Route du littoral : Liaison Saint-Denis / Possession

Se rassembler pour accélérer le choix d’un nouveau tracé

27 mars 2006

Devant l’immense émotion causée par l’éboulis massif qui a fait 2 morts et 2 blessés vendredi, le président de Région a donné hier la position de la collectivité territoriale : en accord avec la proposition de constituer un comité de suivi, Paul Vergès a appelé les Réunionnais à s’unir pour obtenir du gouvernement qu’il accélère une solution de rechange, dans le respect des opinions déjà exprimées lors du débat public de 2004-2005.

Devant le déferlement de démagogie déployé par certains politiciens qui ont cherché à exploiter la douleur des familles de victimes et l’émotion "considérable et légitime" que provoque tout accident survenant sur la route littorale, le président de la Région a appelé à la raison et au rassemblement.
Il faut se rassembler, a-t-il expliqué, parce que le tracé de la route est en cause.
C’est un débat récurrent depuis les années 50 et "ce problème non résolu a traversé tous les gouvernements, de tous bords politiques", a ajouté Pierre Vergès pour couper court aux polémiques.
À ceux qui demandent de bonne foi ce qu’a fait la Région, Paul Vergès répond d’abord qu’il n’est pas en son pouvoir de décider quoi que ce soit pour une route nationale - de la compétence de l’État.
Mais dès mars 1998, la Région a accentué la pression sur le gouvernement, obtenant avant la fin de l’année le rapport Sutter, qui contenait les premières approches techniques pour une nouvelle infrastructure.
D’autres études et rapports ont suivi, conduisant notamment aux 8 propositions de la DDE jusqu’au débat public, décidé dans le cadre de la décentralisation, en prévision du transfert de compétences, de l’État à la Région, pour les routes nationales.
Le président de Région a rappelé la chronologie des actions entreprises depuis 10 ans, et financées à hauteur de 100 millions d’euros par l’État et la Région dans le contrat de plan (2000-2006) pour “sécuriser” la route littorale. Cette sécurisation consiste à protéger les personnes contre les chutes de pierre - ce que la pose de filets et de gabions peut réaliser à 90%. Mais le rapport Sutter finissait sur un danger imparable, en pointant le risque réel de chute de pans entiers de la falaise. Cela s’était déjà produit en 1980, 4 ans après l’inauguration de la 2ème route littorale (à 4 voix) et c’est ce qui vient de se produire à nouveau.
En raison de ce danger, dont aucun expert ne peut dire quand il se produira, la route littorale n’est pas sécurisable. "Cela pose le problème de la prise de décision", a déclaré Paul Vergès en rappelant les questions soulevées par le ministre François Baroin et la perspective de la venue du ministre des Transports et de l’équipement, Dominique Perben, seul habilité à prendre la décision. Une décision lourde de conséquences. "Le gouvernement hésitera considérablement à utiliser l’initénaire actuel", a estimé le président de Région, ajoutant : "Nous arrivons à l’impasse que nous dénoncions dans le débat des années 50. Nous sommes revenus aujourd’hui 40 ans en arrière".

Pas de transfert sans normes de sécurité

Dans le prolongement du rapport Sutter et du débat public, le gouvernement a décidé le 11 avril 2005 de faire étudier des tracés alternatifs - dont celui par les hauts. Le résultat de ces études doit être communiqué en juin 2006. Ce sont ces propositions que le Comité de suivi, également souhaité par la collectivité territoriale, aura à discuter. Donc : rendez-vous en juin.
D’ici là, la sécurisation minimale va se poursuivre avec la pose de 400.000 mètres carrés de filets, de même que le débat sur le transfert des routes nationales et les conditions de ce transfert.
Camille Sudre l’a rappelé hier : "Le gouvernement reconnaît aujourd’hui sa responsabilité et ses engagements. Il n’y aura pas de transfert de routes si celles-ci ne sont pas aux normes de sécurité".
Si le gouvernement, qui vient encore de donner des assurances en ce sens au président de Région, garde ce cap, il n’y aura pas de transfert de compétence avant longtemps puisqu’un délai de 8 à 10 ans semble nécessaire pour la livraison d’une liaison Nord/Ouest sécurisée. Et il faut aussi s’occuper de la RN5 (route de Cilaos) et du Cap La Houssaye. Question posée hier par Christine Soupramanien : "Faut-il cesser de s’occuper des routes de l’Ouest et du Sud pour tout concentrer sur 13 km de route littorale ?".
Paul Vergès a explicité le sens qu’il donne au rassemblement des Réunionnais devant ce nouveau drame. "Si avec le Comité de suivi, nous pouvons accélérer les études et les travaux, c’est nous (la Région - NDLR) qui prendrons la décision et qui la mènerons à terme", a-t-il dit. "Il nous faut nous concerter et donner une réponse unique, en rassemblant le plus grand nombre dans l’intérêt de La Réunion", a-t-il ajouté en rejetant toutes les manœuvres de division de ceux qui se voient déjà en campagne électorale.
À ce propos, Catherine Gaud est intervenue en rappelant qu’elle ne siégeait dans aucun parti, qu’elle représentait la “société civile” à la Région et qu’elle trouvait "innommable" cette façon de "manipuler les gens, sur des mensonges, en exploitant leur douleur".
C’est sur ce “fonnkèr” que les élus de la Région ont mis un terme à cette mise au point, qui témoigne de l’invariabilité de sa position sur ce sujet : obtenir du gouvernement "qu’il accélère les études, qu’il assure les financements et garantisse une vie sociale et économique normale", a conclu Paul Vergès.
Sur cet objectif, il est possible de rassembler le plus grand nombre et d’associer une majorité de gens sensés et solidaires à la suite du débat.

P. David


Scandaleux

RFO persiste et orchestre une manifestation demain

Dans notre édition de samedi, nous écrivions que RFO orchestrait la manifestation prévue demain devant la Région. Lors de la revue de presse de samedi, RFO a répondu que l’appel à manifester était le fait de son invité sur le plateau du journal de vendredi soir.
Mais samedi matin, lors des journaux et flash d’information, Radio-Réunion a largement diffusé l’appel à manifester contre la Région et contre la mairie de La Possession, mardi à 9 heures. Simple coïncidence ? À la même heure a lieu un événement prévu de longue date.
Car chacun aura remarqué que dans les mêmes journaux, il n’était pas question de la grève et de la manifestation contre le CPE, mardi à 9 heures au Jardin de l’État à Saint-Denis. Alors, RFO et Rolland Lambert unis pour soutenir le gouvernement ?
Mardi à 9 heures, ce membre de la Relève appelle à manifester devant la Région et la mairie de La Possession. Pourtant, il sait que c’est l’État qui est responsable de la Route du littoral, alors pourquoi la manifestation n’a-t-elle pas lieu devant la Préfecture ? RFO aussi le sait et malgré tout persiste à relayer cette manipulation.
Dans quel but RFO orchestre cette manifestation contre la Région ? Qui a décidé cette opération ?


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus