Débat public : comment mieux se déplacer demain ?

René Robert : ’Nous aurons un outil de travail politique et démocratique’

16 septembre 2004

Les décisions ne sont-elles pas déjà prises et la consultation ne risque-t-elle pas de compter pour du beurre ? Il faut à tout prix faire mentir ces interrogations, en participant au débat public.

Si vous êtes quotidiennement en train de pester dans les embouteillages, si vous faite partie des quelque 50.000 automobilistes empruntant chaque jour la route du Littoral et que vous maugréez contre les mauvaises conditions de circulation, même sans canal bichique, imaginez alors ce que cela donnera dans dix ans, quand 70.000 véhicules circuleront, qu’elle soit basculée ou pas, sur la route qui deviendra alors de plus en plus “an kounis”...
Comment faire ? Quelle alternative ? Deux projets coexistent, préfigurant les déplacements de demain : le tram-train, qui reliera Saint-Paul à Saint-Benoît et la nouvelle route du Littoral.
Deux projets pour lesquels les Réunionnais sont amenés à s’exprimer : di sak na pou di ! Koz a zot ! La nouvelle loi dite de “démocratie de proximité” le permet. À chacun donc de prendre la parole pour exprimer ce qu’il souhaite pour demain en matière de déplacements.
"Concrètement, nous souhaitons que la richesse du débat permette de tirer des conclusions nettes sur le dossier du parti d’aménagement (...). L’État prendra position sur le projet en s’appuyant sur le bilan établi par la commission du débat. Ce bilan servira également à définir de façon plus précise et plus complète le cahier des charges du projet" écrit Dominique Vian, préfet de La Réunion dans “le journal du débat” que chaque Réunionnais a reçu ou recevra dans sa boîte aux lettres, à propos de la future route du Littoral dont l’État assurera la maîtrise d’ouvrage.
"Si une politique volontariste de transport collectif n’est pas proposée aux usagers, la croissance du parc automobile nous conduira au “coma circulatoire”" écrit pour sa part Paul Vergès, président de la Région, dans le même journal, à propos cette fois du projet de Transport en commun en site propre, qui prendra vraisemblablement la forme d’un tram-train.
Pourquoi un tel débat ? Les dés ne sont-ils pas pipés ? Les décisions ne sont-elles pas déjà prises et cette consultation ne risque-t-elle pas de compter pour du beurre ?
À plusieurs reprises, dans nos colonnes, ou dans d’autres médias, comme hier matin sur RFO Radio dont il était l’invité des “Matinales”, René Robert, géographe, président de la commission du débat public l’a rappelé : toutes les contributions seront prises en compte et donneront lieu à un rapport de synthèse qui servira de base aux élus et techniciens pour la mise en place de ces deux projets structurants.

Une première à La Réunion

"Face à de tels enjeux, la mutualisation des points de vue et des propositions est impérative" estime Paul Vergès. Pour le président de la Région, "les conclusions de ce débat doivent être le fruit de la concertation, faisant ainsi la démonstration de la maturité des Réunionnais et de leur capacité à se mobiliser massivement quand est en jeu le devenir de l’île et le legs que nous en assurerons aux générations futures".
Et le président de la Région de conclure : "C’est ensemble qu’ainsi nous bâtirons La Réunion que nos enfants méritent".
Sur les ondes de Radio Réunion, René Robert rappelait le cadre dans lequel se déroule ce débat : "nous sommes là uniquement pour aider les Réunionnais à s’exprimer (...) c’est une chance qui nous est donnée. Il faut savoir que ce genre de débat public n’a jamais été organisé outre-mer et le sera donc pour la première fois à La Réunion. Ce type de débat a déjà été mis en place en Métropole pour des opérations comme le port de Fos-sur-Mer, la voie de contournement de Lyon ou pour les liaisons TGV entre grandes villes. Pour la première fois, nous aurons un outil de travail politique et démocratique. À nous de saisir cette chance".

S. D.


Les absents ont toujours tort

“Témoignages” propose à ses lecteurs de prendre le train en marche. Participer au débat public, pour ne pas laisser les décideurs décider seuls, au risque de voir les générations suivantes le regretter.

Le débat public sur la nouvelle route du littoral et le tram-train est lancé.
On peut penser ce que l’on veut, voire ne rien penser du tout comme certains (hommes politiques... suivez mon regard, là-bas, à gôche, dans le fond à droite !...). Là n’est pas la question.
On peut penser que ce débat n’ira pas loin, que les dés sont pipés et tout décidé à l’avance. Cela n’est pas impossible, tant il y a eu, par le passé et jusqu’à récemment encore, des débats-prétextes pour donner un vernis de démocratie à des décisions déjà prises et surtout imposées.
On le voit bien avec les récentes lois sur la décentralisation, les prochaines sur la sécurité sociale, etc. Les exemples ne manquent pas. Surtout à La Réunion. Mais dans ce cas, comment établir la démocratie si l’on se réfugie dans le silence ?
Lorsqu’il y a un demi-siècle certains ont décidé la cessation des activités du chemin de fer, il n’ont demandé d’avis à personne. Ils ont décidé entre... décideurs ! Techniciens, technocrates, administratifs et politiques. Il n’y a pas eu de "débat public".
Lorsqu’un peu plus tard, d’autres, et peut-être parmi eux les mêmes qu’une dizaine d’années plus tôt, ont décidé de la route en corniche, première mouture, puis quelques années plus tard, deuxième mouture, c’était une fois encore affaire de "spécialistes", de "techniciens" et de "politiques"...dont tous ou presque aujourd’hui ne sont plus là.
Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’un espace est ouvert. C’est le "débat public". Se taire, surtout si on a quelque chose à dire, à proposer, n’est pas de mise.

Cet espace est libre

“Témoignages” a choisi, pour sa part, de proposer à ses lecteurs de... prendre ce train en marche ; de détak la bouche.

Parallèlement au "débat public" prévu et encadré par la loi, il a décidé d’ouvrir, dans ses propres colonnes, un espace d’expression et de discussion sur cette question du déplacement à La Réunion. Du déplacement des hommes, du déplacement des marchandises. Des projets qui peuvent en découler ou, plus exactement, à quoi ces modes de déplacements doivent servir. De la même manière que la création, il y a plus d’un siècle, du chemin de fer et le creusement du port de la Pointe des Galets se voulaient au service d’un projet de développement.

Cet espace est libre, disponible et tout ce qui y sera écrit, proposé, sera d’abord public et alors la commission du débat public ne pourra pas l’ignorer. Elle le pourra d’autant moins que nous-mêmes, à “Témoignages”, allons nous charger de le lui livrer.

Dans de telles conditions, si, côté officiel, certains tablaient sur l’attitude adoptée jusqu’ici à l’occasion des enquêtes publiques, ils risquent d’être surpris.
Si d’autres par ailleurs considéraient que le projet était déjà plié, ils se donneraient, par leur contribution, de meilleurs arguments pour l’attaquer.
Alors, oui, chiche ! Les absents ont toujours tort !

La rédaction


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