Route du Littoral - 1er épisode

Pour plus de prévention

11 mai 2007

« La route du Littoral subit le risque permanent de chutes de pierres et de blocs qui varient de quelques cm3 à plusieurs milliers de m3, comme en témoigne l’effondrement du 24 mars 2006 au PR 11+900 », avertit la DDE sur son site Internet. Pourtant, cette route constitue un axe stratégique vital pour l’économie réunionnaise. Chaque jour, 50.000 véhicules viennent s’engouffrer dans le vouve circulatoire, entre Le Port et le chef-lieu.

La route du Littoral est située tout le long des 11,5 kilomètres sous des falaises de grande hauteur, atteignant 200 mètres. Elle a les caractéristiques d’une route de montagne, mais est située en bord de mer. Son caractère structurant au niveau économique fait que l’on ne peut se résoudre à la bannir de la carte routière, alors même que l’on déplore des victimes. « Roul èk in zié, lot i vèy galé ». Prendre cette route, c’est toujours un tracas. Les automobilistes réunionnais doivent d’abord patienter calmement, au soleil souvent, les yeux rivés sur les cordistes qui s’affairent à draper notre falaise d’une robe de fer et le spectacle chorégraphique de l’hélicoptère. Puis, il faut diriger la voiture kolé-séré dans le kanal-bishik et espérer ne pas subir des décrochements de galets, sinon même de portion de falaise. Notre île a une histoire géologique jeune, l’érosion est un fait constaté à La Réunion. Malheureusement, ce constat ne sera pas pris en compte lors de la création de cette route, utile, mais aujourd’hui meurtrière.

La solution : une nouvelle route

Les usagers de la route sont partagés. Certains en appellent à la fatalité. D’autres sont tout simplement résignés. Nombreux sont ceux qui espèrent voir créer une route plus sécurisée. « A l’issue d’une large concertation avec les différents partenaires notamment des collectivités locales, l’Etat a choisi la solution B1 comme tracé de la future liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession, privilégiant ainsi la solution alliant route digue et tunnel », lit-on encore sur le site Internet de la DDE. Les études opérationnelles sont lancées, assure-t-on aux ministères de l’Outre-mer et de l’Equipement « afin de permettre le lancement le plus rapidement possible ». Ouf ! pourrait-on dire. Mais il faut encore attendre, et entre temps, prendre le risque de circuler sur une route dangereuse. Peut-être doit-on raisonner notre nombre de passages sur cette route, ne circuler sur la route du Littoral que si c’est vraiment important ? Allez le dire aux usagers, qui veulent pouvoir profiter des cités balnéaires de l’Ouest, aux professionnels qui doivent joindre le Nord et l’Est. La fermeture de cet axe ne sera possible que lors de l’ouverture d’un nouvel axe routier plus sécurisé. Pour l’heure, tout le monde a conscience de la dangerosité de la route du Littoral, accorde même une confiance “solidaire” à la DDE. Saluons certes le travail de sécurisation effectué par tous les travailleurs émérites, mais appelons à plus de communication avec les usagers.

Le temps de la réaction

Qu’on se le dise, cette route réserve encore des catastrophes. Les récents éboulements de quelque 3.000 mètres cubes nous le rappellent vigoureusement, et les Réunionnais gardent en mémoire la descente d’une portion de falaise en mars 2006. Des failles béantes sont visibles en haut de falaise. Pas de raison de catastropher ? Si le récent éboulis n’a provoqué aucun mal, par la prévoyance des services de l’équipement, on peut se demander ce qu’il en aurait été avec 10.000 mètres cubes de roches, voire plus, alors même que la route est ouverte. Et prions pour qu’une telle catastrophe ne se déroule pas en plein trafic routier ! Certes, la DDE se pare de technologies à la pointe, que nous énumérerons une à une dans les prochains articles. Mais ces technologies servent-elles aux usagers ? Ces derniers sont-ils informés des règles d’évacuation à suivre en cas d’éboulis ? Comment communique la DDE ? Caméras de surveillance, capteurs sur la falaise, des équipes de veille, la DDE s’active pour réduire les risques. C’est un fait ; mais comment sont informés les usagers ?

Willy Técher


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