Krishna Damour, au nom du Collectif pour le Développement de la Micro-Région Sud, a développé les positions de son mouvement. En voici de larges extraits.

« La démarche citoyenne dans laquelle nous nous sommes inscrits commence à porter ses fruits. Ce que nous souhaitons souligner ici, c’est l’observation d’une unité politique qui réunit au-delà des clivages. Ainsi, nous avons agréablement constaté l’accord favorable des Maires de Saint-Leu, des Avirons, de L’Etang-Salé et le positionnement marqué des élus de la municipalité de Saint-Pierre.

Lucidité politique face à l’immobilisme

Nous pouvons dire que la lucidité politique l’a emporté face à l’immobilisme. Au constat de cette configuration, notre collectif se réjouit. En effet, cette unité qui prévaut aujourd’hui démontre que devant les défis de l’avenir, l’intérêt personnel doit s’effacer. Ainsi, seul un positionnement gouverné par l’intérêt général sera la posture qui permettra au Sud de rattraper ses retards, c’est justement la posture qu’a entretenue M. Roland Hoarau, Conseiller régional et Premier adjoint au Maire de Saint-Pierre, en soutenant le tram-train dès le départ.
Le projet tram-train ne doit pas être encarté politiquement, ainsi, le tram n’est pas un projet appartenant à “X, Y ou Z”, mais un projet appartenant à l’avenir des Réunionnais. De ce fait, nous vous rappelons toutes les raisons qui motivent l’adhésion au tram-train.

1°) Le tram-train permet d’absorber les contraintes liées à l’évolution démographique qui a pour corollaire l’augmentation du nombre de véhicules, qui devrait atteindre plus de 600.000 d’ici 2020.
Attendre 2020 pour réagir, ce serait irresponsable. Le tram permet ainsi d’offrir une véritable alternative en termes de choix de transport efficient, en maillage avec les autres moyens de transports collectifs.

2°) La mise en place du tram-train est liée à la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre dont le principal responsable est l’automobile. La Réunion n’est donc pas exemptée d’efforts en termes de protection de l’environnement. En conséquence, seul un véritable concurrent à l’automobile en termes de confort, de commodité, de sécurité et d’efficacité peut encourager le transport collectif. C’est pourquoi, le choix du tram-train s’avère être pertinent, car nous ne pouvons pas nous exonérer de moyen pouvant réduire les émanations de C02.

3°) Le tram-train, comme nous l’avons toujours dit, n’est pas seulement un moyen de transport, mais également un moyen de développement. Car, le tram-train est un effet de levier à un nouvel aménagement du territoire. Ainsi, de nouvelles infrastructures prendront naissance du fait du passage du tram-train. C’est pourquoi, nous ne comprenons pas ceux qui dénoncent les insuffisances infrastructurelles et qui, dans le même temps, refusent le tram dans le Sud. Refuser le tram dans le Sud, c’est accentuer notre déséquilibre par rapport au Nord, qui se verrait doter d’équipement de transport moderne.

4°) La quatrième raison à notre adhésion n’est pas la moins importante. Ainsi, nous pensons que le maillage de réseaux de transports collectifs favorisera à nouveau les liens sociaux et une mixité sociale qui sont tout le contraire de la voiture. Dans un territoire aussi exigu, les effets positifs d’un fonctionnement collectif en termes de transport seront rapidement visibles. Ainsi, le tram incite à la rencontre de l’autre et élimine le stress que peut procurer les embouteillages. Le tram-train influencera harmonieusement le quotidien des Réunionnais dans leurs déplacements.

5°) La cinquième raison de notre soutien au tram Sud s’explique par le fait qu’il engendra la création d’emplois liés à la construction du tracé. Des emplois affectés par la suite à la gestion du réseau depuis la billetterie en passant par la sécurité jusqu’à la maintenance. Et nous savons que notre taux de chômage reste important, soit près de 30% pour La Réunion et près de 45% pour le Sud. Le Sud, la zone d’emplois la plus touchée par le chômage. C’est pour vous dire qu’en termes d’emplois pour l’avenir, le tram-train est une aubaine.

C’est pour ces 5 principales raisons que nous ne pouvons pas être ici à contre courant d’un développement durable.

Mais malheureusement, il reste encore dans le Sud des réfractaires à ce développement pour des raisons que la raison ne sait pas.
Un refus d’autant plus incompréhensible puisque les candidats à la Présidentielle, que ces réfractaires soutiennent, ont déjà appuyé le projet. Ainsi, M. Sarkozy a soutenu le projet par sa signature au contrat de Plan Etat-Région. De même, M. François Bayrou a récemment apporté son soutien au tram-train.
Comme quoi, le tram-train permet de transcender les clivages politiques.

Créer des conditions d’attractions dans le Sud

Mais permettez-nous de revenir sur ces réticences. Les principaux arguments avancés à ces circonspections sont la crainte de voir les sudistes consommer davantage à l’Ouest et au Nord, d’une part, et d’autre part, ils avancent le fait qu’ils souhaitent davantage s’attarder sur les déplacements dans le Sud et notamment vers le Tampon.
Eh bien, tout d’abord, à ceux qui craignent une fuite de la consommation vers d’autres zones géographiques de l’île, nous leurs disons que pour éviter cela, qu’il faut créer des conditions d’attractions dans le Sud.
La stratégie économique à adopter est d’inverser le regard de l’Ouest au Nord vers l’axe économique Ouest/Sud, en créant des infrastructures à la hauteur de l’enjeu. Les nouvelles voies de communication reliant l’Ouest au Sud devront s’accompagner inévitablement d’un rééquilibrage structurel, afin de rompre avec le mouvement d’un développement macrocéphale du Nord. Nous préconisons donc une décentralisation des services de l’État vers le Sud (le Rectorat dans le domaine de l’Éducation nationale), nous exhortons de créer des infrastructures performantes dans le domaine culturel, pour pouvoir assurer des Salons ou des spectacles. Nous proposons de continuer d’affermir l’attractivité des centres-villes en ce qui concerne le commerce. Nous devons avoir l’audace et la volonté politique de constituer dans le Sud un pôle de recherche via le CHU dans le Sud et un centre universitaire agricole à Saint-Joseph. Mais cela n’est pas seulement du ressort d’une seule collectivité, mais de l’ensemble des acteurs (Municipalité, le Conseil général, Conseil régional...).
Aussi, nous avons les moyens de revigorer l’axe Ouest Sud, car nous disposons d’atouts attractifs :

- l’aéroport de Pierrefonds qui s’inscrit dans une dynamique de développement grâce au travail de son Président (l’exemple du billet vers Madagascar embarqué à Saint-Pierre moins cher qu’ailleurs : voilà un exemple d’attractivité) ;

- la zone économique de Pierrefonds, une zone qui se trouve être une réponse au déficit de surface économique tant décrié par les acteurs économiques. Une zone qui est vouée inéluctablement à un développement grâce à la route des Tamarins et au passage du tram Sud ;

- l’attraction touristique nourrie par le Volcan, Cilaos et le Sud sauvage ;

- un art de vivre qui s’inscrit dans une authenticité culturelle réunionnaise vivante qui constitue une certaine qualité de vie que nous devons préserver ;

- une micro-région représentant la moitié des terres agricoles et des exploitations, soit le bassin principal de trois filières agricoles de La Réunion (la canne, l’élevage, les fruits et légumes).

Développer les atouts du Sud

Cette déclinaison démontre bien que nous n’avons pas à craindre “un dépouillement du Sud”, comme nous l’avons entendu, mais au contraire, le tram-train permettra de développer les atouts du Sud, dans une stratégie de complémentarité économique, aux autres micro-régions.

Maintenant, à ceux qui ne veulent pas du tram Sud et qui disent que « l’enjeu est de savoir comment se déplacer sur le bassin Sud et être capable de monter au Tampon ». A ceux-là, nous disons chiche ! Et participons tous à la mise en place d’un maillage cohérent de transports alternatifs autour du futur tram-train.
Le tram-train n’est que la colonne vertébrale des moyens de transport collectif. En conséquence, des taxis, des navettes, le TCSP Bus irrigueront en vertical et en horizontal les zones habitées et s’articuleront autour du tram dans le cadre d’un schéma global de déplacement. Par conséquent, la liaison Tampon-Saint-Pierre serait assurée par le TCSP Bus en connexion avec le tram-train.
De plus, le flux de circulation existant actuellement entre Saint-Louis/Saint-Pierre assurerait le financement de l’exploitation du tram Sud (13.000 véhicules rallient Saint-Louis - Saint-Pierre).
Ainsi, comme nous venons le démontrer, non seulement le tram-train favorisera une structuration du transport collectif à l’intérieur du Sud, mais contribuera également à une plus grande mobilité des sudistes.
C’est ce qui nous amène à adjurer les derniers réfractaires au tram Sud, la cessation de ces atermoiements, et de rejoindre le camp du développement qui conduira le Sud sur les rails du progrès.
Encore une fois, nous félicitons le courage politique de ces élus, qui permettra l’extension du tram-train vers le Sud. Seule cette attitude d’unité participe à l’élévation d’une conscience politique favorisant l’intérêt général. »