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Pour le retour du train : déverrouiller La Réunion
Se libérer d’un diktat imposé par des élus réunionnais en 2010
samedi 14 octobre 2023, par
Le retour du train à La Réunion se heurte à la conséquence d’une décision d’élus réunionnais en 2010. Cette conséquence impose le tout automobile sans alternative possible. Casser ce verrouillage de La Réunion semble bien difficile dans le cadre actuel. Sortir du sous-développement en matière de transport passe donc par l’innovation, n’ayons pas peur de nous moderniser !
Lors de sa conférence de presse jeudi, l’association ATR FNAUT avait fait état du cadre dans lequel s’inscrivent les États généraux des mobilités : un budget contraint. D’après ATR FNAUT, ceci ne rend pas possible le retour du train à La Réunion, sachant que Paris n’a pas inclus notre île dans son plan de cofinancement de trains RER. Seule la France est concernée par ce plan. Or, 77 % des participants à la première phase des États généraux des mobilités demandent le retour du train à La Réunion…
Les Réunionnais condamnés au bus ?
ATR FNAUT a ainsi rappelé que pour ce qui concerne la Région, elle doit terminer la route en mer, soit plus de 400 millions d’euros pour sa part. Elle va également financer la gratuité dans le réseau Car Jaune et relancer les constructions de lycées négligées sous la mandature de Didier Robert.
Selon ATR FNAUT, cela ne laisse que le tiers du budget d’investissement nécessaire pour financer les projets de mobilités. ATR FNAUT n’a pas donné d’élément sur les capacités d’investissement des autres collectivités. Il s’avère que les projets présentés par les communautés d’agglomération concernent toujours des bus et donc pas des lignes de chemin de fer.
Apparemment, le choix du bus est lié à des considérations financières. L’investissement initial est moins élevé que la reconstruction du train. Un argument évoqué est que des voies de circulation créés pour le bus pourront ultérieurement être transformées en voies ferrées.
Pendant ce temps à Maurice…
Pendant ce temps à Maurice, un train à été construit en quelques années pour relier les principales villes du pays. Or, Maurice reçoit bien moins d’argent de la France et de l’Europe que La Réunion. Les salaires sont nettement plus faibles qu’à La Réunion et donc les recettes fiscales des taxes à la consommation sont moins élevées du fait d’un pouvoir d’achat moins important. Malgré tout, Maurice a trouvé plus de 400 millions d’euros pour reconstruire son train.
A La Réunion l’argent était là, il a servi à autre chose
En 2010, la Région Réunion disposait de plus du double pour construire le tram train. Didier Robert et sa majorité à la Région ont voté pour transférer cette somme sur un projet de route en mer. 12 ans plus tard, quand Didier Robert doit quitter la présidence de la Région, seule la moitié de cette route est en passe d’être livrée. Pour l’autre moitié, un pont relié à nulle part a été inauguré à La Possession, et le chantier de la digue promise entre La Grande Chaloupe et La Possession n’a pas démarré.
Pour finir cette route en mer, une rallonge de plus de 800 millions d’euros est nécessaire, dont 400 millions payés par l’Etat. Elle a été actée. Cette rallonge équivaut à près de 2 fois le prix du train de Maurice. Si cette route était un jour terminée, elle ne réglerait pas le problème de l’embouteillage à Saint-Denis, juste celui des chutes de pierres. Le train aurait réglé ces 2 problèmes.
Des élus réunionnais ont verrouillé La Réunion
Ceci démontre qu’un choix fait en toute responsabilité et en pleine compétence par des élus réunionnais a condamné notre pays à ne pas avoir droit à un train à brève échéance.
En 2010, le choix a été fait de tout miser sur le tout automobile sans retour possible en arrière. Ce point de non retour s’appuye sur la technique du coup parti : puisque plus d’un milliard d’euros ont déjà été dépensés pour la moitié d’une route, alors il faut la terminer pour que les dépenses déjà consommées ne l’aient pas été en pure perte. L’État a validé ce coup parti dès le départ, en donnant les dérogations nécessaires quand bien même les matériaux pour construire cette route n’étaient pas disponibles à La Réunion au moment du lancement du chantier.
Le cadre limite les possibilités
Les sommes considérables englouties dans une route en mer ont donc hypothéqué la reconstruction du train à La Réunion en raison des contraintes financières qu’elles font peser sur la Région.
Ce manque de financement pour le train découle aussi ce qu’impose le cadre actuel, marqué par des relations exclusives avec la France et l’Europe. Il est difficile dans ces conditions d’imaginer une collectivité réunionnaise prospecter en Inde, en Chine, en Russie ou dans les Émirats des partenaires financiers souhaitant investir à La Réunion pour permettre la reconstruction à brève échéance du train à La Réunion.
Il est pourtant nécessaire de trouver une solution, ne serait-ce que pour être en phase avec les attentes de la population en matière de qualité de vie à La Réunion. Sortir du sous-développement en matière de transport passe donc par l’innovation, n’ayons pas peur de nous moderniser !
M.M.