Enquête publique à Sainte-Marie

« Pourquoi le tram-train s’arrête-t-il à la Mare ? »

28 mars 2007

« Le tram-train ? Oui, mais... ». C’est cette réaction qui se retrouve dans les commentaires des Sainte-Mariens. Qu’en est-il de l’environnement ? Y aura-t-il expropriation ? Quel sera le prix du ticket ? Ce sont quelques-unes des interrogations des citoyens. Un constat, non négligeable : les habitants de l’Est aussi se sont déplacés. Etre privés du tram-train, pour ceux qui se sont exprimés, c’est être privés d’un « outil de développement ».

L’enquête publique pour le tram-train s’achève. Du 20 au 26 mars, chaque citoyen était invité à prendre connaissance du dossier, à formuler son avis dans le registre prévu à cet effet dans les 5 communes directement concernées par le projet. A Sainte-Marie, le tram-train est plutôt bien accueilli, même si des doutes s’expriment sur le tracé et ses conséquences pour les habitations et l’environnement. De nombreux habitants de l’Est se sont également déplacés pour faire entendre leurs voix : globalement, ils ne comprennent pas pourquoi le tram-train n’arrivent pas jusqu’à leurs communes et espèrent, grâce à leurs commentaires, faire évoluer cet état de fait. Un citoyen de la région Est écrit ainsi qu’il ne comprend pas le « désaccord des maires du Sud et de l’Est de l’île de voir s’étendre le tram-train dans leurs régions, alors que cet outil peut désenclaver et développer ces régions ». Elodie Périta, l’enquêtrice chargée de synthétiser les commentaires des citoyens pour la SR21, affirme recevoir tous les jours des gens de Saint-Benoît, Saint-André et Sainte-Suzanne « mécontents de ne pas avoir le tram-train ». « Aujourd’hui (jeudi dernier), j’ai reçu 3 personnes de Saint-André », ajoute-t-elle. C’est ce besoin pour ces gens d’exprimer leur point de vue qui a le plus marqué l’enquêtrice.

Une inquiétude : la qualité de vie

Des habitants de Sainte-Marie, comme ceux de l’Est, se sentent aussi exclus du projet, puisque le tracé du tram-train s’arrête à la Mare et à Duparc. « Je regrette qu’il n’y ait pas d’extension vers la Convenance, là où j’habite », écrit une habitante qui va donc être obligée de prendre le bus ou la voiture pour se rendre à la gare de la Mare. Bref, le tram-train semble bien correspondre à une attente de la population de Sainte-Marie, et même des habitants de l’Est.
Outre ces demandes très fortes de citoyens pour bénéficier de l’outil tram-train, des inquiétudes subsistent dans la population. Les citoyens attendent des précisions et des éclaircissements, ils demandent visiblement à être rassurés. « Je suis favorable au projet tram-train. Il apportera du travail, un développement économique, il désengorgera les routes. Mais va-t-il être un fardeau pour le pouvoir d’achat des Réunionnais ? Va-t-il résister aux cyclones ? Et a-t-on pensé à un moyen propre d’alimenter le tram-train en électricité ? », s’interroge un habitant. Un autre s’inquiète également du coût, de l’impact sur l’environnement, du bruit pour les habitations. Certains citoyens vont plus loin : « A-t-on pensé aux frais d’entretien et à la sécurité des passagers ? » ; « J’habite à Duparc. Vais-je être expropriée car ma maison se situe très près du tracé ? Où va-t-on assurer la sécurité des habitants pendant la construction ? ». Un amoureux des randonnées s’inquiète pour “le chemin des Anglais” : « Les randonneurs ne seront-ils pas inquiétés par une proximité du tracé du tram-train ? ». Enthousiastes face à ce projet qui facilitera la circulation, les habitants sont aussi attentifs à l’impact du tram-train sur la qualité de vie : une nature préservée, une qualité de l’air, une absence de nuisance sonore, un pouvoir d’achat qui n’en souffre pas, un prix abordable pour le ticket (« 6 euros le ticket entre Sainte-Marie et Saint-Paul, c’est trop cher ! »), une infrastructure sécurisée et fiable (le contraire de la route du Littoral actuelle !). C’est finalement ce qui compte. Un habitant estime d’ailleurs que le tram-train va faire entrer l’île dans « la société moderne ». « Il y aura, écrit-il, un élargissement des horaires de la circulation et des perspectives commerciales la nuit ». Autrement dit, plus de temps pour vivre.

Ne pas oublier la population qui souffre

Evidemment, d’autres citoyens ne considèrent pas le tram-train comme une priorité. C’est le cas d’un éducateur qui craint que l’on délaisse les problèmes qui minent la société, comme « l’alcool, la délinquance, la maltraitance ». En effet, qu’apporte le tram-train si une large partie de la population, les générations futures, n’arrivent pas à se débarrasser de ces plaies ? Plus qu’une critique, c’est surtout un appel aux politiques que cet éducateur a voulu lancer. Un autre habitant fait preuve de pessimiste. Pour lui, il est clair que la population ne délaissera pas la voiture aussi facilement. « Je pense, dit-il, que la priorité de l’île reste la route du Littoral, et une seconde route dans les Hauts comme la route des Tamarins. Les habitants de l’île aiment la voiture et ne peuvent s’en passer, l’habitat étant dispersé ». Le tram-train, de toute façon, « n’évitera pas les embouteillages entre la Mare et Gillot », explique un autre habitant. Pour d’autres, attendre 7 ans pour emprunter le tram-train leur paraît trop long, vraiment trop long. Alors, ils avancent l’idée de « mettre en place un TCSP en attendant ».
Pour finir, cette remarque d’une maman inquiète pour ses grands enfants. « Au moins, le tram-train évitera à nos jeunes de prendre la voiture pour se rendre à la plage de Saint-Gilles ». Une source d’inquiétude en moins, la tranquillité retrouvée du ti train lontan ?

Edith Poulbassia

(SR21)
Train

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