Politique de déplacements

Se déplacer à La Réunion

10 février 2007

Depuis avant-hier soir, et hier encore, la circulation en plein centre de Saint-Denis était particulièrement désagréable. Plusieurs incidents, principalement l’incendie de l’entreprise Tout pour l’Auto, ont paralysé le trafic routier. Quelle politique de circulation pour Saint-Denis, pour La Réunion ?

« En 10 minutes, les soldats du feu doivent être sur ce type de situation », expliquait hier le colonel Alain Caroli, nouveau Directeur du SDIS. Disons plutôt, les pompiers devraient pouvoir se déplacer en 10 minutes dans une aussi grande pagaille routière. A se demander où sont vraiment les forces de l’ordre pour diluer le flux circulatoire ? Mais est-ce vraiment de leur faute ? Chaque jour, des milliers d’automobilistes doivent “patiemment” traverser Saint-Denis d’Est en Ouest, ou d’Ouest en Est. Le Boulevard Sud est pris d’assaut dès les heures scolaires et de bureaux. Le Boulevard Lancastel se restreint sur une voie entre l’ancienne gare routière et le Barachois. Encore des bouchons. Pour peu que des micros coupures concernent la route du Littoral, l’entrée et la sortie côté Ouest pénalisent encore les automobilistes. Certes, à la rentrée scolaire 2008, les choses devraient pouvoir, en partie, rentrer dans l’ordre avec la livraison à la circulation du raccordement du Boulevard Jean Jaurès à la RN2, et de la tranchée couverte Doret-Mazagran. Mais, selon la DDE elle-même, le Boulevard Sud est calibré pour assurer la fluidité du trafic au moins jusqu’en 2010, et sa vocation première est d’apporter une possibilité nouvelle de liaisons inter-quartiers, plus rapides et plus directes. Et nous n’abordons ici que Saint-Denis. Les voitures pullulent à La Réunion.

Seulement de la route ?

Certes, il nous faut des routes. D’un plan régional, il faut par exemple encore penser aux problèmes des embouteillages de Grands-Bois, de Saint-Joseph. Le contournement est d’une évidence avérée et nécessaire. Par ailleurs, la route des Tamarins propose, on le sait, un axe routier de 33,7 kilomètres à mi-hauteur, qui dessert de l’Etang-Salé à Saint-Paul, permettant de compléter de manière pérenne les 2 fois 2 voies allant de Saint-Pierre à Saint-Benoît.
Et puis, arrivera l’heure de la réalisation de la nouvelle route du Littoral, qui assurera aux Réunionnais la sécurité des routes locales. Bref, le déplacement des Réunionnais doit être pris de manière globale. Certainement, on pourrait s’étaler sur les difficultés de circulation à Saint-Denis et dans d’autres communes de l’île. Certes, les grands travaux ne ménagent pas les communes et les Communautés de communes dans la définition d’un plan de déplacement urbain. Les grands travaux avancent à grands pas. La ligne routière Saint-Denis-Saint-Pierre sera plus directe, sans carrefour, sans feu, sans rond-point. Mais en envisageant déjà à l’horizon 2015 entre 40.000 et 69.000 véhicules par jour, on peut se demander quelle est la solution la plus pérenne pour que les Réunionnais circulent ? Et notamment dans les villes elles-mêmes.

Se déplacer proprement

Le tram-train est sûrement la réponse la plus adaptée pour assurer le déplacement sans encombre d’une population grandissante. Avec 1 million d’habitants en 2020 selon les prospections, la politique de déplacement à La Réunion ne peut se satisfaire du seul renouvellement des équipements routiers. Elle doit s’établir par prise de conscience des besoins de demain, en considération des défis de la planète. Le tram-train, dans son tracé le plus entier, est sans nulle doute d’une utilité primordiale, logiquement inscrit dans le cadre d’un développement durable de l’île. Evoluant en site propre, il propose un gain de temps, d’énergies pour les usagers, et est non polluant. Le tout automobile doit baisser, tandis que l’usage des transports en commun doit s’intensifier. Encore faudrait-il convaincre les “boudeurs de projets”, qui prennent en otages les automobilistes ? L’Est, si la population en émet le souhait, disposera des bienfaits du tram-train. La Réunion desservira alors de Saint-Joseph à Saint-Benoît.
La Réunion, il faut le dire, ne ménage pas d’efforts pour que les Réunionnais participent au remodelage de son mode de déplacement. En 2003, Citalis transportait 18 millions de voyageurs. Car c’est aussi une histoire de mentalités. Comment réagirons-nous dans notre quotidien ? Laisserait-on plus facilement la voiture au profit des transports en commun ? Comment les Réunionnais considèrent-ils le covoiturage ? La Réunion dispose-t-elle d’une piste cyclable autour de tout son littoral ? Comment sont pris en compte les cyclistes dans les villes ? Peut-on encourager les Réunionnais à utiliser les deux-roues ? Avons-nous épuisé toutes les pistes pour que l’on puisse circuler sans difficulté ?

Bbj


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Témoignages - 80e année


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