Avis de l’Autorité environnementale sur la réouverture de la carrière des Lataniers pour satisfaire le projet pharaonique de la Région Réunion et des partisans de l’archaïque tout-automobile

Route en mer : nouvelle confirmation de l’impossibilité de finir la NRL version Didier Robert

4 mars 2021, par Manuel Marchal

L’Autorité environnementale a rendu un avis très critique sur le projet de réouverture de la carrière des Lataniers à La Possession. Or, cette réouverture est capitale pour que les partisans de Didier Robert entretiennent l’espoir de poursuivre le chantier pharaonique de la route en mer, actuellement quasiment à l’arrêt faute de matériaux. L’Autorité environnementale constate notamment la nécessité d’actualiser l’étude d’impact du projet du président de Région en y intégrant en particulier les dégâts sanitaires et environnementaux que cette réouverture ne manquera pas de provoquer. Autrement dit, pour espérer respecter l’environnement en extrayant des matériaux à La Possession, il faudra revoir profondément la copie. C’est donc la confirmation de l’impossibilité de finir la NRL version Didier Robert, et un nouvel argument pour la revendication du Parti communiste réunionnais : une mission d’expertise technique, financière et environnementale afin de trouver une alternative à l’impasse dans laquelle Didier Robert et ses soutiens ont mis toute La Réunion.

A l’heure où nous mettons sous presse, les Réunionnais devraient déjà bénéficier de deux équipements depuis plusieurs années : un train reliant Sainte-Marie à Saint-Paul en passant par Saint-Denis et une nouvelle route du littoral. Mais ils n’ont rien de tout cela en raison de la volonté de Didier Robert et de ses amis de stopper le chantier du train et de renoncer à la nouvelle route du littoral en utilisant les crédits pour ces 2 chantiers dans un nouveau projet : une route en mer à 6 voies.
Dès le départ, la question des matériaux s’est posée. Car pour satisfaire les intérêts de quelques transporteurs, la Région Réunion version Didier Robert a choisi de construire de gigantesques digues en mer pour soutenir la route. Cela nécessitait d’acheminer plus de 10 millions de tonnes de roches dans la mer. Or, le chantier a démarré en 2012 sans que ses promoteurs ne se soient assurés au préalable de disposer des matériaux nécessaires pour l’achever.

Chantier seulement à moitié achevé

Et ce qui devait arriver arriva : la moitié du chantier n’a pas encore commencé faute de matériaux disponible. De plus, la machine construite spécialement pour poser les piles du viaduc a été vendue et n’est plus à La Réunion, ce qui prive de toute possibilité de réparation en cas d’effondrement d’une section du viaduc. Bien entendu, des partisans de Didier Robert continuent de défendre l’indéfendable, affirmant qu’il est possible de trouver des matériaux à La Réunion pour continuer le chantier. Mais après la victoire de la population sur le projet de la carrière de Grand-Bois, c’est au tour du projet concernant la carrière des Lataniers à La Possession de subir les foudres de l’Autorité environnementale. Il est donc grand temps de revenir à la raison. D’autres possibilités existent. Rappelons la revendication du Parti communiste réunionnais : une mission d’expertise technique, financière et environnementale sur ce projet pour qu’enfin, les Réunionnais puissent avoir droit à une liaison sécurisée entre Saint-Denis et La Possession, plus de 50 ans après la suppression du train.
Voici donc la synthèse de l’avis de l’Autorité environnementale :

« Actualiser l’étude d’impact de la NRL »

« Le projet, qui va bien au-delà d’une « réhabilitation », est avant tout lié à la réalisation de la nouvelle route du littoral (NRL), puisque 2 millions de tonnes sont destinées à ce chantier, aujourd’hui quasiment interrompu faute de matériaux.
C’est pourquoi l’Ae recommande, au-delà de l’autorisation de la carrière, d’actualiser l’étude d’impact de la NRL, en y incluant une tierce expertise sur les incidences relatives des différents modes constructifs permettant d’achever ce projet.
Pour l’Ae, les principaux enjeux environnementaux du projet sont les suivants :

- la protection des habitats naturels, de la flore et de la faune sauvages, notamment des chauves-souris,
- la préservation des continuités écologiques et en général du fonctionnement des écosystèmes, en particulier pour le Pétrel de Barau et le Puffin de Baillon,
- les nuisances pour les riverains (bruit, vibrations, poussières et risques de projections),
- la qualité du paysage,
- le risque d’inondation.

Si l’évaluation des enjeux apparaît globalement correcte dans l’étude d’impact, il est à souligner que l’appréciation des incidences souffre d’un excès d’optimisme, l’étude considérant souvent que les précautions usuelles de bonne gestion permettraient de supprimer ou réduire suffisamment la plupart des impacts. »

« 1500 passages quotidiens de poids lourds »

« De nombreux impacts de la carrière dépendent du trafic de camions qu’elle générera. Or les estimations fluctuent dans le dossier. L’Ae recommande de mettre à jour l’étude sur le bruit, les poussières, la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre en retenant un trafic maximum de 1500 passages quotidiens de poids lourds, ce qui correspond à un engagement contractuel du groupement d’entreprises. En outre, l’évaluation du bruit provenant de la piste n’a pas été faite selon les usages pour les infrastructures de transport. L’Ae recommande d’y remédier.
La présence de la zone d’aménagement concerté (ZAC) « Cœur de Ville » à proximité immédiate de la carrière est mentionnée, et sa réalisation (qui a commencé) se poursuivra en parallèle du projet, conduisant à augmenter significativement la population exposée aux nuisances. L’Ae recommande d’en tenir compte dans l’étude d’impact, en particulier pour le bruit, les pollutions, les cumuls d’impacts et dans l’étude de dangers de la carrière. »

Une zone humide « oubliée » par les promoteurs

« L’existence d’une zone humide à l’embouchure de la ravine n’a pas été prise en compte dans l’étude des incidences. L’Ae recommande de compléter ce point avec les mesures d’évitement, de réduction ou de compensation (ERC2) nécessaires. Plus généralement concernant les habitats naturels, la faune et la flore, mais aussi les continuités écologiques (le site est un corridor majeur pour le Pétrel de Barau), l’Ae recommande de compléter la démarche ERC pour réduire les impacts résiduels à un niveau négligeable – ce qui n’est pas le cas en l’état du projet. Concernant le Taphien de Maurice, le projet entraîne la destruction d’habitats fonctionnels. Il reste nettement insuffisant et nécessite des mesures complémentaires substantielles. L’ensemble des observations et recommandations de l’Ae sont présentées dans l’avis détaillé. »

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