, percer des galeries pour y poser des voies "normales" en lieu et place de voies métriques comme on peut le vérifier encore à la Grande Chaloupe.

    Le réseau ferré nouveau, électrique climatisé, employant les énergies renouvelables enfin, je pense notamment à la géothermie comme enfin bientôt la Guadeloupe et depuis longtemps la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Islance, toutes des îles volcaniques elles aussi) relirait les communes de St Benoît à St Joseph, car depuis le terminus de st Pierre, l’urbanisme s’est sacrément étalé las bas, en commençant par les bas puis s’étendant dans les hauts.
    Des candidants et non des moindres proposaient cela dans les programmes de la Région, il ne faut pas oublier mais les soutenir, voilà. Et dire que pour cette fumeuse, funeste NRL, les concitoyens vont à la fin, payer encore mais pour cette fois-ci, démolir la route actuelle, 2 X 2 voies comme la prochaine. ... Une folie de plus. Quelle folie les décideurs avec l’argent des autres, humbles. Arthur. Vive le TER péi !


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